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dimanche 31 janvier 2016

(Pr) Drôle d’oiseau... - Prédication du 31 janvier





Lectures:  1 Corinthiens 9, 16-23; Luc 4, 14-21

 
Dans un journal d’Echange et Mission, j’ai lu ces réflexions intéressantes qui émanent d’un paysan des Philippines, et qui s’adressent aux citadins et aux Occidentaux:

“Il faut d’abord bien vous rendre compte que nous vivons dans deux mondes différents. C’est comme si vous, les gens de la ville, vous viviez dans le monde des oiseaux, tandis que nous, nous vivons dans le monde des poissons.

Quand les oiseaux se déplacent, ils vont vite. Ils volent. Au contraire, les poissons vont plus lentement. Ils nagent.

Il arrive parfois que des oiseaux veulent nous faire du bien et nous crient: “Monsieur le poisson, avance comme moi, c’est le progrès! Imite-moi, tu iras plus vite”. Mais nous les poissons, nous ne pouvons bien sûr pas les suivre, dans cette mer qui nous freine, formée de taux d’emprunts trop élevés, d’accords commerciaux injustes, de mentalités et de traditions qui nous bloquent... Pourtant, les oiseaux continuent de nous faire la leçon d’en haut, avec leurs projets pensés chez eux et leurs programmes adaptés à leur manière de voir...

Il arrive qu’à la fin, les oiseaux perdent patience et qu’ils nous rabrouent vertement: “Eh bien, vous les poissons, vous n’avancez pas. Vous êtes toujours pauvres et malheureux; c’est que vous êtes paresseux. De plus, vous êtes superstitieux, et vous vous opposez à tout changement”.

Très peu de gens instruits arrivent jusque dans notre monde pour y voir avec nos yeux la réalité des problèmes et des espoirs. Même les coopérants honnêtes ne peuvent pas nous comprendre. Leurs opinions favorisent les gros propriétaires. Ils amènent un tas d’arguments en faveur de la perspective des oiseaux. Il leur arrive même de dire que l’angle visuel des poissons est étroit. Alors que nous, nous avons le sentiment que l’angle visuel des poissons est le plus large qui soit, puisque c’est le nôtre, et celui de l’immense majorité des gens chez nous!

Pire, beaucoup d’oiseaux volent tellement haut qu’ils ne peuvent même pas voir les poissons. La seule chose qu’ils voient, ce sont les grandes ombres de leurs ailes, et comme ils se sentent bien portés en l’air.


 
À plusieurs d’entre nous, conclut ce paysan des Philippines, cela donne l’impression que ces gens veulent être plus intelligents que Dieu. Seulement lui, il n’a pas considéré qu’il devait tenir sa place en haut, et sa divinité. Il s’est même abaissé, comme dit la Bible, il est entré pleinement dans notre monde, il est devenu l’un des nôtres, il a adopté nos points de vue et notre langage. Et après seulement, il a essayé de nous transformer.”
(fin de citation)

J’ai apprécié ces réflexions. D’abord, parce qu’elles rejoignent celles de plusieurs catéchumènes, qui me disent que Jésus Christ est un drôle d’oiseau!

Et plus sérieusement, parce que ce paysan des Philippines met le doigt sur la manière dont nous vivons nos différences; ce qui peut nous faire vivre des relations agréables ou, au contraire, un enfer!

Ces réflexions peuvent s’appliquer aux rapports entre personnes de pays différents, et surtout entre Occidentaux et ressortissants des Tiers Mondes. Elles peuvent s’appliquer aussi aux relations dans le couple; la famille; entre adultes et enfants; entre jeunes et personnes âgées... Entre citadins et campagnards; ou entre voisins peu tolérants; entre handicapés et bien-portants...

On le sait aujourd’hui: la mission traditionnelle a souvent dérapé dans les travers dénoncés par ce paysan philippin. Elle a souvent voulu transformer l’autre pour qu’il devienne comme nous - ce qui est bien sûr impossible; et qui mène à des impasses.

Depuis quelques dizaines d’années, on a donc corrigé le tir: les Eglises d’Occident ont cessé d’aller dire “la vérité” là-bas. Elles ont, au contraire, établi avec leurs soeurs d’Outre-Mer des relations de partenaires. De partenaires adultes, égaux et qui se respectent. C’est dans ce cadre qu’a été créée la CEVAA, (acronyme de Communauté Evangélique d’Action Apostolique, c’est-à-dire de mission), aujourd’hui Communauté d’Eglises en Mission, qui rassemble des Eglises d’Europe et des Tiers Mondes.

C’est dans ce cadre aussi que j’ai eu la chance d’aller passer une année de mes études en Afrique, au Cameroun. J’ai été le bénéficiaire de la toute première bourse de la CEVAA pour aller dans une université d’Outre-Mer. Donc non pas pour enseigner, mais pour être enseigné! C’était il y a 42 ans déjà. Partenaires adultes, égaux et qui se respectent.


Voilà que vivent les Eglises chrétiennes comme la nôtre, super! C’est un motif de joie et de reconnaissance. Elles répondent ainsi à leur vocation de peuple “choisi et envoyé pour apporter la Bonne Nouvelle aux pauvres; pour annoncer aux prisonniers la liberté; et aux aveugles la clarté!“ et pour le faire, selon les termes de la lettre aux Corinthiens, “gratuitement, et en se faisant tout à tous, soumis à la Loi juive quand nous sommes avec des croyants soumis à la Loi juive, et libérés de cette même Loi quand nous sommes avec des croyants libérés de cette Loi”.

Ce que vivent les Eglises chrétiennes comme la nôtre, dans leurs relations les unes avec les autres, je rêve (et je crois que Dieu lui-même rêve) que nous puissions le mettre en pratique, chacun(e), dans les mille facettes de notre vie entière. Que nous regardions tout ce qui nous entoure (et tous ceux qui nous entourent) à cette lumière, couleur de dialogue et de respect.

Et là, je vous invite à penser aux relations avec les croyants adeptes d’autres religions: islam, bouddhisme, judaïsme... voire les athées ou les sceptiques!

Je vous invite à penser aussi aux relations à l’intérieur du christianisme; que la Semaine de Prière pour l’Unité ne reste pas une parenthèse, comme le disait si bien le curé Philippe Baudet, dimanche dernier; mais que la fraternité nous gagne, tou(te)s, durablement.

Je vous invite à penser encore aux relations avec les étrangers, avec les personnes qui sont nourries d’une autre culture, et d’autres traditions...

Je vous invite à penser enfin aux relations avec les personnes très âgées; avec les handicapés; les enfants; les adolescents... avec tous ceux, toutes celles qui n’ont pas les mêmes références que nous.

- Et dans tous ces domaines, nous sommes tantôt les oiseaux, tantôt les poissons, évidemment!


 
 

Nous avons (j’ai, tu as) bien du chemin à parcourir en direction des autres, ne croyez-vous pas?

Nous, chrétiens, nous avons conscience d’avoir reçu un trésor: celui de l’exemple de Jésus Christ, lui qui a quitté sa divinité pour plonger dans le monde des poissons que nous sommes. Afin de construire avec nous des relations privilégiées d’amour passionné.

Alors, ce trésor, qu’allons-nous en faire?

Puissions-nous le cultiver, et le laisser fleurir dans nos vies. Embellir nos relations avec les autres. Voire éclairer nos relations avec nous-même.

Alors, je crois, un peu du monde deviendrait meilleur! Amen  


                                        


Jean-Jacques Corbaz 



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