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dimanche 21 septembre 2025

(Pr) Les mésaventures conjugales d’Osée... et celles de Dieu!

15 et 21 septembre 2025 (Jeûne Fédéral)

 

Lectures: Osée 3, 1-5; Deutéronome 24, 1-4; Matthieu 18, 12-14.

 

Il y a quelques années, nous avons préparé, à plusieurs collègues pasteurs, une série de prédications sur le thème du couple et de la famille.

L’un de nous avait amené, tout fier, un passage biblique qu’il considérait comme une excellente base de réflexion sur la question de la fidélité entre mari et femme. C’était ce chapitre 3 du livre d’Osée que nous venons d’entendre. L’histoire des amours tumultueuses du prophète et de son épouse qui le trompe et le quitte pour devenir prostituée (rien que ça!!); bref, une femme pas recommandable du tout!

Mais voilà, l’étude la Bible réserve parfois des surprises: après une analyse fouillée, nous nous sommes aperçus que le sujet de notre chapitre d’Osée, c’était en fait la relation entre Dieu et les humains! L’histoire des amours du prophète n’est qu’un signe, une espèce de parabole des amours (tout aussi tumultueuses) que Dieu vit avec son peuple, Israël. Contrairement aux apparences, le livre d’Osée ne veut pas tellement nous parler de la fidélité dans le couple. Il veut plutôt nous ouvrir à la fidélité invraisemblable de Dieu envers l’humanité. Oui, la fidélité invraisemblable de Dieu envers l’humanité!



Quelques mots sur le contexte historique de notre passage. Nous nous trouvons dans le royaume du Nord d’Israël, dont la capitale est Samarie.     Les institutions politiques y sont instables: sur 18 rois du Nord, 8 vont mourir assassinés! Mais les dirigeants qui se succèdent pensent toujours pouvoir n’en faire qu’à leur tête, ils imaginent assurer la sécurité du pays par leur propre habileté, en changeant sans cesse de politique, en s’alliant avec un pays, puis avec un autre ennemi du premier, puis en changeant encore d’alliance.

À ce jeu-là, ils se mettent tout le monde à dos. En 734 avant JC, l’Assyrie envahit le royaume du Nord presque entièrement. Il ne reste plus que la petite ville de Samarie qui est indépendante. Mais qui continue de se comporter comme si elle était une puissance!

C’est pourquoi Osée réagit. Dans son livre, après les trois chapitres traitant de son mariage, les onze autres chapitres annoncent la catastrophe à venir, soit la destruction de Samarie. Et douze ans plus tard, c’est ce qui arrive, en 722. 

Osée ne dit pas cela pour faire des prédictions (comme on croit parfois), mais pour prophétiser, c’est-à-dire tirer un enseignement théologique de la situation présente et à venir, un enseignement sur Dieu. «C’est trop tard pour réagir, clame-t-il, vous avez manqué le coche en faisant confiance à vos institutions, à votre puissance militaire ou politique. Il n’y a plus qu’une solution: il vous faut revenir au point zéro, à l’état du peuple sans territoire, sans assurance, sans richesse, sans autre sécurité que Dieu, comme c’était le cas au désert, durant l’Exode. Redevenez cette poignée de croyants bien conscients de leur fragilité, qui suivaient Dieu avec confiance.»

Voilà ce qu’Osée clame et réclame: un retour de passion, un retour de coup-de-foudre entre Dieu et Israël. C’est ainsi qu’il utilise l‘histoire de ses déboires conjugaux pour faire comprendre l’ardeur de l’amour de Dieu et l’étendue de sa fidélité. 

La femme d’Osée, nommée Gomer, l’a quitté pour exercer une activité de prostituée, probablement dans le cadre du culte du dieu Ba’al. 

En ce temps-là, il y a un tel mélange de religions que les cultes de Ba’al et du Seigneur sont célébrés ensemble, pêle-mêle. C’est une situation bien plus grave que l’abandon de Dieu pour un culte païen, car on ne peut même plus revenir au vrai Dieu. Son culte est infecté de paganisme et d’idolâtrie.

Alors, que dit Dieu? Il demande à Osée d’aller récupérer sa femme. Aïe aïe aïe, ça ne se fait jamais, car l’Ancien Testament considère cette reprise des relations comme impure. Pire encore, Dieu demande au prophète de payer une nouvelle fois la dot qu’on doit pour une jeune épouse. 

Alors là, franchement, Osée atteint le comble du ridicule! Il devient la risée de ses contemporains pour retrouver sa femme. «Le Seigneur me dit, écrit le prophète: ‘Une fois encore, aime cette femme qui a un amant et vit dans l'adultère. Aime-la comme moi, le Seigneur, j'aime les gens d'Israël, bien qu'ils se tournent vers d'autres dieux et raffolent des gâteaux de raisin.’»

(Ces pâtisseries étaient liées au culte de Ba’al. Précisons que tout rapproche-ment entre ces gâteaux et ceux aux pruneaux, à l’honneur en ce Jeûne Fédéral, est purement fortuite et indépendante de la volonté des auteurs bibliques!)

«Je récupérai donc ma femme pour 15 pièces d'argent et 600 litres d’orge», poursuit Osée. Donc non seulement il reprend sa femme, mais il la rachète.  Et d’après ce que nous savons sur les tarifs de l’époque, il la rachète très cher! 

Voilà l’image que Dieu donne aussi à son peuple. Comme Osée, le Seigneur préfère se couvrir de ridicule plutôt que de nous laisser loin de lui. Il affronte les moqueries et les incompréhensions. Mieux encore, il paie cher, très cher pour nous racheter. Annonce, bien sûr, de la Croix et du salut; d’un Dieu qui nous appelle ses amis, ses enfants, quitte à verser le sang du juste, sous les quolibets.

Osée continue en ces termes: «Et je lui dis: ‘Pendant longtemps tu resteras avec moi, et tu renonceras à pratiquer la prostitution. Tu devras également renoncer à tout rapport sexuel, et moi je ferai de même à ton égard’».

C’est bien à une sorte de jeûne qu’Osée appelle sa femme. Je dirais même: une espèce de cure de désintoxication! Il renonce, pour un temps long, à tout rapport amoureux afin de revenir à la passion, au désir des temps premiers. Dites, si notre Jeûne, ce dimanche, nous aidait ainsi à retrouver le goût de la nourriture et de la solidarité dans la faim?
  

«Ainsi, conclut Osée, le peuple d'Israël restera longtemps privé de roi et de chefs, de sacrifices et de pierres sacrées, privé aussi des objets qui servent à consulter Dieu. Puis plus tard, il reviendra au Seigneur, il se tournera vers lui. Dans l'avenir, il cherchera avec respect la présence de son Dieu et les biens qu'il donne».

Mais ce jeûne est le signe d’une autre privation encore: il indique une vacance  (non pas un lundi de congé, mais une vacance, un vide!). Cette privation annonce que les institutions, qu’Israël considérait comme sa sécurité, vont disparaître. Plus de roi, plus d’armée, plus de culte, plus de sacrifices… pour que le peuple retrouve la soif de Dieu, le manque, le désir du divin.

Cette vacance des institutions permettra peut-être le retour de la flamme, nue, entre Israël et Dieu, comme les privations de Gomer devraient lui faire à nouveau désirer son mari.


 
En conclusion, vous le voyez, cette histoire étonnante nous parle, non pas du mariage, mais du retour à une dépendance totale, absolue de la grâce de Dieu. 

Avez-vous remarqué? c’est lui qui fait tout, ou presque. Comme Gomer, Israël n’a rien à faire, dans ce passage. Juste laisser de la place à l’amour passionné du Seigneur!

Et si nous profitions de ce congé de Jeûne pour vivre une vacance de tout ce qui nous donne sécurité? De tout ce que nous faisons pour nous justifier? Car ce vide, ce dépouillement, ces privations ne sont pas une punition, bien sûr. Dieu ne réprime jamais! Le jeûne, la vacance veulent nous permettre de retrouver l’appétit pour mieux nous préparer à un avenir nouveau.

Dès lors, ne tirons pas trop vite des parallèles politiques pas plus que conjugaux. Une Suisse sans armée? sans Conseil Fédéral? sans 
Églises, sans cultes? Non, c’est notre relation à Dieu qui est visée.

Si comme 
Église nous passons par un temps de faiblesse, en argent et en nombre, est-ce que ça pourrait être une chance à saisir? Une occasion de re-départ? L'Église, chez nous, commence à se dépouiller d’une mentalité de puissance, d’un rêve d’institution reconnue et respectée par la majorité. Puissions-nous vraiment retourner à une Église consciente de ses faiblesses, qui comme Israël au temps d’Osée placerait sa confiance en Dieu seul.

Que notre Jeûne Fédéral, cette année, ne soit pas seulement occasion de rendre grâces; ni évidemment de nous culpabiliser (Dieu ne veut pas cela!Dans notre histoire, l’humilié, c’est Osée, qui représente symboliquement Dieu. Oui, l’humilié, c’est Dieu! Il ne nous demande même pas ici de nous rabaisser, de nous repentir: c’est lui qui le fait).

Israël pensait que son bien-être, ses richesses - modestes - lui venaient du culte de Ba’al. La seule chose à laquelle ce chapitre d’Osée nous appelle, c’est donc de reconnaître Dieu à l’
œuvre  - dans notre sécurité et même dans les bouleversements de notre vie. Dans les désastres conjugaux à la Gomer, ou dans les écrasements militaires comme Israël. Voire dans les remaniements de nos Églises, qui doivent bien faire avec les petites forces qui leur restent. Reconnaître Dieu, et donc être vraiment reconnaissants.
Amen


Jean-Jacques Corbaz 


 

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