Dans son film « Manon des sources », Marcel Pagnol montre un brave curé méridional qui a la surprise, un dimanche, de voir à l’église tous ses paroissiens venus prier parce que la source est tarie. Il leur parle alors du cousin Adolphin, qu’on ne voyait dans sa famille que quand il venait mendier.
Mon
père, dit le curé, ne
refusait jamais. Mais je l’ai souvent entendu dire :
« L’Adolphin, c’est pas un beau caractère ! »
Eh bien,
poursuit le curé,
ce que vous faites aujourd’hui à Dieu, c’est le coup de
l’Adolphin. Il ne vous voit presque jamais, et brusquement, vous
arrivez tous les mains jointes, le regard ému, tout estransinés de
foi et de repentir. Allez, bandes d’Adolphins, il ne faut pas
imaginer que Dieu soit plus naïf que mon pauvre père, et qu’il ne
comprenne pas jusqu’au fond de votre petite malice. Il sait bien
que vous êtes là parce que la source ne coule plus. Il y en a qui
sont inquiets pour le jardin ou pour les cochons, d’autres parce
qu’ils ne savent plus quoi mettre dans leur pastis. Allez, tout ça,
c’est des prières adolphines, ça ne peut pas monter au ciel :
ça n’a pas plus d’ailes qu’un dindon plumé !
Jean-Jacques
Corbaz
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