Pour vous y retrouver

Bonjour! Bienvenue sur ces pages, que j'ai plaisir à ouvrir pour vous!
Vous trouverez sur ce blog différentes sortes de contributions:
- annonce (An),
- billet (Bi),
- citation (Ci),
- confession de foi (CF),
- conte (Co),
- formation d'adultes (FA),
- humour (Hu),
- image (Im),
- liturgie (Li),
- poésie (Po),
- prédication (Pr),
- réflexion (Ré),
- sciences bibliques (SB),
- vulgarisation (Vu).
Bonne balade entre les mots!

Ces œuvres sont mises à disposition selon les termes de la Licence Creative Commons Attribution - Partage dans les Mêmes Conditions 3.0 non transposé.

Ce blog fait partie d'un réseau de sites réformés "réseau-protestant.ch" qui vise à coordonner et rendre visibles et lisibles les publications web de la galaxie du protestantisme de Suisse romande. Voir sur ce blog la page https://textesdejjcorbaz.blogspot.com/p/blog-page.html>.

lundi 10 juillet 2023

(Pr) La réincarnation? - Prédication du 10.7.2023

Lectures bibliques: 1 Corinthiens 15, 35-38 + 42-44a;  Luc 20, 27-36
 

Dans un locatif où on s’entend ronfler d’un appartement à l’autre, arrive un jour un célibataire qui a une drôle de manie: le soir, quand il se déshabille, il enlève ses chaussures et les lance contre le mur. Boum! Et re-boum!

Evidemment, ça réveille le voisin, qui apprécie moyennement... Il demande gentiment à notre gaillard de cesser son manège, mais sans succès. Et puis menaces, colère... et rien n’y fait! Chaque soir, il continue de lancer ses godillots contre la paroi. Finalement, le voisin se plaint à la gérance, qui menace notre homme de l’expulser s’il ne s’amende pas.

Ce soir-là, quand il se met au lit, il enlève un soulier, et l’envoie contre le mur. Boum! Et puis, il se souvient des plaintes: “Flûte, mon voisin!” Il enlève la seconde chaussure tout doucement, et la pose avec précaution sur le tapis. Puis se couche et s’endort, en paix.

Mais voilà-t-y pas que 10 minutes après, il est réveillé en sursaut par son voisin, qui lui crie: “SVP, pouvez-vous lancer l’autre soulier, je n’arrive pas à m’endormir!?”

Ah, la force de l’habitude...

À combien de choses extraordinaires, voire inhumaines, l’homme ne s’est-il pas habitué? Vous savez, il s’est même habitué... au christianisme! Bien des gens se sont tellement habitués à la foi chrétienne, héritée de leurs parents, qu’ils n’en sentent plus la force, ni l’originalité. Souvent, nous ne percevons plus guère à quel point l’évangile est provocateur, et contraire à nos valeurs “terrestres”. À quel point il nous remet en question. Surtout la résurrection.

Alors, parce qu’on s’est habitué, on banalise. On émousse le tranchant du message de Pâques. On met la résurrection à une sauce humaine. On la mélange avec des éléments venus d’ailleurs.


C’est ainsi que de plus en plus de gens, chez nous, s’intéressent à la réincarnation. Les théories orientales, tout comme les superstitions, foisonnent dès que le christianisme s’estompe. Un peu comme les mauvaises herbes dans un jardin qui n’est plus cultivé. Parfois, on confond réincarnation et résurrection. Parfois, et c’est le cas de beaucoup de jeunes, on ne croit carrément plus à la seconde, et on adhère à la première.

Mais qu’est-ce que c’est, la réincarnation?

Cette notion vient de l’hindouisme. Selon cette conception, l’âme habite un corps qui n’a rien de divin. Elle, l’âme, vient de Dieu et son seul but, c’est de retourner en lui, se fondre dans le grand tout. Elle doit abandonner sa personnalité et disparaître dans le néant divin, disent les hindous. Le corps n’est qu’une enveloppe, il n’a aucune valeur.

L’âme va passer d’un corps à l’autre, d’une vie à l’autre, selon l’hindouisme,   jusqu’à ce qu’elle aboutisse à la qualité divine et qu’elle soit absorbée par l’être suprême, le “nirvânâ”.

La vie dans laquelle une âme s’incarne dépend, vous le savez, de la vie précédente: on naît dans une caste élevée ou pauvre selon qu’on a bien ou mal agi. Ainsi donc, les fameux “parias” ou “intouchables” sont condamnés à des existences de misère, obligés de subir les injustices sans pouvoir essayer de les corriger, parce qu’ils auraient fait le mal dans une prétendue vie antérieure. Voilà ce que dit la théorie de l’hindouisme.

Pour la plupart des hindous, la réincarnation est une plaie, dont ils aimeraient vivement être libérés. Une prison d’où ils voudraient s’échapper! Savez-vous qu’entre deux réincarnations dans un corps humain, la théorie dit qu’il y a 8’400’000 réincarnations dans un corps animal ou végétal: ceux qui ont fait le mal revivront dans des espèces méprisables, et ceux qui ont vécu le bien se retrouveront dans le corps d’un éléphant ou d’une vache, animal sacré! Mais le but est toujours d’atteindre le nirvânâ, et d’être ainsi délivré de ces pérégrinations spirituelles.

Cette théorie présente une certaine logique: avec cette conception, il n’y aurait pas d’injustice: chacun serait puni ou récompensé dans son existence ultérieure.

Logique, mais tristement épicier, “donnant-donnant”. Car il faut mériter, il faut gagner son nirvânâ. Beaucoup d’angoisses pour ne pas revenir en arrière (ou redescendre); beaucoup d’inquiétudes pour éviter de prolonger ses souffrances terrestres indéfiniment. Et tout ça pour aboutir à quoi? À la disparition de l’âme dans le grand néant divin, la personnalité qui se dissout dans un Dieu immobile et qui n’a pas de sentiments...



La révélation biblique, en particulier l’enseignement de Jésus, va dans un sens tout à fait différent. La vie n’est pas un cycle à recommencer. C’est une ligne (une ligne pleine de courbes) qui va de la naissance à la mort, et au-delà. Elle est unique; nous ne perdons pas notre personnalité, - et notre corps non plus, du reste! Il faut faire avec!

Notre corps, d’ailleurs, nous est donné par Dieu, comme notre vie. Le corps a de la valeur, il est une bonne chose, une source de joie! “Dieu créa le corps des humains, et il vit que c’était bon!”

Quand arrive la mort, qui est à vues humaines la fin définitive, le point où il est trop tard pour se racheter: c’est là que surgit l’étonnant, la révolution créatrice de Dieu: la résurrection. Non pas une nouvelle vie, mais la même, avec le même caractère, avec la même personnalité, et, plus encore, avec le même corps! “Même”, et pourtant tout autre: Jésus ressuscité à la fois peut traverser les murs ou les portes fermées à clé; mais à la fois il est reconnaissable par ses disciples, on peut voir ses plaies, la marque des clous ou de la lance. La vie des ressuscités est recréée, rachetée gratuitement par Dieu, sauvée. Transformée en Jésus Christ pour accéder à une dimension supplémentaire, qu’on appelle l’éternité.

Comme l’exprime la lettre aux Corinthiens, nous devenons, après la mort, un être nouveau, aussi différent de ce que nous sommes ici-bas que la fleur est différente de sa graine. Mais qui en résulte, qui en sort! Notre personne ne disparaît pas. Elle est au contraire achevée, rendue infiniment plus belle, plus vraie, plus lumineuse. C’est là l’opposé du néant hindouiste. La mort est une éclosion plutôt qu’un examen.


 

Et la résurrection de Jésus, qui est la garantie et la promesse de la nôtre, nous apprend encore autre chose: elle nous apprend que la transformation de la mort commence déjà dans cette vie: l’Esprit de Dieu commence ici notre propre fête de Pâques, chaque fois que nous faisons mûrir les fruits de l’amitié, du respect, du pardon. L’élan créateur de Dieu agit en nous avant notre mort et notre résurrection, il les prépare à travers chaque fête, chaque geste de justice et de paix...

La réincarnation est à l’opposé de l’évangile. Tout ce qui s’est passé à Vendredi saint n’aurait aucun sens, si c’étaient nos existences ultérieures qui devaient gagner notre salut. “Dieu n’est pas le dieu des morts, mais celui des vivants”. Il nous renvoie sans cesse à cette vie où nous sommes, pour que nous la rendions plus habitable pour les autres.

Les doctrines de réincarnation conduisent à l’immobilisme social et à la résignation: si tu es né paria, c’est que tu l’as mérité. Inutile d’essayer d’améliorer ton sort.

Au contraire, l’évangile nous pousse à la responsabilité, le Christ nous invite à agir: transformer déjà ce monde pour qu’il reflète celui de Dieu. S’engager, mais sans craindre une punition: de toute manière, nos existences ne seront jamais parfaites, le bonheur éternel est impossible à mériter. Nous ne gagnerons jamais notre salut, mais c’est Dieu qui nous le donne, gratuitement. Parce qu’il n’est pas un juge, ni un expert d’examens, ni un commerçant avec balance et machine à calculer. Il est d’abord Père, donc plein d’amour, d’indulgence et d’espoir. Il souhaite nous voir grandir dans le bonheur et la liberté. Alors il nous les donne, gratis pro Deo. C’est notre cadeau de Pâques!

Mon voeu, ma prière, c’est qu’à ce message-là, nous ne puissions jamais nous habituer. Que nous l’entendions toujours dans sa fantastique nouveauté. Et que nous sachions le cultiver! Amen

Jean-Jacques Corbaz 


1 commentaire:

  1. MERCI
    “Dieu n’est pas le dieu des morts, mais celui des vivants”.
    OUI
    IL me semble que nous sommes tous et pour toujours préoccupés par la mort que par la vie... et que tant que c'est ainsi aucune doctrine ne peut prétende la vérité à l'encontre d'une autre ...

    .

    RépondreSupprimer