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dimanche 4 octobre 2015

(Pr, Hu) Dieu de grand-père, Dieu de grand-mère (de Gorki à R. Devos) - prédication du 4 octobre 2015

Lecture:  Esaïe 65, 1-2 


Monsieur le pasteur est très fier de sa treille, qui donne de magnifiques raisins. Mais, alors qu’il va bientôt pouvoir les cueillir, un matin, il voit qu’on lui en a volé la moitié! Furieux, il appose un gros panneau à côté de sa vigne, où il écrit: “Dieu voit tout”. Mais le lendemain, toutes les grappes restantes ont disparu. Et une main anonyme a ajouté, en-dessous de “Dieu voit tout”: “Mais il ne dénonce pas!” ...



Deux images de Dieu, bien différentes: celui qui épie les fautes; et celui qui pardonne. Lequel est ton Dieu, à toi?

Cette question va nous accompagner au long de ce culte, ce matin. Mais aussi tout au long de cet hiver de catéchisme. Quel est ton Dieu?

Le célèbre écrivain russe Maxime Gorki, né en 1868, a déjà longuement médité sur cette question. Dans son livre “Ma vie d’enfant”, il raconte l’histoire de sa relation avec Dieu. Maxime Gorki était un ami de Lénine, mais il est toujours resté adepte d’une foi chrétienne paisible et joyeuse. Ecoutez ce qu’il écrit:

“Je compris très vite que le Dieu de grand-père n’était pas le même que celui de grand-mère. Impossible de s’y tromper, la différence était flagrante.

Le matin, quand grand-mère se réveillait, elle priait sans se préparer spécialement; et presque chaque jour elle trouvait de nouveaux termes de louange. Son enthousiasme me donnait envie de l’écouter.

Le Dieu de grand-mère était toute la journée avec elle: même aux animaux, elle parlait de lui. Je sentais que les gens, les chiens, les oiseaux, les abeilles, les plantes, tout obéissait sans effort à ce seigneur qui était bon de la même manière pour chacune de ses créatures.

Grand-père, lui, m’enseignait que Dieu est un être tout-puissant, omniprésent, toujours prêt à venir en aide aux hommes, certes; mais grand-père ne priait pas comme sa femme.

Le matin, avant de réciter ses oraisons, il se lavait soigneusement; s’habillait comme s’il allait passer un examen; se peignait méticuleusement...

Il priait debout, la tête rejetée en arrière, les sourcils haussés, la barbe à l’horizontale. Il récitait ses prières comme s’il répondait à un professeur. Par coeur. Sa voix était nette et impérieuse.

Un jour, grand-mère, en plaisantant, lui dit:

- Ta prière doit ennuyer Dieu, tu lui répètes toujours la même chose...

Le visage de grand-père devint rouge de colère. Il se mit à trembler, puis il lança une assiette à la tête de sa femme:

- Va-t’en, vieille sorcière!

Quand il me parlait de la force invincible de Dieu, il en soulignait la cruauté avant toute autre chose. J’avais de la peine à croire que Dieu soit cruel...

À l’église, je pouvais distinguer à quel Dieu j’avais affaire: tout ce que le prêtre et le diacre récitaient s’adressait au Dieu de grand-père, tandis que la musique et les chants célébraient celui de grand-mère.

Le seigneur de grand-père m’inspirait de la peur et même de la haine. Il n’aimait personne. J’avais le sentiment très net qu’il ne croyait pas en l’homme.

À cette époque, la pensée de Dieu composait la principale nourriture de mon âme. C’était ce que j’avais de plus beau dans ma vie. Dieu était ce qu’il y avait de plus lumineux, de meilleur, l’ami de la création.”


 

Voilà. J’aime bien ces lignes de Maxime Gorki. Et je partage ses sentiments. Beaucoup de mes contemporains adorent un Dieu qui n’a pas grand-chose de commun avec celui que j’aime, et que j’ai envie de vous faire découvrir, vous les catéchumènes de 7 à 177 ans!

Cet été, pendant mes vacances, je suis entré dans une vieille église. Dehors, grand soleil. Mais à l’intérieur, c’était très sombre. Je distinguais à peine les bancs. Pourtant, peu à peu, mon oeil s’est accommodé. Je distingue de mieux en mieux les formes; les sculptures, les piliers, les voûtes... De très belles choses m’apparaissent, alors que deux minutes avant j’étais incapable de les voir.

Une seule chose pourtant a changé depuis que je suis entré. Et ce n’est pas l’église, c’est seulement mon regard.

De même, souvent la vie m’apparaît comme toute sombre et je n’y distingue rien de beau. Et si c’était mon regard qui ne me permet pas de discerner la beauté et le bonheur?

Je me dis parfois que le monde est plein de gens heureux qui ne voient pas qu’ils sont heureux. Or Dieu non plus, nous ne savons pas le voir. Nous pensons que c’est tout noir, là aussi!

La vérité ne crève pas les yeux. C’est plutôt nos yeux qui ont à peu à peu crever les choses qui nous cachent la beauté, et la vérité.

Voilà le catéchisme qu’il nous reste à entreprendre. Toutes et tous, non?

Amen                                          


Jean-Jacques Corbaz





Après la prédication:
Merci à Maxime Gorki, mais aussi à Philippe Zeissig, à qui j’ai emprunté des fragments de ma prédication. Et encore, merci à l’immense humoriste Raymond Devos, à qui j’emprunte deux sketches que j’aime beaucoup. Je les lui emprunte, mais promis: je les rendrai!


J’ai lu quelque part :
 « Dieu existe, je l’ai rencontré ! »


Ça alors ! Ça m’étonne !
 
Que Dieu existe, la question ne se pose pas !

Mais que quelqu’un l’ai rencontré
 
avant moi, voilà qui me surprend !

Parce que j’ai eu le privilège


de rencontrer Dieu juste à un moment
 où je doutais de Lui !
Dans un petit village de Lozère


abandonné des hommes, il n’y avait plus personne.

En passant devant la vieille église,


poussé par je ne sais quel instinct, 
je suis entré...
Et là, j’ai été ébloui, par une lumière


intense... insoutenable !

C’était Dieu... 
Dieu en personne, 

Dieu qui priait !

Je me suis dit : Mais qui prie-t-il ?


Il ne se prie pas lui-même ?

Pas lui ? Pas Dieu ?

Et non ! Il priait l’homme !

Il me priait, moi !

Il doutait de moi

Comme j’avais douté de lui !

Il disait : -O homme !


si tu existes, donne-moi un signe de toi !

J’ai fait : Mon Dieu je suis là !
Il a dit : Oh, miracle !


Une apparition humaine !

Je lui ai dit : Mais, mon Dieu...

Mais comment peux-tu douter

de l’existence de l’homme,

puisque c’est toi qui l’a créé ?
Il m’a fait : Oui... Mais il y a si longtemps


que je n’en ai pas vu dans cette église...

je me demandais si ce n’était pas une vue de l’esprit !
Je lui ai dit : Te voilà rassuré, mon Dieu !


Il m’a fait : Oui !

Oui, je vais pouvoir aller leur dire là-haut : 

« L’homme existe, je l’ai rencontré ! »

Raymond Devos



 

Envoi en caté:
(on ne peut pas "rater" le caté. Mais on peut rater sa vie...

Pour la relation avec Dieu: nous sommes toujours insuffisants, mais toujours, c'est Dieu qui rachète nos "loupés" pour nous rendre dignes d'être les plus aimés du monde!)

Je me suis fait tout seul

Mesdames et messieurs, je dois vous dire tout d'abord


que je me suis fait tout seul et ...

et que je me suis raté.

Je me suis raté, quoi !

J'ai d'autant plus de mérite à l'avouer que ça ne se voit pas tellement !


- Encore que personne ne m'ait jamais dit:

"Vous vous êtes réussi !" -

En réalité, je me suis fait plus moche que je ne suis !

Tout au début, tandis que je me faisais, je voyais bien que je ne me faisais pas bien.

Mais comme à chaque fois que je disais que je me faisais mal, les gens disaient : "C'est bien fait !",

... J'ai continué à me faire mal en croyant bien faire.

Et puis, quand j'ai vu la tournure que je me prenais... j'ai tout arrêté.


Et je me suis laissé dans l'état où vous me voyez !

Alors, on a dit :

"Non seulement il est raté, mais en plus, il n'est pas fini!
"
Eh, bien, j'aime mieux ça !

J'aime mieux ne pas être fini !

Un homme fini, il est fini !

On a beau me dire : "Il est réussi !"

Je réponds : "Oui ! Mais il est fini !"

Au fond, je préfère être inachevé, comme une symphonie !

Il y a de belles symphonies inachevées.

- Encore que une personne ne m'ait jamais dit :

"Vous êtes une belle symphonie inachevée ! ". -

L'avantage, quand on s'est raté, c'est qu'ensuite, on peut tout rater impunément, personne ne vous en fait grief !


On se sent sûr de soi, on est serein !

Exemple :


A l'école, le jour des examens, tous mes camarades avaient peur de ne pas réussir !

Moi, je n'avais pas peur !

Ils se présentaient, tout tremblants, à l'examen.

Moi, j'étais confiant !

J'étais sûr de rater !

Et: ça ne ratait pas; l'examen, je le ratais haut la main !

(J'ai toujours réussi à rater tous mes examens.)

Je ne sais pas comment vous expliquer.

Pour un raté ... (eh bien) rater, c'est estimer avoir réussi là où les autres considèrent qu'ils ont raté !

Exemple :


chaque fois que je fais un pas en avant et que je le rate,
(eh bien) j'ai la sensation de progresser !


- Encore que personne ne m'ait jamais dit :

"Sur le plan raté, vous avez fait des progrès !" -
Et pourtant, j'en ai fait !

Je rate mieux qu'avant !

Avant, je ratais une fois sur deux !

Maintenant, je rate à tous les coups !

Finalement,


il n'y a qu'une chose que je sache bien faire :

c'est rater !

Si bien que, si c'était à refaire, s'il fallait que je me refasse, je me raterais de la même façon !

Parce que, dans le fond:
On ne se refait pas !

Raymond Devos   




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