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dimanche 2 décembre 2018

(Pr) Saint Nicolas, et si c’était toi?

Prédication du 2 décembre 2018

Lectures: Matthieu 25, 31-40; 1 Jean 4, 7-12; 1 Jean 3, 18

  

Nicolas rime avec chocolat. Et ça tombe bien, en ce dimanche où le CSP nous propose ses plaques de choc’ traditionnelles! Mais c’est aussi un des saints les plus populaires au monde. Même chez les protestants! Il est vénéré un peu partout, depuis l'Orient jusqu'aux Etats-Unis; de l'Italie aux pays scandinaves. Il est le patron de la Russie, de Fribourg et de la Lorraine; protecteur des enfants; des marins; et des jeunes filles à marier!

En fait, on ne sait quasi rien de lui, historiquement. On sait juste que Nicolas a été évêque de Myra (en Turquie actuelle), au 4è siècle après JC. Son culte s'est développé très tôt autour de quelques récits légendaires. Par exemple celui-ci:

Trois enfants, surpris par la nuit, demandent l'hospitalité dans une maison isolée. Or il y a, dans cette maison, un méchant boucher, qui les tue, les découpe en morceaux et les dépose dans un saloir à viande.  Sept ans plus tard, Nicolas passe par là. Il a faim, et demande à son hôte: "N'auriez-vous pas une viande qui attend au saloir depuis sept ans?" Effrayé, le boucher veut s'enfuir. Mais le saint le retient. Il lui promet le pardon de Dieu. Puis il ramène à la vie les trois enfants, qui se réveillent en disant qu'ils ont bien dormi!!
 


Voilà pourquoi, bien sûr, Nicolas est l'ami des enfants. Mais savez-vous comment s'est construite la légende? Au temps de l'empereur Constantin, trois généraux avaient été condamnés à mort, et enfermés pour être exécutés. Cela alors qu'ils étaient innocents. On dit que, pendant la nuit, le saint serait apparu à l'empereur, en rêve, pour lui annoncer qu'il avait commis une erreur judiciaire. Du coup, Constantin aurait fait libérer les prisonniers.

Or, on avait l'habitude, sur les icônes orientales, de représenter les saints beaucoup plus grands que les autres personnes. Alors, les images de cette histoire ont montré un Nicolas à côté duquel les généraux sauvés de la mort avaient l'air tout petits. Quand ces icônes sont arrivées en Occident, où l’on ne connaissait pas les symboles des icônes, on a cru qu'elles représentaient trois enfants; et la tour de la prison où ils étaient a été prise pour un tonneau de boucher. Vous voyez comment se forgent les légendes!
  


Dans un autre domaine, Nicolas est dit aussi protecteur des marins; et on raconte d'innombrables histoires de tempêtes qu'il aurait calmées, et de bateaux sauvés du naufrage.

Quant aux filles à marier, vous connaissez aussi la légende: Nicolas a hérité d'une importante fortune; son voisin, au contraire, est si pauvre que ses trois filles doivent se prostituer. Le saint l'apprend, alors il met des pièces d'or dans un sac, et il les jette pendant la nuit dans la maison de cette famille (certains disent même: par la cheminée - voyez comment cette histoire a engendré celle du Père Noël!). Le matin, le voisin trouve l'or. Tout heureux, il remercie Dieu; et grâce à cette somme, il peut marier sa fille aînée.

Par la suite, Nicolas va renouveler ses cadeaux pour les deux cadettes, qui trouveront elles aussi un époux!

C'est ainsi que le saint est devenu célèbre comme bienfaiteur des pauvres et des enfants. Et c'est à partir de son personnage que sont apparus les autres porteurs de cadeaux de fin d'année: le Père Janvier; Chalande; le Bon Enfant; et bien sûr le Père Noël. Aux Etats-Unis, ce dernier s'appelle Santa Claus, qui veut dire dans les langues germaniques Saint Nicolas.

Notre grand homme est donc un magnifique exemple de générosité. Pas seulement en argent (ou en or!); mais également en temps; en attention pour les autres; en bienveillance.

Puisse-t-il, en ces temps peu folichons, stimuler les nôtres, de générosités! À l'égard d'autrui, ou en faveur des institutions qui aujourd'hui prennent le relais de la solidarité individuelle, pour venir en aide de notre part aux plus pauvres. Et là, vous connaissez la litanie: Centre Social protestant, Pain pour le Prochain, Caritas, Terre Nouvelle, et tant d'autres...
  
Mais attention: on a trop prêché, dans nos églises, une générosité un peu
naïve, bébête... j'ai presque envie de dire: faible! Il ne s'agit pas de donner au premier arnaqueur venu! St Nicolas nous montre une tout autre manière d'être généreux: avec discernement! Avec courage! Sans conditions, sans chantage, sans morale! Une générosité solidaire et solide, qui ne calcule pas ce qu'elle donne, mais qui réfléchit bien où elle donne!

Une générosité, en somme, qui s'inspire de celle, énorme (oui: hors des normes!) de Dieu, au matin de Pâques!

Trop souvent, vous savez, nous fonctionnons sur le mode du “donnant-donnant”. Un mode humain, presque naturel: tu me salues, je te salue; tu es sympa avec moi, je le suis sympa avec toi; tu m’invites, je t’invite; tu baisses mes impôts, je te paie un voyage...
  

Or l’évangile, notamment cette belle description imagée de Matthieu 25, nous invite à tout autre chose. Comme Nicolas l’a vécu de manière exemplaire, la foi au Christ nous appelle à dépasser le système du “donnant-donnant” pour inaugurer les relations nouvelles du Royaume, celles du “donnant-tout-court”!

D’ailleurs, mes amis, vous le sentez bien: si Dieu s’était cantonné à la réciprocité toute crue, eh bien, nous serions morts! En Christ, que nous allons fêter dans 23 jours, lui, il nous donne tout, gratuitement. Son amour, son pardon, sa passion pour nous, sans condition! Mieux encore, il se donne entièrement, pour nous relever à une vie pleine et belle!

Chers amis, alors que tout, dans notre temps, invite au repli (sur soi ou sur ses traditions...); alors que la mondialisation crée en nous des sentiments de fragilité... de peur... de méfiance ou de colère; alors que nous manquons cruellement de repères... de points d'ancrage solides, auxquels s'accrocher lors des tempêtes de la vie; oui, dans notre hiver, il fait bon croiser la générosité bienveillante de Saint Nicolas, et de toutes les figures qu'il prend parmi nous depuis bientôt 1700 ans!
 

Il fait bon la croiser, et vous pensez bien qu'il fait bon la vivre, aussi! La réaliser, concrètement, ici tout près, ou bien au loin. L’attitude de Saint Nicolas, si généreux dans sa bonté, n’est bien sûr pas forcément à notre portée. Mais nous pouvons tous nous en rapprocher un peu, ce qui nous fera du bien à nous-même, d’abord.

En effet, j’en suis sûr, cette “St-Nicolattitude” est le meilleur antidote aux maux de notre époque: je pense à la course à la performance qui nous laisse tous démoralisés et épuisés. Je pense au matérialisme, au culte du rendement maximum, qui tuent en nous les valeurs humaines. Je pense... mais vous pensez, vous aussi; et vous n'avez pas besoin de moi pour dresser ce triste constat!

Le contrepoison à ces maux, je crois fermement que vous allez, que nous allons le trouver dans l'exemple de Saint Nicolas.   Comme une liberté, nouvelle. Comme un allègement. Dans une générosité reçue et donnée, exercée avec discernement et courage. Sans conditions, sans morale, sans chantage! Dans une générosité solidaire et solide, qui ne calcule pas ce qu'elle donne, mais qui réfléchit bien où elle donne! Dans une générosité qui s'inspire de celle de Dieu, pour nous. Amen

Jean-Jacques Corbaz  




  

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