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dimanche 20 mars 2016

(Pr, Hu, Co) âneries et compagnie

Dialogue d'ânes - prédication des Rameaux 2016

Beaucoup de gens, quand on parle de Jésus (et surtout de Jésus ressuscité) pensent que nous disons des… euh… disons : des âneries! Nous avons donc essayé de deviner ce que les ânes pouvaient bien en penser, du catéchisme, de l’évangile, et surtout de l’événement de Pâques.
  

 
Anne Lecture de Jean 12, 12-15 – puis PHRASE D’ORGUE  (JJ enlève sa robe)

Anne (en chaire): Dix jours après l’entrée triomphale de Jésus à Jérusalem, cinq jours après sa mort sur la croix, deux ânes se retrouvent dans leur étable, autour de leur mangeoire, et discutent des événements de la semaine. Ils s'appellent Odin… (je mets mon badge “âne Odin") et Onim … (idem Alain “âne Onim")

Odin (criant d’excitation): Onim, Onim, si je te raconte ce qu’il m’est arrivé ces derniers jours, tu me croiras jamais...

Onim: Tu parles! Depuis une semaine, on ne parle que de ça dans toutes les étables, depuis Jérusalem jusqu’à Béthanie. Il paraît que tu as fait un véritable triomphe dimanche dernier avec un type un peu bizarre monté sur tes épaules...

Odin: Tu te souviens, quand ces deux types qui sentaient le poisson sont venus me chercher. Ils étaient tout excités, ils ont parlé d’un roi qui avait besoin d’une monture... Non mais, tu te rends compte... J’ai tout de suite vu que ces types s’étaient trompé de porte: venir chercher un âne pour: un roi! Ils m’ont détaché; peut-être qu'ils m’ont pris pour un cheval de parade... j’allais quand même pas les contredire!

Onim: Non, mais! Tu t’es regardé?! Toi, un cheval de parade? Avec tes oreilles tombantes, ton air bête et ta robe grise?... Je t’assure, la confusion n’était pas possible; ou alors ces deux types avaient trop abusé de flacons du Côtes de Judée ou du Château Massada... Non, réellement, s’ils t’ont détaché, c’est qu’ils avaient vraiment besoin d’un âne, et du plus petit d’entre nous, sans vouloir te vexer...

Odin: Allez, arrête, gros jaloux! Je t’assure: il s’agissait bien d’un roi. La foule était déchaînée - d’ailleurs, je suis sûr que tu l’as entendue d’ici - la foule criait de joie, et chantait “Aux ânes, ah, aux ânes, Hosanna!”, les gens jetaient des rameaux devant mes sabots, certains même posaient leurs manteaux devant moi, pour éviter que la poussière ne me salisse les pattes... Ah, c’est bon la célébrité! Toi, tu ne connaîtras jamais ça!
 

 
Onim: Ah! Dix jours que tu es parti et tu ne connais plus les copains? mais c’est la cata, l’âne (comme dirait un gars de Barcelone)! Au lieu de faire le fier, essaie plutôt de comprendre quelque chose à cette histoire. Les deux gars qui sont venus te chercher, tu crois qu’ils ressemblaient à des serviteurs de roi? Tu as toi-même dit qu’ils sentaient le poisson. Et puis, tu as vu leur costume: encore plus poussiéreux que ta robe! J’ose pas imaginer la tête d’un roi qui aurait des serviteurs comme ça...

Odin: Ah ben, justement, parlons-en de ce roi. C’est vrai, il ne ressemblait pas à un personnage royal. Ses habits n’étaient pas de la première jeunesse, et ils étaient aussi poussiéreux que ceux de ses disciples. Ça n’a rien d’étonnant d’ailleurs: d’après ce qu’on m’a dit, ça fait trois ans qu’ils parcouraient le pays de long en large, à pied, sur ses routes pleines de sable et de poussière...

Onim (sournois): Lui aussi, il sentait le poisson?!

Odin: Mais non, arrête donc tes humâneries! Au contraire, la première fois que je l’ai vu, il sentait bon la myrrhe... Mmh, un parfum de noble ça! Pourtant, ce qui m’a le plus étonné, c’était son visage: dans cette euphorie collective, lui il était grave, et même triste...

Anne (en chaire. Lecture de Luc 19, 41-44): Quand Jésus fut près de la ville de Jérusalem, il pleura sur elle, en disant:
- Jérusalem tu n'as pas compris comment trouver la paix! Mais des jours vont venir, où des ennemis t'attaqueront et t'assiègeront. Ils te détruiront, parce que tu n'as pas reconnu le temps où Dieu est venu pour te faire du bien.
 

 
Onim: Ah dis donc, il est pas banal ton "roi": il est entouré d’une troupe de va-nu-pieds, des habits de clochard, et il pleure quand tout le monde chante et l'acclame... Laisse-moi te dire une chose: si un jour le pays est gouverné par un tel personnage, on n’est pas sorti de l’étable... Je me demande bien pourquoi tu persistes à croire qu’il est roi.

Odin: Si tu avais vu son visage! Même en larmes, il reflétait une incroyable majesté, et un tel amour, que l’espace d’un instant, j’ai oublié que j’étais toujours un âne... C’est moi qui avais son poids sur mon dos, et pourtant, j’ai eu l’impression que c’était lui qui me portait...

Onim: Ah parce que tu crois que la sérénité de son visage, ses larmes, son odeur de myrrhe suffisent pour en faire un roi?! Pilate peut encore dormir tranquille, je te le dis...

Odin: Pilate n’est pas si tranquille que ça, pas plus que les prêtres juifs, d’ailleurs...

Onim: S’il te plaît, ne saute pas du coq à l’âne. Je n’arrive plus à suivre…
  

 
Odin: Quoi, mais tu n’es pas au courant? Oh, tu es vraiment bête à manger de l’avoine! Ils l’ont condamné au supplice de la croix. Et Pilate, que ça arrangeait bien, il paraît qu'il s’en est lavé les mains. Pourtant, quelque chose me dit que ni les uns ni les autres ne dorment tranquilles depuis sa crucifixion... Tu sais pourquoi?

Onim: Tu vas encore me dire que tu détiens un secret... Décidément, les bains de foule, ça ne te réussit pas! Ah non, petit ânon!

Odin: Mais je n’ai pas parlé de secret; d’ailleurs, la nouvelle doit commencer à circuler. Figure toi que depuis vendredi, depuis le jour de sa mort, je l'ai: revu.

Onim: Ben voyons, prends-moi pour un bourricot. Voilà que tu donnes dans le paranormal maintenant. Tu crois aux fantômes?

 Odin: Ecoute, j’étais au pied de la croix. J’ai vu cette même foule l’acclamer au début de la semaine, et puis cracher sur lui ce vendredi. J’ai vu les soldats romains qui l’insultaient et qui se moquaient de lui. Ils avaient d’ailleurs pendu au-dessus de lui un écriteau: «Jésus de Nazareth, roi des Juifs»...
   

Onim: Là, je veux bien te croire. Les hommes sont tous les mêmes, plus bêtes encore que nous: ils sont capables de tuer même les meilleurs d’entre eux. Mais justement, ça fait de ton Jésus un drôle de roi...

Odin: Quand ils l’ont descendu de la croix pour l’emmener au tombeau, j’étais là... Mais cette fois, ce ne sont pas des disciples sentant le poisson qui l’ont emporté; non, c’est un riche monsieur, un certain Joseph d’Arymathée. Il a mis son corps sur mon dos et c’est moi qui l’ai porté jusqu’à son tombeau. Et là, mais quelle surprise: je n’ai jamais porté un homme qui pèse si lourd, comme si ses souffrances et sa mort l’avaient chargé de tout le poids de l’humanité.

Onim: Oh mais dis donc, c’est que tu deviens sentimental et spirituel. Pourtant, ça n’en fait toujours pas un roi. Pour moi, un roi, c’est fort, c’est triomphant, et surtout: c’est vivant!

Odin: D’abord, un roi ne fait pas forcément la guerre. Il peut aussi régner, comme Jésus, par la force du respect et de l’amour.  Ensuite, mes oreilles sont peut-être tombantes mais, au moins, moi, j’entends quand on me parle. Parce que: je viens de te dire que je l’ai vu vivant depuis vendredi dernier. Et même plus, je l’ai de nouveau porté, jusqu’en Galilée, cette fois.

Onim: Tu l’as vu mort sur sa croix. Et puis tu l’as vu vivant sur la route de Galilée… Faudrait peut-être arrêter de me prendre pour un âne... Aujourd’hui, il est vivant, ou il est mort?

Odin: Ecoute, je ne peux pas t’expliquer ça, tout ce que je sais, c’est qu’il est de nouveau monté sur mon dos...

Onim: Mais comment tu as fait pour le reconnaître?

Odin: Je ne peux pas te l’expliquer; pourtant n’oublie pas que c’était la troisième fois que je le portais, tout de même. Je ne sais pas, en le portant, j’ai su que c’était lui, c’est tout! Mon âme d’âne l’a senti.
   
Bloemaert

Onim: Ecoute, moi je ne crois que ce que je vois. Et une chose est sûre, si les choses se sont vraiment passées comme tu me les racontes, on ne va pas tarder à en entendre parler...

Anne (en chaire): On entend une voix qui vient de l’extérieur de l’étable: “Jacques, André, dépêchez-vous... Il faut seller les ânes... Nous partons tout de suite... Vous n’avez pas entendu Marie? Le Maître, Jésus, il est vivant; et il nous attend...”

Odin: Tu vois, je te l’avais bien dit...

Anne (en chaire. Lecture de Philippiens 2, 5-11). Entre vous, conduisez-vous comme des gens unis au Christ, Jésus. Lui, il est l'égal de Dieu, parce qu'il est Dieu depuis toujours. Pourtant, cette égalité, il n'a pas cherché à la garder à tout prix pour lui. Mais tout ce qu'il avait, il l'a laissé. Il s'est fait serviteur, il est devenu comme les hommes, et tous voyaient que c'était bien un homme. Il s'est fait plus petit encore: il a obéi jusqu'à la mort, et il est mort sur une croix! C'est pourquoi Dieu l'a placé très haut et il lui a donné le nom qui est au-dessus de tous les autres noms; pour que tous, oui tous tombent à genoux en entendant le nom de Jésus; et que tous reconnaissent ceci: Jésus-Christ est le Seigneur, pour la gloire de Dieu le Père. Amen.

PHRASE D’ORGUE  (JJ remet sa robe)

JJ : Les bourricots de notre histoire ont sans doute bien des frères et des sœurs. Car il n’est pas du tout facile, pas du tout évident, de croire en la Résurrection.

Mais attention : ne traitons pas d’ânes ceux qui expriment des doutes. C’est au contraire très humain ! C’est normal, surtout à 15 ans ! Ne traitons pas de catéchumânes les adolescent(e)s qui ne partagent pas les certitudes de leurs aînés ! Ils sont un juste reflet de notre humânité (si j’ose dire !).

Ils sont en marche, quelque part entre Jérusalem et la Galilée. Je veux dire: quelque part entre les questions sans réponses, devant le tombeau vide, d’une part; et la rencontre vivante du Christ d’autre part.

Puissent-ils continuer à avancer, telle est notre prière. Et puisse le Ressuscité leur révéler, parfois, mystérieusement, qu’il chemine à côté d’eux depuis toujours; comme il l’a fait pour les fameux pèlerins d’Emmaüs !  Amen. 


Jean-Jacques Corbaz



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