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dimanche 13 mars 2016

(Pr) Notre mission

  

Prédication du 13 mars « Le bon berger... (une autre lumière) »
 

Lectures: Matthieu 9, 35-38; 2 Timothée 2, 11-15


Ils ont eu de la chance, les disciples de Jésus! Selon l’évangile de Matthieu, ils ont vu leur maître poser son regard sur les foules de leur époque. Ils ont vu l’amour de Dieu à l’oeuvre dans la personne du Christ!

Ils ont admiré ce regard, sûrement. Ils se sont émerveillés de cet amour...

Mais ils n’ont pas eu le temps d’admirer très longtemps. Parce que Jésus, tout de suite, les a envoyés au travail: allez, les gars, au boulot!

C’est comme s’il leur avait dit: “Vous m’avez vu à l’oeuvre, eh bien maintenant c’est à vous de le faire, avec l’autorité et les moyens que je vous donne”.

Aujourd’hui, c’est donc à nous de faire, nous qui essayons tant bien que mal d’être les disciples du Christ dans notre époque!

À nous de faire, tout à l’heure, en participant à l’Assemblée paroissiale. À nous de faire, aussi, dans nos maisons; dans nos lieux de vie; dans nos professions, dans nos loisirs, dans nos rues...

À nous de faire... Oui, mais comment?

L’évangile, une fois de plus, va nous montrer le chemin. Car c’est Jésus, le chemin. Et pour savoir comment faire, il s’agit d’abord de le regarder, lui, et de chercher les pistes qu’il nous trace pour notre mission, aujourd’hui.

 

 
Première piste: Jésus voit la foule, nous dit Matthieu.

N’est-ce pas cela d’abord qui nous est demandé? Tout simplement voir. Lever les yeux. Lever la tête, et juste poser notre regard sur celles et ceux qui nous entourent. Lever la tête au-dessus de nos habitudes, de nos traditions, de nos dossiers et de nos psautiers!

Sortir de notre petit monde pour voir les autres. Lever les yeux sur les visages de celles et ceux qui sont là, à notre porte, ou à nos fenêtres, je veux dire à nos lucarnes télévisuelles... derrière les chroniques et les discours... Tous ces gens le méritent, parce que tous sont l’oeuvre de Dieu, et qu’en les croisant, c’est chaque fois un peu le Christ que nous rencontrons.

Voilà l’émerveillement qui nous est donné, à nous disciples vaudois de 2016: apprendre, ou réapprendre, à jeter sur notre peuple le regard que Jésus posait sur les foules de son temps. Dieu les aime, ces gens. Tous ces gens! La promesse est pour eux. Le royaume de Dieu est pour eux.

Ce sera une belle surprise, pour les femmes et les hommes de ce coin de pays, si chaque fois qu’ils sont en présence des chrétiens, ils sentent ce petit miracle: s’ils se sentent rappelés par notre regard à la dignité qui est la leur: la dignité d’enfants-trésor de Dieu!

Car ce n’est pas rien, un être humain. C’est la plus grande merveille de la création! Et c’est à nous de le rappeler, par le regard que nous posons sur chacun(e). C’est à nous de le rappeler à celles et ceux qui en doutent ou qui l’ont oublié, parce qu’on les a par trop négligés, méprisés ou rejetés.

 

 
Après le regard, seconde piste pour notre mission: Jésus voit la foule et, nous dit l’évangile, et il est saisi de compassion. En fait, le verbe qui exprime cela est très fort. Vous le savez peut-être, on pourrait presque traduire “Jésus est pris aux tripes”.

Notre mission, c’est aussi cette empathie, ce bouleversement du coeur et du ventre devant toutes les misères, toutes les détresses et les blessures infligées aux créatures de Dieu. Bien sûr, ce n’est pas vraiment facile, cette compassion aujourd’hui, assaillis que nous sommes par tant d’images, par trop d’émotions exploitées pour nous manoeuvrer... On doit se blinder, ou alors on craque, submergé. Pas facile, non, de rester nous-même et de réagir positivement (d’agir!), à l’image d’un Abbé Pierre ou d’un Raoul Follereau.

Savoir encore s’émouvoir positivement pour notre peuple, celui de notre canton comme celui de notre terre. Partager ses peines et ses joies. Redécouvrir la spontanéité, la chaleur. L’empathie. Réapprendre à rire avec ceux qui rient, et à pleurer avec ceux qui pleurent. Et retrouver ce grand trésor qui est au-delà des rires et des pleurs: la joie que nous donne le Christ.

Oui, c’est sur le terrain, et c’est chaque jour, que le peuple vaudois attend les ministres et les laïcs de notre Eglise. Dans les rues, dans les sociétés, dans les quartiers ou les villages, (solidaires si possible!). Partout où les hommes et les femmes de ce temps se débrouillent comme ils peuvent, au corps à corps avec les problèmes et les émerveillements de l’existence. Elle est là, chers amis, notre mission à tou(te)s, de paroisse, d’Eglise.

C’est au milieu de ces gens-là que nous avons à témoigner de notre joie. Sans distance et sans défenses.

Et elle est fondée, cette joie! La moisson est abondante, dit Jésus! Le royaume de Dieu s’est approché! Ils sont aimés de Dieu, toutes celles et tous ceux qui nous entourent! - Ils sont aimés de Dieu, mais souvent ils ne le savent pas (ou peut-être qu’ils ne le savent que de manière superficielle, sans en discerner les dimensions, la profondeur... et les conséquences!). Ils sont sauvés, mais ils ne le savent pas, et c’est à nous de le leur dire.

Et le dire pas seulement bien sûr avec des mots. Mais le montrer aussi, le vivre, par nos gestes, par notre confiance et notre respect; par notre résistance à la violence et à la peur; par la chaleur humaine dont nous pouvons rayonner...

Que faisait Jésus? Il bougeait. Il parcourait le pays, il enseignait; il guérissait, il libérait. C’est ce qu’ont fait ses disciples après lui, et c’est ce à quoi nous sommes appelés aujourd’hui, aussi.

Si chaque souffrance; si chaque détresse; si chaque peur ou chaque tristesse rencontrait aujourd’hui l’attention et le geste concret de l’une ou de l’un d’entre nous... Ne croyez-vous pas que le royaume de Dieu, au milieu de nous, fleurirait?

Je crois qu’est revenu le temps du service. Du témoignage très concret et proche, sans grand discours, mais avec des kilotonnes d’humanité et de tendresse. Je crois qu’est revenue fort de chez fort la nécessité pour notre Eglise d’être une Eglise-pour-les-autres, et pour les plus fragiles en priorité; la nécessité pour notre paroisse d’être une paroisse-pour-les-autres, et pour les plus fragiles en premier.

 

 
Après le regard et la compassion, troisième piste: Jésus parle à ses disciples de brebis et de berger.

Cela signifie que la détresse qu’il voit, cette détresse qui lui serre le coeur, elle n’est pas d’abord la souffrance des individus; mais une détresse collective. C’est de notre peuple qu’il s’agit d’abord. De notre peuple dans son individualisme, dans son isolement, son émiettement.

Rétablir des liens; tisser des relations; susciter des solidarités; proposer des collaborations; réunir... telle est la mission de l’Eglise. Oser affirmer la communauté à l’époque du “chacun pour soi”.

Il y a quelque temps, la TV nous racontait l’histoire d’un grand troupeau de moutons surpris par les premières neiges en Isère. Un berger disait comment il avait dû, avec ses compagnons, brasser la neige, pour rejoindre ses brebis figées par la peur et le froid. Et, devant les bêtes, faire la trace, créer un chemin.

Le peuple de chez nous, bloqué par la froidure de ses soucis, ne ressemble-t-il pas à ce troupeau? Il y a maintenant des traces à faire, des chemins à montrer, des communications à rétablir. Il y a des mouvements à susciter, des solidarités à proposer, des réconciliations à opérer. Et pour nous, cela commence par notre paroisse, qu’il s’agit de vivifier aujourd’hui, joyeusement et pleinement, en allant de l’avant, sans regretter le passé, qui n’est plus.

Il paraît que le mouvement se prouve en marchant. Eh bien, marchons ensemble, et nous verrons comment ça réchauffe!

 
 

Le regard. La compassion. La relation. Et puis, quatrième et dernière piste que je mentionne ici: la prière. Jésus nous invite à prier pour que Dieu envoie des ouvriers dans sa moisson.

Cela nous rappelle l’essentiel: c’est que Dieu s’engage lui-même dans notre histoire. Nous ne sommes pas tout seuls avec nos petites initiatives, nos petites idées, nos petits projets. Non, nous sommes les instruments du grand dessein de Dieu, lui qui, à tout moment, inspire d’autres personnes autour de nous, à tout moment embauche d’autres ouvriers, nouveaux, dans le grand travail de sa moisson.

Et si nous prions, comme Jésus nous y invite, nous éviterons de dramatiser notre responsabilité en croyant porter sur nos épaules le poids du “peuple vaudois tout entier”. C’est Dieu qui nous tient tous dans ses mains: le peuple, l’Assemblée paroissiale, le Conseil, les ministres...

Et puis, cette prière aura un autre effet encore: elle nous ouvrira aux autres, et elle nous montrera ce que chacun apporte à l’oeuvre commune.  Car les femmes et les hommes qui nous entourent sont tou(te)s porteurs de quelque chose qui leur vient de Dieu. C’est la mission des chrétiens, et c’est aussi notre joie, de regarder chacun avec cette vision renouvelée: les femmes et les hommes de nos villages portent tou(te)s une petite lumière en eux.

Cette lumière, puissions-nous savoir la repérer. Et l’accueillir! Et la révéler!

Vaste programme! Vaste moisson!

Chers ouvriers, chères ouvrières, que le Saint-Esprit nous soutienne! Amen                                          

 
 
Georges Favez et Jean-Jacques Corbaz 



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