Pour vous y retrouver

Bonjour! Bienvenue sur ces pages, que j'ai plaisir à ouvrir pour vous!
Vous trouverez sur ce blog différentes sortes de contributions:
- annonce (An),
- billet (Bi),
- citation (Ci),
- confession de foi (CF),
- conte (Co),
- formation d'adultes (FA),
- humour (Hu),
- image (Im),
- liturgie (Li),
- poésie (Po),
- prédication (Pr),
- réflexion (Ré),
- sciences bibliques (SB),
- vulgarisation (Vu).
Bonne balade entre les mots!

Ces œuvres sont mises à disposition selon les termes de la Licence Creative Commons Attribution - Partage dans les Mêmes Conditions 3.0 non transposé.

Ce blog fait partie d'un réseau de sites réformés "réseau-protestant.ch" qui vise à coordonner et rendre visibles et lisibles les publications web de la galaxie du protestantisme de Suisse romande. Voir sur ce blog la page https://textesdejjcorbaz.blogspot.com/p/blog-page.html>.

dimanche 13 septembre 2015

(Pr, Co) Comme Syrien n'avait changé... Narration du 13.9.15

Narration du 13.9.15  -  « L’aveugle de Damas » 
 
Lecture biblique: Esaïe 42, 5-12 + 14-16

A Damas, le Grand Boulevard est au centre-ville. C’est l’avenue chic de la capitale. On y voit les boutiques les mieux garnies, les restaurants les plus huppés, les hôtels 5 étoiles... les meilleurs magasins... les banques...

C’est là que mon ami Daniel se trouvait, l’autre jour. Il y a observé une scène étrange, devant la boutique “Aux trésors d’Orient” (vous savez, les bijoux, les foulards, les parfums exotiques!).
 


En face de Daniel, un groupe étonnant est arrivé: une dizaine d’hommes armés jusqu’aux dents, à pied, qui portaient, ou plutôt qui soutenaient, guidaient quelqu’un qui semblait être leur chef. Ce drôle de gaillard tâtonnait; visiblement, il était aveugle. Et pas depuis bien longtemps, il avait l’air tout désemparé. Le visage hagard, les habits pleins de terre... Etrange équipage!

Le groupe est entré dans la boutique juste devant Daniel, qui allait acheter un cadeau pour sa fiancée. C’est Lévy, le propriétaire, qui était au comptoir. Un dur en affaires, celui-là. Bref! Il a levé un regard méfiant sur ces hommes en piteux état: “Messieurs? Vous désirez?”

- Shalom! ils ont dit. Salut! Nous sommes de la même religion que toi, Lévy. Pourrais-tu nous loger quelques jours, selon la tradition d’Israël? Notre chef, Saoul, que voici, a été victime d’une étrange aventure, sur la route, pas très loin! Il est tombé, sans s’être encoublé pourtant. On l’a entendu discuter, comme s’il parlait avec Dieu, béni soit son saint nom. Et puis, quand il s’est relevé, il était aveugle. Il nous a dit: “J’ai vu le Seigneur!” - puis il s’est plongé dans un état bizarre; il est comme une poupée de son. Alors, nous l’avons conduit jusqu’ici. Il a besoin de quelques jours de repos, avant de repartir. Peux-tu nous aider, Lévy, au nom du Seigneur d’Israël?
 


Le patron de la boutique n’avait pas l’air enchanté. Son regard restait scotché sur l’espèce de vagabond crotté que ces hommes soutenaient. Visiblement, Lévy était partagé entre deux sentiments: d’une part la fidélité à la tradition juive, c’est-à-dire loger des coreligionnaires de passage; et d’autre part le souci que ces gaillards poussiéreux ne salissent son magasin chic et ne ternissent sa réputation. Mais un mot lui a fait dresser l’oreille: “Saoul? Le pharisien zélé qui combat la secte du Christ? C’est lui?”

- Bien sûr, il n’a pas l’air très vaillant, aujourd’hui, ont dit les autres. Mais c’est lui. LE célèbre Saoul! Et c’est pour ça que nous sommes si fortement armés: nous venions à Damas pourchasser quelques sectaires disciples de Jésus.

Les yeux de Lévy s’arrondirent. (“Tout compte fait, cela pourrait attirer du monde chez moi, un homme si connu! Et si utile à notre religion!”) - “Bien, entrez, mes amis, installez-vous! Que votre chef se repose tant qu’il voudra!”

Daniel est ressorti, son cadeau sous le bras. Mais vous savez comme il est bavard: deux heures plus tard, toute la ville était au courant de l’histoire. Les curieux ont afflué chez Lévy. Mais c’est surtout la brigade anti-terroriste qui s’est manifestée. Les autorités voulaient savoir s’il y avait du danger... Hélas, Saoul n’a rien dit. Ou presque. Il ne faisait que répéter: “J’ai vu le Seigneur, Jésus, qu’on a crucifié à Jérusalem. Il est vivant! Il me pardonne! Il m’aime, malgré tout le mal que je lui ai fait!”
 

Du coup, ses compagnons de route étaient très embarrassés, vous imaginez! Ils ont attendu trois jours: aucune amélioration! Saoul refusait toute nourriture.

Alors, un homme s’est présenté chez Lévy: Ananias. Un bon juif, mais qui aurait, paraît-il, de grandes sympathies avec la secte de Jésus. Plus que ça, même. Bref, Ananias est venu, paraît-il sur l’ordre de Dieu; il a posé les mains sur Saoul, et voilà que notre gaillard a été guéri aussitôt. Fantastique! L’oeuvre du Seigneur, disait-il. Oui, mais: du Seigneur Jésus! Ouyouyouille, le foin que ça a fait, dans toute la ville et ses synagogues! Saoul répétait, dix fois plus fort qu’avant: “J’ai vu le Seigneur, Jésus, qu’on a crucifié. Il est vivant! Il me pardonne! Il m’aime, malgré tout le mal que je lui ai fait!”

Du coup, la ville était divisée en deux, ça se voyait jusque dans le courrier des lecteurs de la Tribune de Damas! Il y avait les juifs, qui criaient au scandale, qui traitaient Saoul de traître, avec toutes sortes de noms d’oiseaux de poubelle! Les plus excités offraient de l’argent pour le tuer, ils parlaient de fatwa, je crois, un nom bizarre, comme ça!

Et puis, il y avait les autres: surtout des païens, Syriens de souche; et quelques juifs rattachés à la secte du Christ. Ceux-là parlaient d’amour, de lumière intense, de présence de Dieu. Ils disaient que Saoul avait repassé par le chemin de Jésus: vous savez, trois jours sous la terre, et puis, on a dit que Dieu l’avait... ressuscité; oui, ramené à la vie! Vous croyez que c’est possible?
 

Moi... je ne sais plus, maintenant. Et si Saoul avait raison? Si c’était réellement ce Jésus, vivant, qu’il avait vu?

Pourquoi je me pose la question? C’est vrai, je ne vous l’ai pas encore dit. Depuis qu’il a retrouvé la vue, Saoul parle, parle, comme s’il voulait rattraper ces trois jours de silence... ou ces trente ans d’obéissance à la loi des pharisiens? Il fait des discours puissants, étonnants. Il dit:
“J’étais aveugle, pendant trente ans, j’étais aveugle, je me suis trompé! Je croyais qu’on pouvait imposer la vérité de Dieu par la force, par les persécutions, ou les menaces... Je croyais surtout que je pouvais me rendre juste moi-même, en obéissant à la loi de Moïse. Et tout à coup, sur le chemin de Damas, j’ai rencontré une personne qui n’est faite que d’amour et de pardon. Ce n’était plus des connaissances, ce n’était plus des règles, des commandements, ce n’était plus une religion... c’était la relation avec une personne. Avec un Dieu qui n’est que bonté et lumière; et qui veut nous habiter de sa tendresse; et qui veut vivre en nous.

Saoul ajoute: “Je me suis fait baptiser pour le laisser diriger ma vie. Dorénavant, je sais que je n’ai plus peur de mériter ou de ne pas mériter d’être sauvé. Son amour est infiniment plus grand que tout ce qui pourrait m’éloigner de lui. Son amour est infiniment plus grand aussi que tout ce qui pourrait m’éloigner des autres. Devant cette présence incroyable, les belles et grandes idées tombent par terre, comme je suis tombé là-bas, sur la route. La religion, ce n’est plus des choses à faire ou à ne pas faire; c’est une amitié, d’une puissance fabuleuse, passionnée, qui est pour vous, aussi!”
 

Voilà. Je vous ai tout raconté de cette étrange histoire de Saoul. Si vous venez chez moi, à Damas, je vous montrerai le Grand Boulevard, et la boutique de Lévy, “Aux trésors d’Orient”. Et peut-être, je vous emmènerai dans une communauté de disciples de Jésus. Ils sont étonnants... Je n’arrive pas encore à me décider: me faire, moi aussi, baptiser? J’ai comme le pressentiment que ça peut m’emmener loin. Trop loin?

Amen

                             Jean-Jacques Corbaz



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire