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dimanche 21 décembre 2014

(Pr) « Un fils nous est donné? Laissez-moi rire! » Genèse 17 - Prédication du 21 décembre 2014

Lectures: Genèse 17, 1-8, puis 17-19; Genèse 18, 8-14; Luc 1, 67-79

 “Mon plus beau cadeau, c’est quand j’ai reçu un enfant”.

L’histoire est authentique. Elle s’est passée dans la banlieue de Paris, il y a 27 ans. Jean-Marc était jeune encore, mais il n’avait aucun but dans l’existence. La drogue l’avait pris. Plus de logement, il avait quitté sa famille. Pour se nourrir et avoir un peu chaud, il fouillait les poubelles... Vous imaginez la vie!

Une nuit d’hiver, il était en train de “rebatter” dans une décharge. Tout à coup, il entend des petits cris. Un chat? Il s’approche. Non, c’est un bébé, dans un cornet en plastique. Un bébé abandonné, affamé, transi de froid, juste enveloppé dans quelques vieux chiffons.

Bouleversé, Jean-Marc prend l’enfant dans ses bras, le réchauffe comme il peut. Le bébé est violet, tellement il a froid. Que faire? Le laisser là? Impossible, il mourrait en quelques heures.

Jean-Marc décide de l’amener à l’hôpital. Les infirmières l’accueillent, c’est une petite fille. Elles l’appellent “Violette” (vous devinez pourquoi), mais pensent qu’elles n’arriveront pas à la sauver.

Pourtant, à force de soins, elle survit, cette petite. Elle se développe et grandit, incroyable! La police ne trouve aucune trace de ses origines, et voilà que le jeune clochard devient son unique famille!

Et c’est alors le vrai miracle. Jean-Marc revit, il a quelqu’un à aimer. Quelqu’un dont il se réjouit de chaque visite qu’il lui fait. Il arrive à se sortir de ses dépendances, il retrouve du travail, et un sens à ses journées.

Quelques années plus tard, il dira: “J’ai sauvé la vie de Violette, oui, mais c’est surtout elle qui a sauvé la mienne. Cette petite m’a été donnée”. C’est une histoire vraie, arrivée à Paris, il y a 27 ans.

“Mon plus beau cadeau, c’est quand j’ai reçu un enfant. Tout à coup, ma vie avait un sens, une direction, une espérance”.




Au fond, Jean-Marc a revécu un peu l’histoire d’Abraham et de Sara. Evidemment, on ne peut guère comparer leurs existences! Le patriarche n’était ni pauvre ni drogué. Il n’en était pas à fouiller dans les poubelles pour se nourrir.

Encore que, du point-de-vue de l’espérance, ce n’était guère mieux. Juste avant notre passage, Abraham, arrivant à la fin de sa vie sans avoir eu d’enfant, avait dû se résoudre à procréer avec une servante. Vous imaginez la situation familiale. Sara ne supporte plus cette “mère porteuse” qui partage son foyer et son lit conjugal. Alors, elle finit par la chasser. Ce n’est pas la misère, mais c’est bien le fond de la détresse pour ce couple de nomades: car à l’époque, ne pas avoir d’enfant, c’était une condamnation à la mort sociale. Sans enfant, on n’avait aucune valeur, aucune possibilité d’être quelqu’un. On n’avait aucun avenir, aucune espérance.

Dieu donne un fils à Abraham et Sara. Et, à travers ce bébé, il leur donne une descendance incroyablement nombreuse. Ils sont exaucés au-delà de leurs prières, au-delà de toute espérance! “Mon plus beau cadeau, c’est quand j’ai reçu un enfant”, pourront-ils dire, eux aussi.




Et cette vieille histoire, qu’on se raconte depuis la nuit des temps, cette vieille histoire à moitié oubliée, elle resurgit un jour, au milieu du peuple d’Israël. Ce peuple qui se reconnaît dans la descendance promise au patriarche.

Notre récit a été composé à l’époque de l’exil à Babylone; alors que les royaumes d’Israël et de Juda sont démantelés; alors que le Temple de Jérusalem est détruit; qu’il n’y a plus de sacrifice ni de religion juive possible, plus de pays, plus rien. Comme Jean-Marc et comme Abraham, le peuple juif est au fond de la détresse, en train de fouiller les poubelles de l’histoire et de la foi pour se retrouver des raisons de vivre.

Dieu dit au patriarche: “Je vais faire de toi l’ancêtre de beaucoup de peuples. Ceux qui naîtront de toi seront très nombreux. Ils formeront des peuples, et des rois sortiront de ta lignée. Je vais faire alliance avec toi, avec tes enfants et les enfants de leurs enfants, de génération en génération. Cette alliance durera toujours. Ainsi, je serai ton Dieu et je serai le Dieu de tous ceux qui naîtront de toi”.

Vous voyez, dit l’auteur de notre passage, au temps de l’exil, oui, la promesse de Dieu est toujours valable. Son alliance, qu’il nous a donnée par Abraham, elle est toujours en vigueur. Oui, Dieu s’est uni à nous pour toujours. Oui, il reste ce Père qui donne, et qui, surtout, se donne, tout entier, pour ranimer notre espérance. Pour nous remettre debout. Il nous donne des enfants, signe d’avenir promis, signe que tout est encore possible, pour lui. Et pour nous.

En 500 et quelque avant Jésus Christ, le peuple juif retrouve, dans ce récit ancien d’Abraham et de Sara, la source de l’espoir; le niveau le plus profond de l’alliance de Dieu. C’est le Seigneur qui s’engage lui-même, unilatéralement, en notre faveur.

“Peuple de Jérusalem, tu penses que tu as tout perdu? Regarde pourtant ce que tu as encore: tu as encore Dieu, ton Dieu. Et tu as des enfants! Car les naissances, qui continuent, nos familles qui grandissent et se multiplient, ce sont des signes que l’alliance du Seigneur est toujours en vigueur. Elle subsiste pour les siècles des siècles. Peuple de Jérusalem, tu peux dire, comme Jean-Marc, et comme Abraham et Sara: “Mon plus beau cadeau, c’est quand je reçois un enfant”. Le cadeau de Dieu.

Bien sûr, ce n’est pas facile de faire confiance à ces promesses, surtout quand on est au fond du trou. Lorsque la déprime nous enfonce, l’espérance nous paraît utopique; impossible à concrétiser. Alors, Seigneur, tes belles paroles, ça nous fait plutôt rigoler!

Vous avez remarqué? Abraham, lui non plus, n’y croit pas. Ça le fait se gondoler. Ben oui, il est trop vieux, sa femme aussi... Il rit. “Cause toujours, Seigneur”! Et pourtant, Isaac va naître.

Et cette mention du rire, elle va être soulignée par deux fois, pour bien montrer que cette réaction, elle est tout à fait normale. La seconde fois, ce sera dans le récit plus connu de l’apparition à Mamré (au chapitre suivant); quand des anges, ou Dieu lui-même, va savoir, annoncent au patriarche qu’un fils leur sera donné. À Mamré, c’est Sara qui rigole, qui n’y croit pas. Comme pour dire: voyez, peuple en exil à Babylone, il y a aussi votre rire là-dedans, il y a aussi votre peine à croire que Dieu puisse vous remettre debout. Mais, comme pour Abraham et Sara, il agit, il intervient pour vous sauver, vous pouvez lui faire confiance!




Au fond, vous pourriez terminer cette prédication vous-mêmes. Car vous savez bien, vous ne savez que trop bien, tout ce qui nous fait aujourd’hui désespérer; tout ce qui nous jette dans la misère, morale ou pécuniaire; tout ce qui menace notre avenir; tout ce qui nous fait douter (ou rire) des promesses de Dieu.

Et l’on pense à des situations particulières d’hommes, de femmes ou d’enfants d’aujourd’hui. Et l’on pense aussi à notre Eglise, qui se sent parfois, elle aussi, vieillissante, décalée, condamnée à la solitude... Et l’on pense à nos valeurs, au respect, à la droiture, à la confiance, qui se délitent... Est-ce que nous ne ressemblons pas par moments au peuple de l’exil, il y a 2500 ans? Un espoir, de la part de Dieu? Qu’il soit puissant et agissant? “Parole, parole”, comme chantait Dalida! Laissez-moi rire!

Alors, c’est à nous, chrétiennes et chrétiens de 2014 et bientôt 2015, c’est à nous qu’est adressé ce récit d’Abraham. Pour nous aider à concentrer nos regards, nous aussi, sur ce que Dieu nous donne encore; ce qu’il n’arrêtera jamais de nous donner: je veux dire: lui-même. Sa promesse, son alliance. Lui-même et: et un enfant! Ce bébé du premier Noël, en qui les engagements du Ciel sont étendus à toute la terre! Ce bébé du premier Noël, qui est le signe que Dieu espère dans les hommes infiniment plus que nous-mêmes n’avons d’espoir en lui. Ce bébé du premier Noël, qui est le signe que Dieu espère dans les hommes (en toi, en toi, en moi, même!) que Dieu espère en nous infiniment plus que nous n’avons d’espoir en nous-mêmes!

Sans conditions; sans marchandage du genre “donnant-donnant”, Dieu fonce! Sans nous attendre.

Sans nous attendre, mais pas sans attentes à notre égard! Car Dieu espère, oui, que nous osions courir derrière lui. Il souhaite de tout son coeur (et Dieu sait, et vous savez, comme il est grand, ce coeur!), il souhaite de tout son coeur que nous parvenions à lâcher nos peurs, nos tristesses, nos doutes; tout ce qui nous engourdit et nous paralyse, pour entrer avec lui dans la liberté de l’espérance.

Il souhaite que notre regard change, sur le monde et sur nous-mêmes; sur ce qui nous arrive. Que nous puissions discerner les signes de la présence de Dieu. Pour que nous puissions dire, avec le pasteur Zeissig (je cite): “La vie, elle n’est pas dans ce qui nous arrive. La vie, c’est ce que nous faisons de ce qui nous arrive.”

Puisse ce regard nouveau naître un vrai jour de Noël! Pour que nous puissions d’abord rire, et puis dire, avec Jean-Marc, avec Abraham et Sara, un jour qui soit celui de notre vraie naissance: “Mon plus beau cadeau, c’est quand j’ai reçu un enfant. Tout à coup, ma vie a un sens, une direction, une espérance. Le cadeau de Dieu.”. Amen

Jean-Jacques Corbaz



Sculpture

 


N.B.
Quelques précisions. Je n'ai pas abordé certaines questions adjacentes au texte de Gen. 17 qu'il aurait été bon de clarifier (ajd, je me suis concentré sur un seul axe).
Lors de l’étude biblique à Crêt-Bérard, j'avais + de temps, alors j'ai commenté en passant:
- les deux noms Abram / Abraham, leur signification et leur prononciation (dans le temps, on disait "Abran")
- l’AVS (enfants = AVS)
le nom “El Shaddaï” (Gen. 17, 1), dont j'ai parlé dans une prédication antérieure, qu'on traduit souvent de manière erronée par "le Tout-puissant" alors qu'il faudrait le rendre par "le Dieu fort" ou "le Dieu puissant" (voir sous http://textesdejjcorbaz.blogspot.ch/2014/11/pr-dieu-tout-puissant-predication-du-2.html)
- le chant “As-tu compté les étoiles?”
- "se concentrer sur l’essenCiel" en résonance avec 2 Corinthiens 4-5

JJC



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