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dimanche 27 septembre 2015

(Pr) Dialogue, attention: fragile! - Prédication du 27 septembre

Lectures:  Galates 2, 11-14; Psaume 51, 3-4 + 8-14; Jean 13, 1-9


Dialogue, attention: fragile! À manier avec prudence, ça se casse!

On le sait, le dialogue n’est pas simple. En particulier le dialogue avec des personnes différentes. Celles qui n’ont pas les mêmes idées que moi, pas les mêmes valeurs. Celles qui viennent d’un autre pays; qui appartiennent à une autre culture; à d’autres traditions; d’autres religions...

Le dialogue n’a jamais été facile. C’est déjà ce qu’ont vécu Pierre et Paul, au temps des grands débats sur les païens, dans les premières années de l’Eglise. Et on voit Pierre qui se fait “savonner les oreilles” par son impétueux compagnon, fondateur du christianisme. Ils avaient manqué de transparence. Pas assez communiqué, dirait-on en 2015. Alors, tout à coup, c’est l’explosion de colère!

Le dialogue n’a jamais été facile. Mais aujourd’hui, il est spécialement semé d’embûches. Parce que nous vivons dans une société de plus en plus imprégnée de peurs; de méfiance; de repli.

L’ouverture très brusque de chaque recoin de pays à la planète entière (ce qu’on nomme la mondialisation) éveille beaucoup de craintes: on a peur de perdre ses propres biens, on a peur de perdre la sécurité dont on jouit. On se méfie de l’autre, qu’on ne connaît pas. On est tout de suite sur la défensive. Difficile dans ces conditions de pouvoir se rencontrer vraiment, et avec respect.

Il semble que notre (relative) prospérité nous rende plus fragiles, plus inquiets de la perdre. C’est un peu la fable du savetier et du financier de La Fontaine. Le savetier, pauvre, chante du matin au soir, tandis que son voisin est paralysé par l’angoisse de perdre. Jusqu’au jour où le cordonnier devient riche. À partir de ce moment, il cesse de chanter et d’être heureux...

Aujourd’hui, le dialogue est plus difficile que jamais. Car la notion économique de concurrence a pénétré jusque dans nos sphères privées. Si bien que le prochain est perçu de plus en plus comme un concurrent...
 


Pire encore: l’individualisme de notre temps nous a fait sortir des rapports sociaux anciens, eux qui nous donnaient un sentiment de sécurité. La famille élargie; le village, la commune; les sociétés locales... la paroisse même: tous ces réseaux humains s’éloignent et s’estompent, ou bien s’étiolent; et ils nous enlèvent du coup des protections vitales, et des solidarités essentielles.

Nous nous sentons plus fragiles, et donc, par conséquent, nous avons davantage de peine à aider les autres. À nous soucier de leur bien-être.

Alors, nous essayons de nous protéger, par des assurances. Par des normes légales, qu’on multiplie. Par des substituts de famille ou d’équipe, qui parfois nous donnent l’illusion d’une sécurité...euh, éphémère!

Cette tendance au repli ne nous aidera pas, nous le sentons confusément. Au contraire, elle va nous pousser toujours plus dans le sens de la solitude et de la méfiance.

Ce que nous dit l’évangile, face à ces dérives modernes, c’est: Courage! Résiste! Et dialogue!

Courage! Résiste! Et dialogue! Car tu n’es pas seul. Christ est toujours là pour te rapprocher des autres (pour les faire tes prochains!). Lui, Jésus, quand ses disciples ont peur, quand ils n’osent plus communiquer, lorsqu’ils sont tentés par le repli, la trahison ou le reniement, que fait-il? Il ne leur savonne pas les oreilles, non: il leur lave les pieds! “T’inquiète pas, tu comprendras plus tard!”

Dialoguer, c’est accepter de faire le premier pas parce que Jésus l’a déjà fait, pour moi. C’est ouvrir ses oreilles, et son coeur, sans attendre que l’autre s’intéresse à moi. Comme Jésus, qui a pris l’initiative, avec nous! Avec toi!

Dialoguer, ce n’est pas demander à l’autre d’être fraternel; non: c’est vivre la fraternité avant d’en parler, et c’est toujours recommencer, quand elle est difficile à vivre (ce qui arrive souvent, que le dialogue se bute ou s’enlise dans les conflits). Toujours recommencer, car c’est ainsi que Jésus agit pour nous, et mille fois plus encore!

Dialoguer, c’est considérer l’autre comme égal à moi-même. Si Dieu fait briller son soleil sur les bons comme sur les méchants, c’est qu’il nous appelle à poser, nous aussi, un regard sur autrui dépourvu de discrimination ou d’exclusion.

Dialoguer, c’est commencer à reconnaître Dieu dans la personne que je rencontre. Et c’est donc, du coup, commencer à me connaître moi-même. À me connaître, et à me re-connaître comme aimé de Dieu, d’un amour brûlant, infini; d’une passion que même la mort n’arrêtera pas!
 


Je termine là cette première partie de prédication. Car il est temps de passer à la pratique!

Rassurez-vous, je ne vais pas vous faire dialoguer ici, au cours de ce culte! Je ne vais pas non plus vous inviter à vous laver les pieds les uns des autres (j’entends quelques “ouf” dans la nef!!). Non, je vous propose plutôt de découvrir comment certains dialogues, fragiles, ont pu s’épanouir, et porter des fruits. Ou tout au moins commencer à ouvrir à une authentique fraternité.


1° D’abord, le MCDA. Je vous ai déjà parlé de cette association, qui organise chaque année un tournoi de foot amical. MCDA, ça veut dire “Musulmans et Chrétiens pour le Dialogue et l’Amitié”. Beau programme, qui dit bien l’essentiel: se rencontrer, cultiver des relations fraternelles, plutôt que de porter les uns sur les autres des jugements préconçus. Notre Eglise encourage fortement ce genre d’actions, qui font du bien à toutes les parties. Car les musulmans, eux aussi, ont parfois des préjugés sur nous, bien entendu!


2° Le dialogue fraternel et empreint de respect, c’est aussi ce qui anime la Maison de l’Arzilier, à Lausanne. Un espace dédié à la rencontre et aux échanges interreligieux; donc avec les autres  formes de spiritualité, les autres religions. Merci de prêter attention aux manifestations que la Maison de l’Arzilier organise, et de lui faire de la publicité! C’est à travers de telles initiatives que la paix du Christ grandit, dans notre pays, et sur notre terre.

3° Le dialogue que l’évangile encourage ne concerne pas seulement les relations avec d’autres religions. Dieu nous invite à nous rapprocher également des personnes qui vivent près de chez nous, qui pensent presque comme nous; mais qui ont besoin de signes d’amitié. Vous le savez. C’est ce que veulent promouvoir les réseaux que met en place “Villages solidaires”, organisme qui réunit “Pro Senectute”, les communes et les paroisses.

“Villages solidaires” organise un café-rencontre ouvert à tous chaque mercredi de 10h à 11h à la Maison des Terroirs (à Grandson). Ainsi que le “Réseau Coucou”, qui met en relation des personnes isolées avec des bénévoles. Quant à notre paroisse, nous organisons l’”Accueil des Tuileries” le premier samedi du mois à la salle de la chapelle des Tuileries, entre 9h30 et 11h30: rencontres intergénérationnelles entre personnes âgées et enfants, chacun faisant du bien aux autres par sa seule présence!

4° Enfin, mon invitation au dialogue implique, vous vous en doutez, la prière communautaire que nous allons vivre tout à l’heure, en conclusion de la cène. Chacun(e) est encouragé(e) à rédiger une ou deux phrases de prière sur le billet que vous avez reçu à l’entrée. Si vous êtes d’accord de partager cette demande ou cette louange, merci de prendre avec vous votre billet. Ou bien vous le lisez vous-même pendant le temps qui sera réservé à cela, et que j’indiquerai. Ou bien vous le déposez sur la table de communion; dans ce cas, votre texte sera lu par le pasteur ou par la marguillière. Ou bien encore vous le gardez pour vous, et pour Dieu, qui lit dans les coeurs... et même dans les poches fermées!

 


Dialogue, attention: fragile! Mais si important, pourtant. Que l’Esprit du Christ nous soutienne sur de tels chemins de vérité. Et qu’il nous encourage à soutenir ces efforts, au Proche-Orient et ici, et partout. Courage! Résiste! Et dialogue!

Amen                                          

Jean-Jacques Corbaz






 

(après l’interlude):

J’aime beaucoup le journaliste Pierre Foglia, qui écrit dans le quotidien “La Presse” de Montréal. Ecoutez un de ses billets, sur le racisme. Ça date de 1988, l’Albanie a changé, mais pour moi l’essentiel n’a pas une ride.

Un titre dans “La Presse” l’autre jour: “Les Italiens deviennent-ils racistes?” Même jour, autre page, autre titre: “Montréal est une ville où règne la ségrégation ethnique et raciale”.

Cela ressemble à un concours. Les Italiens moins que les Québecois. Les Américains, c’est épouvantable. Et gnagnagna.

Et les Papous, hein, les Papous d’après vous? Eh bien mon vieux, racistes jusqu’au trognon les Papous, si vous voulez savoir. Comme nous, comme les Italiens, comme tout le monde.

Le degré de racisme d’un peuple? Il est le même partout. Sauf qu’il se multiplie par le taux de chômage et le taux d’immigrants dans le pays. C’est facile.

Le pays le moins raciste au monde actuellement c’est l’Albanie. Chômage: zéro. Immigration: six. Il s’agit de six Chinois venus suivre un stage de planche à voile en 1962 et gardés depuis en résidence surveillée...

Résultat? Les Albanais sont les gens les moins racistes de la terre. Ils aiment tout le monde, à part peut-être les Chinois qui font de la planche à voile. Ils aiment les Tamouls, les Turcs, les Italiens, les Juifs, les Noirs, tout le monde, vous dis-je; pour autant bien sûr que ce monde-là fasse l’effort d’être staliniste et ne prétende pas entrer en Albanie.

Est-il autre chose que vous vouliez savoir sur le racisme?

Pierre Foglia








 

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