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dimanche 3 janvier 2016

(Pr) Le curé flingueur

Prédication du 3 janvier 2016

Lectures:  1 Corinthiens 16, 19-24; Luc 9, 51-55


À la fin des épîtres de la Bible, il est rare qu’on lise attentivement  les salutations et qu’on prêche sur elles. Mais là, ce verset m’a sauté à la figure: “Si quelqu’un n’aime pas le Seigneur, qu’il soit maudit”. Ouille là!
 
Cette phrase surprend, elle fait tache, avec le reste de la lettre, et avec tout ce que nous savons de l’amour chrétien dans le Nouveau Testament! Elle nous gêne et nous interroge. Comment la comprendre?


 

Un qu’elle ne devait pas gêner, c’est Don Eladio Blanco Vila, curé d’un village espagnol. Lors d’un service funèbre, il a tiré sur ses paroissiens, parce que ces derniers lui résistaient!

C’est en 1987. Don Eladio préside les funérailles d’une dame âgée qui n’allait pas à l’église. En chaire, il déclare que la défunte n’a pas droit au sacrement, puisqu’elle ne pratiquait pas. Et que, dès lors, il n’ira pas au cimetière pour la mise en terre.
 
Les quelque 300 fidèles et la famille se fâchent; ce que Don Eladio considère comme une offense. Indigné au point d’en oublier le commandement “Tu ne tueras pas”, le curé sort de sa poche un revolver! Il tire cinq fois sur ses paroissiens, blessant un homme avant d’être désarmé par la foule.

Don Eladio court alors se barricader dans la sacristie, d’où il menace la foule avec un fusil d’assaut militaire. On appelle la police pour ramener le calme... Et on découvre un véritable arsenal chez ce curé pas comme les autres! Vous le voyez, les musulmans djihadistes ne sont pas seuls de leur espèce...
 
  


On ne sait pas très bien s’il faut en rire ou en pleurer, de cette histoire vraie, parue dans 24 Heures en 1987. En tout cas, elle révèle un état d’esprit inquiétant: penser que la foi chrétienne, c’est un ensemble de “devoirs”, qu’il faut accomplir; et croire qu’avec des menaces, par la force ou par la peur, on peut changer les gens.
 
Nous sommes bien d’accord: tout ça n’a rien à voir avec l’évangile. Même si parfois, un bout de phrase dans le Nouveau Testament lui-même va dans ce sens. Car l’intolérance est un poison répandu partout, et prêt à resurgir à l’occasion, dans un accès de colère ou de frustration, comme dans notre histoire.

Faut-il en rire ou en pleurer, de ce curé flingueur? Pour ma part, je vous propose plutôt d’en rire. Mais d’un rire qui se moque autant de Don Eladio que de nous-mêmes. D’un rire qui n’oublie pas nos envies de parfois imposer «notre» vérité, voire notre intolérance. D’un rire qui démasque la violence qui dort en nous, en chacun(e) de nous; qui la révèle comme l’a fait l’événement fondateur de notre foi, la mort de Jésus sur la croix.
 
 


“Si quelqu’un n’aime pas le Seigneur, qu’il soit maudit. Maranatha (= le Seigneur vient). Ce verset, pour les exégètes, serait un ajout tiré des liturgies de la première Eglise, des liturgies de sainte cène. Il était destiné à mettre en garde les croyants, pour éviter qu’ils ne prennent la communion sans être conscients de l’immense cadeau que nous fait Jésus en mourant pour mettre fin à la spirale de la violence.

Cette injonction date d’un temps où il était vital pour les premiers chrétiens de bien baliser les limites qui les séparaient des païens. On vivait alors dans une société où l’intolérance et l’exclusion étaient la norme. J’ose croire que ce n’est plus le cas aujourd’hui, grâce à l’enseignement du Christ. Euh... Même si j’ai des doutes, parfois, quant à notre capacité de nous comporter en êtres évolués...

Pour ma part, je n’arrive pas à maudire celui qui n’aime pas le Seigneur. Le Dieu en qui je crois, c’est celui qui réprimande les disciples quand ils voulaient appeler le feu du ciel sur les villes infidèles. Jésus, oui, a versé son sang pour détourner de nous cette malédiction, pour la prendre sur lui à notre place. Ce qui lui permettra d’oser nous demander cette énormité, oui, cet appel hors normes: “Aimez vos ennemis”.
 
Depuis Vendredi Saint et Pâques, la violence et la haine ont été condamnées à mort! Au matin du tombeau vide, Dieu a semé les graines d’un avenir différent, de relations nouvelles entre les humains. Pour que meurent en nous les tentations d’imposer par la force ou par la peur notre vérité, si juste soit-elle; pour que naisse en nous une qualité de dialogue et d’écoute: qu’on se parle, sans se tirer dessus!
  

 
Tolérance. Tout le monde en parle, de la tolérance. Tout le monde est d’accord avec la tolérance. Peut-être même Don Eladio et ses frères... Le problème, c’est quand on arrête d’en parler pour la vivre, la tolérance. Le hic, c’est quand les frustrations et le stress s’accumulent; et tournent en colère mal maîtrisée. Alors, parfois, ça explose: une gifle, une insulte, que souvent après on regrette. Et puis, une fois tous les coups de canon, c’est le drame. Peut-être qu’un Don Eladio sommeille en chacun(e) de nous?
 
Merci donc de veiller sur nos colères, sur nos vexations, sur nos germes de violence. Veiller dessus, ça veut dire pour moi oser les regarder en face, avec le Christ qui m’aide à rester fort. Ça veut dire pour moi les remettre à Dieu, les laisser se transformer au soleil de la Tendresse majuscule qui nous est donnée, gratuitement, grâce à Jésus.
 
Essayer de désamorcer nos germes de violence. - Et aussi, bien sûr, de prévenir celles des autres! Autour de nous, et dans le monde. Comme le disait Dieu à Caïn: “La violence est un monstre tapi derrière ta porte. C’est à toi d’en être le maître. Domine-la!”
  
 
Et là, chers amis, il faut encore dire, une énième fois, que nos contemporains font souvent fausse route. Car si mes frustrations et les brimades que je subis peuvent réveiller le Don Eladio qui roupille en moi, combien davantage encore les humiliations que subissent, au hasard les musulmans chez nous risquent d’attiser l’incendie et de provoquer des explosions comme on en a vu du côté de Paris... L’intolérance provoque l’intolérance en retour, et seuls les extrémistes en profitent. Merci d’y veiller aussi! Comme disait Dieu: “La violence est un monstre tapi derrière ta porte. C’est à toi d’en être le maître... Domine-la!”. Amen                                          


Jean-Jacques Corbaz 






2 commentaires:

  1. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  2. De Jacqueline Dupuis-Baumann:

    Bien le bonjour Jean-Jacques, j'aime bien lire de temps à autre les prédications que tu postes gentiment sur ta page et ton blog... Dans celle de ce matin, je réalisais que je buttais sur une affirmation... J'ai essayé de publier un commentaire sur le blog, sans succès, me semble-t-il... voilà le pourquoi de ce message. Or donc, c'est cette affirmation qui me questionne: "Depuis Vendredi Saint et Pâques, la violence et la haine ont été condamnées à mort!" J'aurai besoin d'un supplément d'explications... Serais-tu d'accord de m'en donner... Un grand merci d'avance. Et je profite de ce mot pour te souhaiter une année 2016 bénie, pleine de bénédictions et qui soit à la hauteur de tes attentes ! Bye and God bless you émoticône smile


    Réponse de JJC:

    Merci beaucoup, Jacqueline !
    Volontiers!

    Cette phrase fait référence à ce qu’on appelle en théologie et en philo la « dialectique du déjà et du pas encore ». À savoir qu’en Christ, Dieu a déjà fait toutes choses nouvelles, supprimant le mal, la souffrance et la mort ; mais que la pleine réalisation de ce qu’il a fait n’est pas encore achevée. Nous sommes donc dans un temps intermédiaire : sûrs que tout est fait, que la « bataille » est déjà gagnée ; mais devant d’autre part attendre que tout cela se concrétise pleinement, à l’ « eschaton », aux derniers jours.

    Pour traduire cela, j’ai choisi l’image d’une personne condamnée à une peine : la peine est décidée, prononcée ; mais l’exécution de la peine n’est pas encore effective.
    Donc la violence et la haine n’ont plus cours dans la volonté de Dieu, elles sont en train d’être radiées du monde. Nous n’avons donc en aucun cas à les prolonger par nos gestes d’agressivité. Tu vois ?
    L’appel du Père, c’est que nous fassions tout notre possible pour favoriser la disparition de ces « humâneries », comme chante Nougaro !

    Il aurait été souhaitable (je m’en rends compte grâce à ta question) d’expliciter un peu mieux la chose. Mais là, le défi était de tenir le culte dans une durée de 45 minutes maximum, y compris 3 chants du Chœur, puisqu’après il y avait :
    - une brève partie officielle
    - un concert du Chœur post-culte
    - un après-culte / après-concert

    Le culte débutant à 10h15, nous avons réussi à terminer à 11h02’ !

    Au plaisir de te lire, merci de tes contributions intéressantes !
    Bisous

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