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dimanche 24 février 2013

(Pr) le bonheur selon Luc

Prédication du 24.2.2013

Lectures bibliques:  Luc 6, 20-26, 1 Corinthiens 2, 1-4, Psaume 121

Autant vous le dire tout de suite: j’ai raté ma vie! Triste nouvelle! À 62 ans passés, hélas, j’ai raté ma vie!

C’est d’autant plus rageant que, jusqu’à tout récemment, je ne le savais pas! Ce n’est qu’il y a quelques mois que je m’en suis aperçu; en lisant le journal!

Ça m’a fait un coup, vous imaginez!

Comment je m’en suis rendu compte? Eh bien, en lisant une affirmation de Jacques Séguéla, personnage incontournable de la publicité française. M. Séguéla m’apprend qu’à 50 ans, tout le monde a une montre de luxe (celle dont il parle vaut dans les 4500 euros!)... Et il ajoute: “Si on n’en a pas une à 50 ans, c’est qu’on a raté sa vie”.

Et voilà comment j’ai découvert, abruptement, que j’avais passé à côté de l’essentiel de l’existence! Hem!

Bon, je me suis consolé (si j’ose dire!) en pensant que je n’étais sûrement pas le seul. Et que beaucoup de mes paroissiens, comme moi, n’avaient pas les moyens de s’offrir un joujou-caillou-bijou aussi coûteux! ... Sans parler des affamés des Tiers et Quart Monde! Re-hem!!
                                                 *                    *
Voilà! Ces réflexions nous posent une nouvelle fois, vous le voyez, l’immense question des valeurs; des priorités dans la vie.

Jacques Séguéla a son critère pour la réussite. Et vous? Quel est le vôtre?

Je vous laisse quelques instants pour y réfléchir...
                                                 *                        *

L’évangile de Luc, lui aussi, a son idée. Il l’exprime dans ses béatitudes, qui sont moins connues que celles de Matthieu (moins connues sans doute parce qu’elles sont un peu plus profilées, voire agressives; moins douces et lisses!).

Le bonheur, dit Luc, ne vient pas des richesses; ni de tout ce qui pourrait nous rassasier; ni de ce qui nous fait plaisir! Non, le bonheur, il est dans un manque. Dans un creux; une faille.

Avoir faim... pleurer... être rejetés, voire insultés! Oulà, il y va fort, l’ami Luc!!

Alors, bien sûr, il nous faudra éviter un premier gros écueil: celui du masochisme. Car Luc ne nous invite en aucun cas à rechercher la misère... le chagrin... les moqueries et les persécutions. Pas du tout! Ils ont fait beaucoup de mal au christianisme, ces gens bien intentionnés qui pensaient que, plus ils souffraient ici-bas, plus ils seraient heureux dans l’au-delà!

Le message de Luc est bien différent: il prône en fait un renversement des valeurs; comme il l’exprimait déjà, dans son premier chapitre, par le cantique de Marie (“il a jeté les puissants en bas de leur trône, il a renvoyé les riches les mains vides, il a mis en déroute les orgueilleux...”), le cantique de Marie, qui ne figure que dans l’évangile selon Luc (ce qui indique qu’il s’agit d’une situation particulière, ou d’une insistance spéciale de l’auteur.

Un renversement des valeurs, ou un changement de regard, à l’image de ceux auxquels nous invitent chaque année les campagnes de Carême. Les croyants sont appelés à considérer les autres à l’envers des priorités humaines: en général, on admire les plus riches, on félicite les plus glorieux... on donne crédit aux puissants... on vole au secours de la victoire (hum!!).

À l’époque de Jésus, c’était comme ça! Et aujourd’hui... Est-ce mieux? Après 2000 ans de christianisme, est-ce que nous nous laissons davantage guider par les valeurs spirituelles? ... Je vous laisse en juger!
                                                      *                    *
Changer de regard sur les hauts et les bas de l’existence humaine, ce n’est pas de l’opium du peuple, ni une consolation à bon marché! Non. C’est: dire que l’essentiel, il est ailleurs que dans les richesses terrestres. Il est dans un amour, donné en Christ. Il est dans un salut, immérité, accordé à chacun(e), sans restrictions! Il est dans une présence, dans une amitié, une tendresse offertes... Que je ne peux (et c’est là la pierre de touche) que je ne peux recevoir que si je suis en manque... que si j’ouvre les mains pour l’accueillir... que si j’attends du secours. Comme l’auteur du psaume.


Car, si je suis rassasié des biens de ce monde, comment pourrais-je avoir envie des trésors de l’évangile? Si je me suffis à moi-même, après quoi pourrais-je soupirer de toutes mes forces? Si je n’ai peur de rien, si je ne me sens pas fragile, quelle promesse d’En-Haut me sera nécessaire, et vitale?

Mais attention au second écueil: ne déduisons pas de ce qui précède que les riches sont automatiquement loin de Dieu, voire condamnés à perdre leurs biens pour trouver le Christ. Car on peut posséder des millions, et quand même se sentir pauvre de l’essentiel, et donc s’ouvrir à Dieu! On peut avoir largement de quoi manger, et connaître le manque, les creux, les failles dont nous parlions. Ce n’est pas une question de compte en banque; c’est, encore une fois, affaire de priorités!

                                                              *                    *

Ce Carême nous est ainsi offert, j’ai envie de dire: pour creuser nos manques. Pour aiguiser nos soifs de l’essentiel. Pour ne pas colmater nos creux, nos déchirures; mais pour les habiter, et y découvrir ainsi le Christ, qui s’y trouve depuis toujours! Notre trésor!

Dans nos failles, oui, dans nos déchirures, il est infiniment proche de nous. C’est le message de sa Passion, de son Carême. Lorsque nous nous sentons fragiles comme du papier, il vient nous donner l’empreinte de son amour solidaire.

(je déchire un grand papier qui, une fois déplié, forme  une croix)

Dans nos failles, dans nos déchirures, Christ est là! Tout près! Sa croix en est le signe fort! Il est là, notre trésor!

Pendant ce temps du Carême, de la Passion du Christ, j’ai envie de vous inviter à un effort particulier. Seriez-vous d’accord de faire un essai? Non pas prendre le sac et la cendre et vous rabaisser, bien sûr; mais plutôt vous alléger! Elaguer dans votre vie ce qui pourrait vous éloigner des appels de l’évangile. Faire des choix, pour permettre au crucifié d’être plus près de vous. Peut-être acheter moins, et vivre plus proche des autres. Laisser davantage de place à nos richesses humaines: tendresse; patience; accueil; sourire, et paix. Méditation, prière...

D’accord? Allez, je vous fais un prix: un fabuleux bonheur du Bon Dieu, à l’essai jusqu’à Pâques!? Bien sûr, c’est gratuit! Amen

Jean-Jacques Corbaz

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