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dimanche 23 juin 2013

narration sur Jean 4: "histoire d'eau"

Lectures bibliques: Jean 4, 1-26, Ezechiel 36, 24-27



Il faisait chaud, ce matin-là. Chaud et sec. Mais l’oasis était fraîche, comme une porte ouverte sur le ciel. L’eau du puits murmurait sa fragile musique, si ténue qu’il faut être vieux et sourd comme moi pour l’entendre... Je crois même que, parfois, des oiseaux chantaient. Ça sentait les feuilles de figuier et l’été.

J’étais venu au puits de Jacob pour boire, mais surtout pour méditer et rêvasser tranquille, loin du village. J’aime le calme de cet endroit, sa douceur apaisante. Il m’arrive même de me dire que Dieu y est plus proche que dans l’agitation des sacrifices... Savez-vous que ce puits de Jacob est le tout premier lieu de culte de nos ancêtres d’Israël, sur la Terre Promise? Oui, c’est un endroit chargé de présence divine!

Bref, je me sentais infiniment bien, couché derrière les buissons, près de Dieu. L’herbe était douce contre ma peau... J’avais envie de prier: “Seigneur, je voudrais pouvoir mourir ainsi, calmement; doucement; te rendre mon dernier souffle sans hâte, comme la rosée s’évapore au soleil du matin...”

Mais! Des voix! Tout-à-coup, des voix, des voyageurs! Mon calme et ma prière s’envolent! Pas de chance, j’étais si bien!

Caché derrière mon figuier, j’observe les nouveaux-venus. Qui sont-ils? Commerçants? pèlerins? brigands? Rien que des hommes, en tout cas. Méfiance!

Ils puisent l’eau à l’aide d’une vieille peau de chèvre que le plus petit porte en bandoulière. Ils ont soif, on voit qu’ils ont beaucoup marché! Vivement qu’ils reprennent leur route!

Tout en buvant, ils parlent assez fort. Je comprends à leurs allusions qu’ils sont... juifs!?! Oups!! Heureusement que je ne leur ai pas adressé la parole! On nous a toujours expliqué que nous, les Samaritains, ne devons rien avoir à faire avec ces gens de Judée, qui nous méprisent et qui nous traitent comme des primitifs. Alors que nous sommes descendants d’Israël, autant qu’eux!

Tout ça parce qu’il y a longtemps, au retour de l’Exil à Babylone, nous n’avons pas chassé les Palestiniens, qui occupaient nos terres. Nous nous sommes pacifiquement mélangés avec eux. Dites, Dieu n’était-il pas content de voir des hommes se réconcilier?

Alors voilà: depuis cette époque, les Samaritains n’ont plus de contacts avec les juifs (hem... Sauf pour les détrousser, rigole mon cousin Kouchtar!!)... Brèfle, ceux-là... je reste à distance.

Ils n’ont pourtant pas l’air si menaçants, ces gaillards. Peut-être un peu illuminés... Je les entends discuter de l’eau, qui est un signe, qu’ils disent, un signe de Dieu. Et puis ils parlent de souffle, de respiration du Seigneur (je ne comprends pas bien), toujours en se montrant la source, vive, qui murmure sa chanson si frêle à mes oreilles.

Bon, voilà qu’ils s’en vont. Non, tiens, y en a un qui est resté. T’égal, dans le fond; tout seul, il ne va pas m’empêcher de jouir du calme de ce puits...

                                        *                      *

Mais zut! Pas de chance! À peine j’ai repris mes rêveries qu’un nouveau pas se fait entendre. Mais cette oasis est plus fréquentée que la couche d’une courtisane un soir de bamboula!!

Eh ben, à propos de courtisane, devinez qui arrive: c’est la femme de Shefdegar! Celle qui ne sait pas dire non aux hommes... Celle dont ils profitent sans aucune gêne! 


Elle s’avance pour puiser de l’eau... Mais? Le juif... lui parle?! Non, mais quel culot! Encore un bélier en rut! Aussi dragueur que son ancêtre David, celui-là!

Ah non, faites excuse, c’était pas ce que j’avais pensé. Ou alors, il tourne longtemps autour de la cruche, ce gars! Il demande de l’eau. Ah? de l’eau? Alors qu’il vient de boire?

Et elle? Mmmhh, elle hésite. Elle commence à piger que c’est un type de Juda. Ils parlent d’eau, le juif et Emmanuelle. Il recommence, comme tout à l’heure son histoire d’eau: le souffle, l’esprit divin...

Evidemment, elle, elle ne comprend pas qu’il s’agit de religion. Elle prend tout au premier degré, au début. Il doit expliquer, expliquer encore. Et moi, du coup, je commence à y voir un peu plus clair. Il dit: l’eau est un don du ciel, c’est un signe que Dieu nous purifie et nous aime; un signe que Dieu nous lave, pour nous permettre de commencer, à neuf, une vie différente, meilleure! Voilà: c’est le souffle, c’est la vie que Dieu veut mettre en nous, pour transformer le monde!

Emmanuelle, bien sûr, elle ne suit pas bien. Tiens, il parle des cinq maris, maintenant. Et elle, plein gaz, elle croit qu’il allusionne sur sa vie de tralala, tous ses jules, ses “fiancés”...

Encore une fois, méprise, méprise! Si elle n’était pas aussi... euh... “culpabilisée”, elle saisirait que, quand un juif parle des cinq maris, il pense aux cinq dieux qu’on adorait en Samarie! Ouais, cinq maris - Samarie, c’est un vieux gag pourri de Galilée (d’accord, c’est pas terrible, mais San Antonio n’est pas encore né!).

Ah, cette fois, elle a compris! Elle pose des questions sur le culte, sur “croire en Dieu”. Il explique encore. Oh, c’est difficile. Je ne suis plus très bien, moi non plus.

Mais quand il dit qu’on peut adorer Dieu partout, ça, je saisis! Et que l’oasis est une porte ouverte sur le ciel, ça, ça m’emballe!

L’eau, signe du ciel... Non, attends: l’eau, signe d’un souffle que Dieu nous donne. Signe d’un souffle que Dieu nous donne si nous lui donnons notre premier pas... Et ce souffle, il nous transforme; il nous permet de vivre, vraiment; pleinement, intensément!

Et: partout, même ici!

Mmh, il y a quelque chose, là, que je dois creuser. Il faudrait que j’aille vers ce juif pour lui demander de me réexpliquer.

Tiens, c’est drôle!? J’ai encore envie de vivre, soudain, pour découvrir tout ça; pour changer ma vie.


                                        *                      *

Il fait superbe, ce jour-là. L’oasis est fraîche à danser! L’eau du puits de Jacob fredonne sa petite chanson... et: c’est comme une porte ouverte sur le ciel!

Mmm, mmm mmm, mmm mmm mmm mmm (fredonne la mélodie de “l’eau vive”)
Amen
                                                                                    Jean-Jacques Corbaz

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