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dimanche 8 juin 2014

(Pr) ”Pentecôte: Enfants de Dieu, roues et moteur..."

Prédication de Pentecôte, 8.6.14 - ”Enfants de Dieu, roues et moteur..."

Lectures: Actes 2, 1-8; 1 Jean 3, 1-3; Romains 8, 14-17; Matthieu 12, 46-50

Il y a bien des années, un missionnaire arrivait chez les Inuit, dans le grand Nord. Ce pasteur leur parla de Dieu et de Jésus Christ. C’était la première fois que l’évangile était annoncé dans ces banquises.
Les Inuit furent émerveillés par cette religion, savez-vous pourquoi? Parce que les chrétiens appelaient Dieu “leur Père”.
Cette surprise étonna beaucoup le missionnaire; il était tellement habitué à prier le “Notre Père” qu’il ne réalisait plus vraiment à quel point c’était révolutionnaire!
“Oui, dirent les Inuit, on nous avait beaucoup parlé d’un dieu qui fait peur, qui gronde et qui punit. Mais un dieu qui serait notre père, alors ça, c’est merveilleux, c’est extraordinaire!”


 

J’aime cette histoire, à cause de la surprise des Inuit; et à cause de celle du missionnaire! Est-ce que nous ne sommes pas souvent comme lui, habitués à nommer Dieu notre Père, trop habitués pour en sentir toute la force? Serions-nous “vaccinés” contre les mots qui disent l’amour paternel de Dieu, au point de ne plus réaliser ce que ça implique comme tendresse; comme désir; comme responsabilité; comme envie de faire grandir?

Eh bien oui! Nous avons durant des siècles entendu des sermons qui nous exhortaient à la responsabilité; à l’amour du prochain; à la foi; à la confiance en Dieu... Et c’était juste, c’est sûr! Aussi juste que de dire qu’une bonne voiture doit avoir des roues!

Mais aujourd’hui, fête de Pentecôte, la Bible nous dit que d’abord, Dieu nous aime; que d’abord, Dieu est responsable de nous; qu’il éprouve pour nous tendresse, émotion, désir; envie de faire grandir; confiance; donc foi! Et tout cela, dans notre image de la voiture, tout ça c’est le moteur, qui fait tourner les roues!

Un chrétien sans amour, sans responsabilité, sans justice, c’est comme une auto sans roues, bien sûr! Mais un chrétien qui n’est pas, avant tout, enraciné dans l’amour de Dieu, dans son affection paternelle, dans son pardon, c’est comme une voiture sans moteur!
Bon, une voiture sans moteur, ça peut rouler: à la descente! Mais à la première montée, à la première difficulté, ça ne va plus!

Nous, chrétiens, nous aimons parce que Dieu nous a aimés le premier, en Jésus Christ. Parce que le Saint-Esprit a fait de nous des enfants de Dieu. D’abord, avant de nous demander quoi que ce soit, le Créateur nous adopte. Comme des parents: bien avant de rien demander à leur enfant, ils lui en donnent, des choses, en nourriture; en confort; en affection; en sécurité...
Dieu fait de nous ce qu’aucune autre religion n’a jamais fait, auparavant: il se lie avec nous d’un amour infini. Et il fait de nous ses héritiers; ses fils et ses filles.

Car, nous l’avons entendu: nous sommes maintenant déjà des enfants de Dieu, effectivement, puisque nous croyons en lui. Nous n’avons rien à faire pour mériter ce titre; il n’y a pas de condition; pas de petites lettres dans le contrat; pas de prières à réciter, ni de bonnes oeuvres à accomplir; aucune démarche à mener, comme chez les témoins de Jéhovah. C’est gratuit!
        


Nous sommes aujourd’hui enfants de Dieu, et nous deviendrons encore bien plus, quand le Christ reviendra faire toutes choses nouvelles: nous le verrons tel qu’il est, face à face. Plus rien ne nous séparera de sa clarté, de son bonheur et de sa paix. Nous vivrons avec lui dans une proximité parfaite.

Et c’est cette espérance, dit la première lettre de Jean, c’est cette espérance qui nous rend purs. C’est-à-dire: c’est cette espérance de vivre avec lui dans une proximité parfaite qui nous aide à être meilleurs, dans notre vie de tous les jours. Puisque nous sommes non seulement enfants de Dieu, mais ses héritiers, ceux qui deviendront presque lui-même, alors nous pouvons vivre déjà avec assurance, ici-bas. Avec confiance. Dieu s’est lié avec nous pour la Vie; je veux dire: pour la vie éternelle!

C’est ce moteur-là qui fait tourner nos roues. Ce sont ces feuillages-là qui nous donnent de porter du fruit. Et c’est pourquoi le passage de la première lettre de Jean que nous avons entendu continue par un immense développement sur le péché et sur l’amour pour nos frères et soeurs.

J’ai longtemps hésité, et j’ai finalement renoncé à demander à Joël Berney de vous lire la suite de nos versets. Car cette insistance sur la morale et le péché passe très mal aujourd’hui. Il y a quelques années, j’avais proposé ce passage à un groupe de collègues pour leur prédication. Mais ils ont tous hurlé “Non, ça va culpabiliser les gens, toutes ces mentions du péché!”.

Avec vous, pour vous, je relève le défi! Je pense que ces “tartines au péché” sont indigestes, évidemment, à condition qu’on ait oublié le moteur, avant de penser au travail des roues; si on demande d’aimer, d’aider, de devenir solidaire, sans d’abord mettre en évidence la paternité de Dieu, son pardon, son amour.
Mais si le moteur du Père céleste tourne rond pour nous, alors la culpabilité nous est enlevée! La passion de Dieu pour nous est si forte qu’elle efface tous nos manquements. C’est la grâce.

Ecoutez la superbe manière avec laquelle en parle cette prière de Jacques Leclerq:
“Un jour, je viendrai devant toi, Seigneur, et tu liras sur mon visage toute la détresse, tous les combats, tous les échecs des chemins de liberté. Et tu verras tout mon péché.
Mais je sais, mon Dieu, que ce n’est pas grave, le péché, quand on est devant toi. Car c’est devant les hommes qu’on est humilié. Mais devant toi, c’est merveilleux d’être si pauvre, puisqu’on est tant aimé. Puisqu’on est pardonné, gratuitement!
Un jour, je viendrai vers toi. Et dans la formidable explosion de ma résurrection, je saurai enfin que la tendresse, c’est toi. Que ma liberté, c’est encore toi.
Je viendrai vers toi, mon Dieu, et tu me donneras ton visage.
Père, j’ai tenté d’être un homme. Et je suis ton enfant!”
Jacques Leclerq


 

Un dernier mot. Si vous osez, lisez quand même chez vous la fameuse “tartine au péché”; dans 1 Jean 3 jusqu’à la fin du chapitre. Elle insiste sur l’amour pour les frères et soeurs. Eh oui, quoi de plus normal, si nous sommes enfants de Dieu, que de nous aimer fraternellement?

Mais attention: aimer son frère, ce n’est pas la même chose que d’aimer son prochain. Le frère, dans notre épître, représente le membre de la même communauté chrétienne. Locale. Le paroissien de la même paroisse.

Vous n’avez pas attendu cette prédication pour savoir que Dieu nous demande d’aimer les humains, surtout les plus fragiles. Mais notre passage, aujourd’hui, nous invite à faire un gros plan sur nos relations les uns avec les autres, dans cette paroisse. Comment les vivons-nous, ici, à Grandson; aux Tuileries; à Orges; à Giez?

Vous le saviez, mais c’est sans doute bon de le rappeler parfois: aimer son frère, ce n’est pas seulement envoyer un paquet pour l’Afrique ou verser 100.- pour les victimes de la guerre en Syrie. C’est aussi, par exemple, ne pas dire du mal de son voisin!

Un de mes collègues, un jour, a été suffisamment “gonflé” pour proposer une action très concrète, dans son journal paroissial. Il a demandé à chacun(e) de s’abstenir, pendant toute la semaine, de dire du mal d’un autre membre de la paroisse...
Il paraît que la vie de la communauté en a été transformée.

Euh... pendant... en tout cas une semaine! Amen


 

Jean-Jacques Corbaz


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