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dimanche 12 octobre 2014

(Co, Pr) Narration du 12 oct. 2014: "Prophète, pfffhh!"

« Un prophète, c’est quoi? » 1 Rois 17

Lectures: Esaïe 30, 8-11; Marc 15, 33-39; 2 Corinthiens 4, 10-11
 

Les vagues roulent, fortes et régulières. De temps en temps, des cris de mouettes percent le grondement de la mer. Et comme à chaque fois, Elie, le prophète Elie, face à la marée, se sent petit, très petit...

Prophète de Dieu. Pffffhh... Mais qu’est-ce que je suis, mais qu’est-ce que l’homme, face à l’immensité de l’univers? face au ciel; aux étoiles; à l’océan?

Les pieds d’Elie s’enfoncent dans le sable mouillé. Il sent sur ses lèvres le goût salé des embruns. Et il ne voit que les vagues, puissantes, à l’infini...

- Lève-toi, prophète! (Ça y est, voilà la voix qui revient, plus forte, bien plus forte que le roulement de la mer). Lève-toi, prophète! Va dire à mon peuple une parole d’espérance!

Est-ce Dieu qui parle? Faudrait voir à ne pas se tromper d’expéditeur!? Est-ce vraiment Dieu?

-Allons, Elie, ne fait pas le bêta, tu sais bien que c’est lui, voyons, tu le connais, depuis tout ce temps.

Alors, il faudra repartir?! Redevenir errant, vagabond, pieds en sang?! Coeur déchiré?! Comment trouver à manger, dans ce pays rabougri, meurtri par la famine, asséché? Et surtout, comment m’accueilleront-ils, “là-bas”? Comme si c’était moi qui avais décidé leur punition!! Comme si c’était ma faute, toutes ces années sans la moindre pluie, plus rien à se mettre dans l’estomac...

- À table! Elie, à table! Viens manger!

- J’arrive! J’arrive!

Elie se met en marche, lentement, vers la petite maison. La veuve le voit entrer, il est tout pensif. De plus en plus souvent, ces derniers jours.

- Assieds-toi, Elie!

- Ouais, merci; mais tu sais, j’ai pas beaucoup d’appétit.


 

La veuve le regarde, à moitié étonnée. Elle se rappelle le premier jour où elle l’a vu. Il était si maigre, il crevait de faim, ce matin-là. Il m’a fait peur. Il voulait m’enlever le pain de la bouche. Enfin, je croyais!

Les images reviennent dans la mémoire de la veuve: par politesse, elle avait écouté ce vagabond, cet étranger. Elle lui avait donné à boire, et même à manger, alors qu’il ne lui restait plus que cette seule poignée de farine pour elle et pour son fils...

Son fils... Elle le regarde, avec tendresse - et étonnement. Comme il a grandi, depuis! Il a une tête de plus qu’elle, à présent. Et il commence à avoir une ombre de moustache. Sa voix est celle d’un homme. À côté d’Elie, complice et amical, ce fils rayonne de force tranquille. Quand on pense qu’il a été si malade, ce fameux hiver, elle l’avait cru mort.

Dans la petite cuisine, personne ne parle. Elie regarde aussi l’adolescent; et il se dit qu’il devra le quitter, mais il est grand maintenant. Presque plus grand et fort que lui. Sur sa lèvre, on voit une ombre de moustache. Et sa voix est celle d’un homme, à présent.

Elie revoit ce jour comme si c’était hier. Quand il l’avait trouvé, sans vie, dans les bras de sa mère. Mais il l’aimait, cet enfant! Alors, il n’avait pas pu se retenir, il avait crié vers Dieu, il avait appelé... et Dieu avait répondu! Ranimé le garçon, et guéri. Dieu avait montré qu’il est un Dieu de vie!

 

Elie et la veuve se regardent, et ils pensent à la même chose: “Je suis un prophète, mais un prophète exilé et chassé. Aujourd’hui je dois repartir, Dieu m’appelle, dans mon pays. “Il est un prophète en exil. Est-ce qu’il va rentrer dans son pays?”

Alors, la veuve n’y tient plus. Elle pose la question à haute voix.

“Un prophète?” Le garçon est étonné. “C’est quoi, un prophète? Pourquoi te faut-il partir? Où iras-tu? Pour parler de quoi, de qui?”

Elie respire profondément et répond:

“C’est le Dieu vivant qui m’envoie. Dans mon pays, en Israël, il a été oublié. Le roi s’est mis à adorer des idoles. Le peuple a suivi, bien sûr. Alors, je suis allé devant Achab, le roi. Je lui ai dit que Dieu ne tolère plus ces religions païennes, que Dieu est bien plus fort que Ba’al, son idole. Et que, pour le prouver, il allait nous envoyer une sécheresse épouvantable. La famine! Et c’est bien ce qui est arrivé.

“J’attendais que le roi se mette en colère. Ou qu’il négocie. Mais non. Il n’a rien dit. Rien.

“Et alors, c’est Dieu qui m’a parlé. Il m’a envoyé me cacher, dans un ravin, au bord d’un ruisseau. Comme si Dieu lui-même était condamné à se cacher! Et chaque jour, écoute bien, c’est incroyable: malgré la sécheresse, oui, chaque jour des corbeaux m’apportaient à manger. Du pain et de la viande. Et j’avais l’eau du ruisseau pour boire et me laver.

- Mais alors, demande l’adolescent, pourquoi es-tu parti de ce ravin?

- Hélas, reprend Elie, le ruisseau s’est tari. Plus d’eau! J’ai bien dû m’en aller.

- Mais, Dieu a continué de s’occuper de toi?

- Mhh, presque, fait Elie. Il m’a envoyé à l’étranger, loin de tout. Et j’étais inquiet, bien sûr. Est-ce que Dieu pourrait me suivre, en-dehors d’Israël? Est-ce que Dieu pourrait me protéger, à l’étranger?

- Et alors, insiste le garçon? Alors?

- Alors, j’ai rencontré une femme. Elle n’avait plus qu’une poignée de farine à donner à son fils, pour le nourrir. Elle a fait des galettes. Et tu sais, c’est incroyable: chaque soir, il ne restait qu’une pincée de farine et quelques gouttes d’huile; et chaque matin, Dieu a redonné farine et huile, et il en redonnera toujours, jusqu’à ce que la pluie revienne! ... Cette femme, c’était ta mère. Et son enfant, eh bien, c’était toi!

Elie le regarde avec affection. “Tu es un homme, maintenant. Moi, je dois partir. Tu prendras soin de ta mère.”

Le silence est revenu. Lourd de plomb. Aucun des trois n’a plus faim.

Soudain, Elie se lève, brusquement. Renverse son tabouret, et court presque dans sa chambre. Il prend son baluchon, qui était prêt, et franchit la porte. La veuve essaie de se lever, mais Elie est déjà dehors, déjà parti. Son fils la serre dans ses bras. “Maman,  laisse-le, ils ont besoin de lui, là-bas. Pour dire des paroles d’espérance.”

- Je sais, dit la veuve. Dieu va envoyer la pluie. Enfin. Peut-être alors que son peuple lui reviendra?

                                      



 Mais Elie n’était (de loin pas!) au bout de ses surprises. À suivre! Amen

Jean-Jacques Corbaz 


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