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dimanche 24 mars 2013

(Pr, SB, Hu) Grenouille, far west et labours

Rameaux, 24 mars 2013  “go west”

Quand j'étais au collège, notre prof de sciences était plein d'idées, mais il vivait parfois dans la lune. C'est ainsi qu'un jour, il nous annonce fièrement que nous allons disséquer ensemble une grenouille.
Il sort de sa poche un petit cornet et l'ouvre, sous nos yeux émerveillés, écarquillés. Il en sort, ô stupeur, ... un sandwich! "Un sandwich? Mais alors, l'avons-nous entendu murmurer, surpris, mais alors, qu'est-ce que j'ai mangé dans le bus?"

C'est une surprise tout aussi grande, voire davantage, qu'ont connu, au temps de Jésus, ceux qui croyaient que Dieu était comme les autres divinités, ami de la force et des puissants, prêt à contraindre celles et ceux qui s'éloignaient de lui.
C'est de cette surprise que parle le récit dit des "Rameaux", que nous lisons en ce dimanche éponyme!

Lectures bibliques: 
Jean 11, 45-47
Jean 12, 12-16 


Un vieil arabe était parti pour le Far West - je veux dire qu’il avait émigré aux USA... Un jour de printemps 2011, il veut planter des pommes-de-terre dans son jardin. Hélas, le sol est trop dur, et ses bras n’en ont plus la force... Alors il envoie un courrier électronique à son fils, resté au pays: “Si tu étais ici, tu pourrais labourer pour moi!”

Le fils lui répond aussitôt, par courriel également: “Surtout, ne touche pas au jardin, c’est beaucoup trop dangereux, avec ce que j’y ai caché!”

Deux heures plus tard, voilà que la police des E-U débarque, avec la CIA et l’armée... Ils envahissent le jardin de notre homme avec des machines, des outils, des chiens... Ils retournent le sol de fond en comble... mais ils ne trouvent rien.

Le lendemain, le fils envoie un nouveau courriel à son père: “Maintenant, tu peux planter tes pommes-de-terre: le sol doit être parfaitement labouré!”


                                                                    *           *
J’aime cette histoire parce qu’elle me parle de Dieu et de nous! Je me dis que c’est un peu ainsi que Dieu travaille, dans notre monde, pour défricher son jardin. Pour faire germer chez nous des relations plus humaines, plus amicales et solidaires. Pour venir en aide à celles et ceux qui en ont besoin. Pour que nous nous respections mieux les uns les autres.

Lui qui n’a pas d’autres mains que les nôtres pour lutter contre le mal, eh bien, il nous embauche! Il nous utilise, parfois de manière aussi inattendue que le père et le fils de notre histoire utilisent la police américaine!

C’est ainsi en tout cas que Jésus a conquis le Far West, l’Ouest sauvage de son temps; i. e. l’Empire romain. Son Père n’ayant pas de bras pour planter l’évangile en Europe, le Fils a mis en route des hommes - et même des femmes, ce qui était presque un scandale pour l’époque. On les appelle apôtres, ce sont
Paul, Barnabas, Pierre, Silas... Des gens comme vous et moi!

Bien sûr, ils ne cherchaient pas des bombes, ni des armes de destruction massive. Au contraire: ils portaient sur eux une espèce d’”arme de reconstruction massive”! Ils ont traversé les contrôles aux frontières, les détecteurs des aéroports (euh, j’adapte, bien sûr!), cela sans se faire stopper. Car cette arme de reconstruction massive, vous l’avez deviné, c’est le pardon de Dieu! C’est son message étonnant: le Créateur veut le bien de chacun(e), sa liberté, sa paix!

                                                                  *           *
Depuis 2000 ans, ces apôtres sillonnent la planète, pour faire germer cet évangile. Mais qu’est-ce qui leur a donné l’énergie d’affronter les plus dures épreuves, voire parfois la mort?

Revenons au premier jour des Rameaux, si vous le voulez bien. La foule acclame Jésus, quand il entre à Jérusalem. Les gens agitent des branches en signe d’accueil triomphal.

Mais pourquoi le font-ils? Quelle est la cause de leur joie? On me répondra “parce que Jésus va donner sa vie pour nous”. Mais pensez-vous que la foule le sait? Jusque là, Jésus a surtout prêché en Galilée. Ici, à Jérusalem, son enseignement n’a pas encore été porté.

Non, cette foule anonyme est soulevée par une tout autre espérance. Relisons ce qu’elle chante: “Gloire à Dieu! Que Dieu bénisse celui qui vient au nom du Seigneur! Que Dieu bénisse le roi d’Israël!”
Pas le crucifié; pas le fils de Dieu: le roi. Et les branches qu’ils agitent, et les manteaux qu’ils placent sur la route (selon les autres évangiles), ce sont les attributs des chefs d’Etat qu’on reçoit, comme aujourd’hui le tapis rouge.

Jésus est acclamé comme un roi. Un chef politique. Gardons bien ce fait en mémoire.

Mais quelle est la situation, à l’époque, en Israël? Qui est au pouvoir? Le savez-vous?

Eh bien, ce sont les Romains. Les légions italiennes ont envahi la Palestine environ cent ans auparavant. Les occupants donnent les ordres et font régner la terreur.

Ils lèvent des impôts très lourds. Ils essaient d’imposer leur religion. Le culte de l’empereur commence, qui se proclame Dieu et fils de Dieu!

Comme toutes les provinces conquises par ces Romains sanguinaires, Israël souffre et tente de se libérer. Mais les légions détestées répriment férocement tout soulèvement. Elles inventent le supplice de la croix, particulièrement odieux et cruel, pour décourager les insurrections.

Le peuple juif veut malgré tout faire confiance à son Dieu. Jamais, pensent-ils, jamais notre Seigneur ne tolèrera que nous soyons opprimés par ces païens, impurs. Jamais il n’acceptera que nous soyons obligés de rendre un culte à un imposteur. Il va intervenir, il nous enverra un nouveau roi, un chef puissant, de la lignée de David. Ce Messie (c’est-à-dire cet envoyé, béni par Dieu), il chassera les Romains et rendra à notre pays son indépendance et sa pureté. Autant religieuses que politiques.

Et voilà pourquoi, quand on apprend que Jésus entre à Jérusalem, les foules se pressent et le reçoivent de manière royale. Car Jésus est descendant de David, la chose est connue. En plus, sa réputation de guérisseur, et davantage encore de faiseur de miracles l’a précédé loin à la ronde. “C’est lui!” se dit-on. “Le voici, l’envoyé tout-puissant du Ciel! Il va mettre en déroute les armées ennemies, qui nous terrorisaient!”


Or, vous le savez, ce n’est pas pour monter sur le trône que Jésus entre à Jérusalem. Mais pour monter sur le Golgotha. Et c’est d’une couronne d’épines qu’il sera coiffé. Il vient sur un âne, alors que les chefs d’armée ne défilent qu’à cheval! Aucune violence. Il sera prince, oui, mais prince de la paix!

Terrible méprise, n’est-ce pas? Si souvent, le “jeu” tragique se renouvellera, au cours des 2000 ans suivants. Confondre Jésus avec un puissant de ce monde. Et promouvoir son message les armes à la main...

Mais, voyez comment Dieu agit, mystérieusement: il utilise même nos bourdes humaines pour réussir son plan! L’accueil royal de la foule conduira Rome à crucifier Jésus, condamné comme “roi des Juifs”. Les chefs religieux d’Israël feront tout pour encourager ce meurtre, tant ils ont peur d’être supplantés dans leur autorité.

À travers toutes ces menaces et ces souffrances, pourtant, Jésus va rester parfaitement fidèle à ses valeurs de vie. Il refusera toute violence, toute vengeance, même lors de son arrestation ou de son exécution.

Ce sera là sa grande victoire. Son triomphe! Jamais il ne s’écartera d’un millimètre de sa priorité: un respect absolu de l’autre. Un désir de contribuer au bien et au bonheur de chacun(e). Même au prix que nous connaissons!

                                                                       *           *
Pour les foules qui l’avaient acclamé comme un roi, la mort de Jésus semble une défaite. Pour les partisans d’une révolte armée contre Rome, Golgotha a l’air d’un abandon de Dieu.

Pourtant, à travers les événements suivants, la victoire va changer de camp. À Pâques, quelques femmes et deux ou trois amis de Jésus comprennent que le crucifié est vivant malgré sa mort; étonnamment vivant, bien plus vivant que s’il n’avait pas été exécuté. Sa parole est vivante, son amour est vivant, son espoir jamais ne disparaîtra!

À l’Ascension, ses disciples se rendent compte que ce Vivant, cependant, n’est plus ici. Qu’ils ne le verront plus, physiquement, sur la terre. Qu’il règne bien plus haut, pour être mieux proche de toutes et tous!

À Pentecôte, une boule de neige se forme. Un groupe toujours plus grand d’amis du Christ, les apôtres, se met en route. Poussé par le souffle de ce Vivant majuscule. Rayonnant d’une victoire à l’opposé des triomphes militaires. Ils ont compris, maintenant, de quel côté se trouve l’essentiel!

Et puis, ironie de l’histoire (voyez comment Dieu travaille, à travers nos petits ou grands travers!): ces premiers missionnaires partent dans le monde entier, tels qu’ils le connaissent alors; mais c’est surtout dans l’Empire romain qu’ils vont se rendre, à cause des routes et des voies navigables bien plus performantes qu’ailleurs. Ces routes et voies navigables qui avaient été aménagées pour permettre aux légions de se déplacer plus rapidement, afin de mater les révoltes et d’assurer leur domination par les armes.

Si Jésus était entré dans ce “jeu”-là, s’il avait voulu répondre aux aspirations du peuple; s’il avait chassé les Romains manu militari; s’il avait imposé sa vérité par la force? Eh bien, ça n’aurait pas duré très longtemps. La violence serait revenue au galop, et nous continuerions de ne pas voir plus loin que le bout de notre épée.

Mais il a pris l’autre voie, le chemin difficile de chez difficile, celui de la réconciliation partout et toujours. On croyait que c’était l’attitude des faibles. Il nous montre que c’est celle des forts, tellement celle des forts que souvent nous n’y arrivons pas!

Les apôtres du Christ ont ainsi fertilisé l’Empire romain, souvent au prix de leur vie. Mais savez-vous ce qui s’est passé, 300 ans après la crucifixion de Jésus?

Eh bien, 300 ans après, c’est l’empereur de Rome, Constantin, qui se convertit au christianisme. Plus encore, il en fait la religion de tout l’Empire romain!

La croix, qui était le symbole de la cruauté des légions impériales et de la terreur, la croix sera dorénavant le signe fort de la victoire du Christ. Et la ville de Rome, celle des “méchants” de l’histoire, elle devient la ville emblématique du christianisme, celle où il y a le plus d’églises au monde!

Les foules naïves de Jérusalem, le premier jour des Rameaux, pourraient donc dire que, finalement, c’est Jésus qui a gagné! Il a remporté la victoire absolue, sur la croix. Il n’a pas chassé les Romains, il en a fait des chrétiens! Il a réussi à retourner la situation à son avantage. C’est ça, au fond, la résurrection!

                                                                   *               *
Malheureusement, vous le savez bien, il y a encore du pain sur la planche. Et des kilos! Rien n’est conforme aux prières du Christ, ici-bas. Si la victoire est acquise, pourtant les forces du mal se débattent encore, et comment! Jusqu’en nous, jusqu’à l’intérieur de nous! Trop souvent,  les responsables religieux sont tentés par le pouvoir. Manipuler les foules. Jouer le jeu des puissants. L’empereur Constantin s’est “planté”, lui aussi, et toute l’Eglise derrière lui!
Il y a encore du pain sur la planche. Trop souvent, la violence apparaît encore comme la solution, et le pardon comme un conte pour enfants...

Encore une fois, ce n’est pas ainsi que Jésus nous invite à vivre. Si je place ma confiance en lui, qui a préféré mourir plutôt que de laisser Dieu me punir, alors, je n’aurai plus peur d’aucune menace, et je pourrai me laisser porter par l’Esprit saint pour cultiver la paix.

                                                                   *               *
Voilà. La conquête du Far West n’est de loin pas terminée, vous le voyez! La joyeuse nouvelle de Jésus a encore bien du chemin à faire, pour être visible et vraie sur notre terre, à l’est comme à l’ouest - au nord comme au sud! Entre nous; et en nous. En moi, d’abord.

Et cette progression, elle est votre affaire à tous, gens du pays! C’est votre tour: de vous laisser parler d’amour!!

Ne restons pas au bord de la route à attendre un roi-messie, comme les foules de Jérusalem il y a 2000 ans. Dieu nous appelle à nous mettre en chemin. À nous faire apôtres, nous aussi. À devenir les laboureurs de sa mission, les semeurs de son pardon.

(Même sans en être conscients, comme la CIA de notre arabe!). Amen

                                                                              Jean-Jacques Corbaz 

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