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jeudi 10 mai 2018

(Pr, Hu) Du HC Villars à Raymond Devos


Prédication du 10 mai 2018, Villars, Ascension
«Il existe, nous nous sommes rencontrés»


Lectures: Actes 1, 1-11; Psaume 2, 1-4; Romains 8, 14-21

 

Pour les équipes de foot ou de hockey, l’ascension, c’est l’idéal. C’est l’objectif! Et je ne parle bien sûr pas de la fête que nous célébrons aujourd’hui; je pense au fait de gagner le championnat et de pouvoir monter en ligue supérieure! Et on se souvient de l’extraordinaire parcours du HC Villars, qui au tout début des années 60, a passé en trois ans de la 1ère ligue au titre de champion suisse!

Ascension = promotion! Pas rien qu’en sport, bien sûr. Ascension sociale, professionnelle, voire politique. Monter d’un échelon... Est-ce que l’Ascension de Jésus, que nous fêtons ce matin, est aussi une promotion, pour lui?

Eh bien, selon le Nouveau Testament, pas du tout: le sommet de la vie du Christ, c’est la croix! C’est Vendredi saint et Golgotha. Le top, pour Jésus, c’est son abaissement le plus profond.

Surprise! Paradoxe! C’est en se mettant au niveau des plus bas placés, des sans espoir, des castes les plus méprisées, inférieures, que le Christ atteint le sommet de la gloire.
 


Mais alors, l’Ascension? direz-vous.

Pour moi, aujourd’hui, l’élévation de Jésus signifie d’abord qu’il prend distance d’avec ses disciples, pour mieux les voir tous! Pour mieux être avec eux tous! Comme on prend distance d’avec une cathédrale, pour mieux la voir en entier; pour en com-prendre l’ensemble. Ou comme, autre image, je m’éloigne un peu de vous en montant en chaire, pour mieux vous voir, tous, et pour mieux être vu. Une telle position élevée n’est pas un signe de supériorité (heureusement!); mais plutôt d’accessibilité!

L’ascension de Jésus fait de lui le seigneur de toute la terre, du monde entier. Une jeune maman disait à sa fille: “Il retourne au ciel, parce que le ciel est tout autour de notre planète; et ainsi il est mieux proche de chacun(e).”

Deuxième surprise donc, deuxième paradoxe: si le Christ s’éloigne, c’est pour être plus proche de tous!
 


Et c’est ce qui nous permettra de recevoir le Saint Esprit! En effet, je suis frappé de ce que le récit de l’Ascension soit si fortement rempli par l’annonce de Pentecôte, du don de l’Esprit Saint. Et de même dans la lettre aux Romains! L’Ascension et Pentecôte sont deux facettes d’une même réalité, il s’agit d’un seul évènement vu sous deux angles différents.

Et cet accent sur le Saint Esprit nous fait aborder l’autre sens fondamental de l’Ascension: si Jésus s’élève, s’il prend distance d’avec ses disciples, c’est pour les aider à se débrouiller par eux-mêmes; comme des parents se retirent lorsque leurs enfants, devenus plus grands, peuvent prendre en charge telle partie de leur vie. Et je pense là autant à l’entrée à l’école enfantine qu’au mariage, et même autant à la naissance, déjà, qu’à la première sortie, le soir, sans surveillance.

Voilà: il ne s’agit pas pour les chrétiens de regarder le ciel, où Jésus a disparu. C’est notre premier mouvement, bien sûr; aujourd’hui comme il y a 2’000 ans. Pourtant, le Christ nous ramène à notre plancher des vaches! Avez-vous remarqué que le dernier mot que Jésus prononce, juste avant de disparaître, c’est “terre”?! “Vous serez mes témoins, en Judée et en Galilée, et jusqu’au bout de la terre”!

Ce n’est pas un hasard: il ne s’agit pas pour les chrétiens de regarder le ciel où Jésus a disparu, contemplation passive. Il nous demande de nous mettre au boulot, d’aller les uns vers les autres! Il nous presse de nous associer à sa mission, libres et responsables; soutenus par sa mystérieuse présence, mais aussi autonomes.

Aimés, pardonnés d’avance, mais obligés de choisir nous-mêmes. Avec le risque de nous tromper, parfois; souvent; très souvent... mais aussi avec la promesse ferme que ces erreurs ne nous enlèveront rien de la tendresse du Père, ni de son salut. “Même si les montagnes venaient à s’en aller; même si les collines venaient à s’effondrer, dit Dieu, mon amour pour toi restera tout proche; mes promesses de paix jamais ne seront ébranlées” (1). C’est exactement ce que nous disons de sa part à chaque baptême!
 


L’Ascension ne nous simplifie pas la vie, à l’évidence! D’ailleurs, pour les clubs sportifs qui sont promus non plus. C’est souvent là que les difficultés commencent!

L’Ascension ne nous simplifie pas la vie. Elle nous demande de l’engagement, du courage, de la volonté. Mais souvenons-nous que le Christ, souverainement élevé, est aussi infiniment proche! Et qu’il nous donne, par ses paroles et son exemple, qu’il nous donne les moyens de réussir la mission qu’il nous confie. Comme le disait avec humour ce paroissien: “Dieu n’est pas une bouée, mais il nous apprend à nager”!

Souvenons-nous ainsi que Jésus est à la fois plus près de moi qu’aucune personne ne pourra jamais l’être, et qu’il est à la fois pareil au Dieu de l’Ancien Testament, tel qu’il est décrit dans le Psaume 2, c’est-à-dire littéralement au-dessus de tout ça: il voit les peuples s’agiter, les soi-disant puissants essayer de comploter contre lui; mais ça le fait rire, et son rire éclate comme une promesse rassurante, car rien ne peut l’atteindre, rien ne peut le blesser ni l’amputer, nos efforts dérisoires ne remettront pas en cause l’aboutissement final, qui est acquis de toute façon, grâce à l’extraordinaire puissance de Dieu. “Rien, jamais rien ne pourra nous séparer de l’amour que Dieu nous a manifesté en Jésus”. (2)

Voilà ce qu’est l’Ascension, aujourd’hui, pour moi.
  

Et c’est exactement dans cette perspective que nous sommes invités à vivre, dans une Eglise en mutation, et dans un monde en mutation! Où nous avons peur, parfois, où nous avons mal. Dans une société où tout change beaucoup plus vite que nous ne le souhaitons.

Dieu s’y trouve! Dieu y travaille, là, mystérieusement! Et il nous appelle à l’aider à bâtir l’Eglise de demain, confiants dans les forces qu’il nous donnera!

Dieu est là, étonnamment proche. C’est aussi ce que nous dit ce sketch de Raymond Devos, que j’aime beaucoup pour son sens spirituel:

L’autre jour, j’ai vu sur un mur de ma ville que quelqu’un avait tagué: «Dieu existe, je l’ai rencontré!»
Ça alors! Ça m’étonne!
 Non que Dieu existe, la question ne se pose pas; mais que quelqu’un l’aie rencontré avant moi, voilà qui me surprend!
Parce que j’ai eu le privilège de rencontrer Dieu juste à un moment où je doutais de Lui!
Dans un petit village de Lozère
 abandonné des hommes, il n’y avait plus personne.
En passant devant la vieille église,
 poussé par je ne sais quel instinct, je suis entré...
Et là, j’ai été ébloui, par une lumière intense... insoutenable!
 C’était Dieu... 
Dieu en personne, Dieu qui priait!
Je me suis dit: mais qui prie-t-il? Il ne se prie pas lui-même?
 Pas lui? Pas Dieu?


Non! Il priait l’homme! Il me priait, moi!
Il doutait de moi comme j’avais douté de lui!
Il disait: O homme, si tu existes, donne-moi un signe de toi!
J’ai dit: Mon Dieu je suis là!
Ah! Il a dit, miracle! Une humaine apparition!
 Je lui ai dit: Mais, mon Dieu, comment peux-tu douter
 de l’existence de l’homme, puisque c’est toi qui l’a créé?
Il m’a dit: Oui...
Mais il y a si longtemps que je n’en ai pas vu dans cette église...
que je me demandais si ce n’était pas une vue de l’esprit!
Je lui ai dit: Te voilà rassuré, mon Dieu!


Il m’a dit: Oui! Je vais pouvoir leur dire là-haut:
«Vous savez: l’homme existe, je l’ai rencontré!»
                                                                                

Raymond Devos  


Amen                                          


Jean-Jacques Corbaz 


(1) Esaïe 54, 10

(2) Romains 8, 39  



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