Lecture: Luc 3, 1-6
Il était une fois deux jeunes filles. Et, comme dans tous les contes, ces deux jeunes filles n’avaient qu’un seul rêve: elles attendaient le Prince charmant! L’une s’appelait Delphine, et l’autre Barbara.
Or, un jour, elles reçoivent un message: “Tenez-vous prêtes, leur est-il dit, ce soir le Prince vous invite à une fête. Il viendra vous chercher.”
- Oh, dit Delphine, c’est merveilleux! Le Prince m’invite, peut-être qu’il me trouve belle, qu’il m’aime!
- Oui, fait Barbara. Mais quand va--t-il venir? Il aurait pu le préciser. Et que vais-je faire, en attendant?
Les deux soeurs s’habillent. Delphine, de la joie plein le coeur, allume du feu dans la cheminée. Il fait bon.
Pendant ce temps, Barbara s’inquiète: ma coiffure ne va pas, zut, je recommence. Puis c’est sa robe, qu’elle veut changer.
Delphine, près du feu, voit tout à coup une araignée. D’habitude, elle en a peur. Mais aujourd’hui, toute à la promesse de la fête, elle la regarde autrement. “Mais c’est joli, une araignée! Elle a plein de reflets de toutes les couleurs, comme les flammes dans la cheminée”...
Soudain, un grand brouhaha vient du dehors: une troupe joyeuse de jeunes passe tout près. Delphine sort. “Ohé, leur crie-t-elle, venez chez nous, il y a du feu, il fait bon!”. Les jeunes entrent. “Barbara, tu viens?”.
- Non, répond la soeur, je dois rester à la fenêtre, pour guetter le Prince, quand il arrive.
Delphine, avec ses nouveaux amis, s’amuse et danse toute la nuit. Et, au matin, elle reconnaît, juste à côté d’elle... le Prince, qui a enlevé son déguisement. Il a fêté toute la nuit, avec elle!
Pendant ce temps, Barbara, triste, déçue, s’est endormie à sa fenêtre. Pour elle, le Prince n’est pas venu.

J’aime ce conte, qui nous parle de vivre, et d’espérer. De vivre ce qu’on espère. Ce que nos espoirs peuvent changer dans nos vies!
Car ce que nous attendons (que ce soit l’Amour, ou la Paix, ou la réussite, peu importe), ce que nous attendons, nous pouvons, comme Delphine, commencer à le dessiner. Nous pouvons l’anticiper. Elle allume du feu, elle regarde l’araignée avec joie, elle invite les jeunes. La promesse du Prince la met en route; et cela changera sa vie!
Barbara, au contraire, attend de manière négative. Irritée par le flou de l’annonce, elle finira par passer à côté de la fête.
Cette histoire est en fait une fable, à plusieurs niveaux: on peut l’entendre comme une parabole sur l’amour, le grand Amour, et la façon de l’attendre.
On peut lire aussi, derrière la venue du Prince, par exemple nos relations avec les autres; la Paix mondiale; ou le règne de la justice.
On peut enfin comprendre cette venue du Prince comme la venue du Christ, son retour parmi nous, son règne. Oui, je crois que le pouvoir de Dieu sur nous est exactement celui du Prince charmant sur Delphine et Barbara: une promesse, un amour donné, une espérance semée dans nos coeurs. C’est là sa seule puissance.
Et ce message peut prendre vie en nous, comme chez Delphine. Il peut nous faire créer de grandes choses, des fêtes joyeuses, des réconciliations... des amours, des Grands Amours! Il peut encore nous mettre en marche pour bâtir, dans notre maison, sur cette terre, plus de justice et de paix...
- Comme il peut, hélas, rester lettre morte, à l’image de Barbara, et nous laisser à la fenêtre, amers, frustrés: nous n’aurons rien reçu. Pour nous, il ne se sera rien passé.
C’est cela, préparer les chemins du Seigneur, en nous, cette transformation intérieure à l’image de Delphine. C’est à cela que Jean Baptiste nous appelle, aujourd’hui comme il y a 2000 ans. En allumant les quatre bougies de nos couronnes, puissions-nous, dans cet Avent, faire grandir dans nos coeurs les qualités dont nous avons parlé, lors de notre atelier: la foi, l’espérance, l’amour et la paix. Puissions-nous tous recevoir ce trésor extraordinaire, et le laisser tout changer dans notre vie! Amen
Jean-Jacques Corbaz