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jeudi 10 mai 2018

(Pr) «Jésus, présent... et pas présent!»

Prédication du 7 mai 18, Plein Soleil

Lecture: Actes 1, 1-11

On demandait un jour à un enfant s’il connaissait la signification des deux fêtes que nous vivons ces jours, l’Ascension et Pentecôte. Le gamin ne réfléchit pas longtemps, et répond:
- Bien sûr: à l’Ascension, Jésus monte au ciel, auprès de Dieu!
- Et à Pentecôte?
Là, l’enfant reste un instant silencieux. Puis il dit:
- Euh, à Pentecôte... il nous fait savoir qu’il est bien arrivé!
  


J’aime cette anecdote, car elle nous fait réfléchir: qu’aurions-nous répondu, nous-mêmes?

Et si, aujourd’hui, l’Ascension semble plus facile à expliquer que Pentecôte, il n’en a pas toujours été ainsi. Il y a un peu plus de 200 ans, ce jeudi férié semblait tout à fait inutile. À tel point (le saviez-vous?) qu’on a essayé de supprimer l’Ascension. Je vous assure! C’était entre 1773 et 1789.

D’ailleurs, si cette fête subsiste aujourd’hui, c’est probablement surtout à cause du fameux congé tant apprécié... Ce pont qui remplit les routes et vide les églises...

D’où vient-elle? Faisons un peu d’histoire: aux premiers temps de la chrétienté, la seule fête qu’on célébrait était Pâques. Vous le savez, Noël n’est apparu que beaucoup plus tard. La célébration de Pâques était si importante qu’elle s’étendait sur sept semaines; sept dimanches où on lisait et méditait les récits bibliques qui parlent des apparitions du Ressuscité. Et puis, le 50ème jour,   on fêtait le don du St-Esprit -car Pentecôte en grec veut dire 50ème.

Vers 330 (retenez la date!), on décide de raccourcir un peu ces sept semaines. On crée alors l’Ascension, afin de commémorer la fin des apparitions terrestres de Jésus; afin aussi de marquer l’attente de l’Esprit saint par les apôtres. L’Ascension s’est ainsi construite autour de ce mystère, difficile à comprendre: Jésus est vivant, mais pourtant on ne le voit pas à nos côtés. Il est sorti de la tombe, mais il échappe à nos sens humains.

Or, la signification de l’Ascension va changer assez vite: car si le Christ est enlevé au ciel, cela veut dire aussi qu’il est élevé! Qu’il est attiré vers Dieu en signe d’honneur, de gloire, et de pouvoir.

Et vous savez que c’est justement en 330 que l’Eglise est officialisée par Constantin. Elle se met bientôt du côté des puissants, et du pouvoir... Vous voyez le parallèle! L’Ascension vient célébrer alors le Christ glorieux, le Seigneur, le vainqueur. Comme le chante le cantique 326.
 


Or, aujourd’hui, ces accents triomphalistes nous gênent un peu...

- Ah, ils ne vous gênent pas? Euh... Moi quand même. Parce que je trouve difficile de proclamer la seigneurie glorieuse du Christ, quand on voit comment le monde se porte; les tragédies de toutes sortes; les conflits... inutile d’insister!

Or Dieu, quand il s’est manifesté, ce n’est pas le visage d’un souverain tout-puissant qu’il a montré. Il a choisi plutôt l’humilité. Vous connaissez le refrain: la crèche; Gethsémané; la croix; et même Emmaüs; les pauvres, les petits, les exclus; comme déjà auparavant le souffle ténu devant Elie; et comme ensuite du côté de François d’Assise...
  

Je crois fermement que, face à nos contemporains peu chrétiens, les accents triomphants nous desservent. Car ils alimentent le préjugé d’une Eglise qui se gargariserait d’un Dieu magicien, alors que la réalité montre bien qu’on en est loin! Nos cantiques ressemblent trop à des cocoricos - des cocoricos qui, bien sûr, font du bien à certains, à l’interne, mais qui aussi peuvent en rebuter d’autres, à l’externe, quand ils creusent un fossé avec la réalité!

Par ailleurs, je crois que, pour nous également, cette vision d’un Christ régnant en majesté est dangereuse. En effet, la vie est faite de hauts et de bas, de creux et de bosses. Si nous imaginons Jésus du côté des puissants d’abord, ne risquons-nous pas davantage de commettre des abus de pouvoir (peut-être même en son nom, ô horreur!)? Ne risquons-nous pas aussi de penser que ceux qui s’enfoncent dans les bourbiers de l’existence, eh bien c’est de leur faute, et nyaka et nyaka...
 

La fin de la vie terrestre de Jésus telle qu’elle est rapportée dans la Bible nous incite à voir les choses de manière moins triomphaliste. Elle voudrait surtout nous aider à comprendre un peu mieux ce mystère: depuis Vendredi saint, le Christ n’est plus présent sur notre terre, en chair et en os. Et pourtant! Les fêtes  de Pâques, de l’Ascension et de Pentecôte nous disent qu’il est toujours présent quand même parmi nous; et vivant; et agissant; même si c’est mystérieusement, d’une autre manière.

Pâques d’abord nous dit ceci: quand bien même Jésus est mort (et vraiment mort), cependant, il continue de vivre, différemment. Non plus historiquement, physiquement: il continue de vivre en nous! Dans les croyant(e)s! Dans l’Eglise, communauté humaine de ces chrétiens. Il n’est plus dans son tombeau, non, il habite   en moi, en toi, chaque fois que nous faisons un acte de foi.

L’Ascension, ensuite, nous précise une chose importante: le Ressuscité n’appartient plus du tout à nos catégories humaines et terrestres. Quand les évangiles disent qu’il est monté au ciel, ils veulent affirmer qu’il évolue dorénavant dans une autre sphère, dans une autre dimension. Le ciel, à l’époque, c’est tout ce qui n’est pas la Terre! Le ciel, à l’époque, c’est là où se trouve Dieu!

Enfin, il y a Pentecôte. Le don du Saint-Esprit, disons-nous. Quelque chose de Jésus, quelque chose de son Père nous est offert. Si l’Ascension souligne que le Ressuscité est entré dans le monde de Dieu, qui n’est pas la Terre, eh bien Pentecôte affirme presque le contraire! Ou mieux, l’inverse! C’est Dieu qui “descend” en nous! C’est le monde divin qui vient se loger sur notre Terre! C’est presque comme si, en entrant auprès du Père, Jésus nous avait pris avec lui, et qu’il nous avait élevés, nous aussi, jusqu’à ce paradis!

Le Saint-Esprit, c’est donc un accès au monde de Dieu. En termes d’informatique, j’ai envie de dire que le Saint-Esprit, c’est comme un “alias” de Dieu. Une porte ouverte qui permet d’entrer dans sa substance; dans son message.

Car, lors de la première Pentecôte, les disciples de Jésus, qui s’étaient dispersés après sa mort, se sont retrouvés à nouveau réunis à l’occasion de la fête juive des récoltes. Là, ces hommes ont connu une illumination. De celles qu’on signale dans les bandes dessinées par une ampoule qui s’allume au-dessus de la tête!  Les amis du Christ, une fois ensemble, ont retrouvé le message de leur maître, son coeur, sa substance. Ils ont enfin compris le lien entre ses paroles d’amour; ses actes d’accueil sans condition; ses promesses de pardon; entre tout ça et sa mort sur la croix, sa non-violence.

Oui, ils ont réalisé alors la cohérence qui a habité tout ce que Jésus a été, tout ce qu’il a dit et fait. Ils ont compris son seul but, qui était que vive et se multiplie sa parole chantant la proximité de Dieu, sa tendresse infinie pour chacun(e), sa volonté passionnée de libérer, de sauver, de pardonner; ses appels; ses promesses. Tout cela leur est devenu clair, soudain.

Et cette illumination, nous dit le livre des Actes, elle ne leur a été accessible que parce qu’ils s’étaient réunis. Ils avaient pu ras-sembler tous leurs souvenirs sur Jésus, en les partageant, en les faisant revivre. Comme s’ils avaient mis ensemble les pièces du puzzle que chacun portait en lui.

Voilà à quoi ça sert, le Saint-Esprit! Et voilà à quoi ça sert, le culte, ou le rassemblement de l’Eglise: faire mieux vivre, entre nous, ce souvenir qui est en nous, des paroles du Christ. Les faire revivre pour aujourd’hui. Et pour demain. Il nous invite à la fête, la fête de sa présence!
  

Quand nous habitions le Gros-de-Vaud, une voisine nous a offert un jour un gâteau de l’amitié. Un gâteau de l’amitié, c’est de la pâte qui contient un ferment, une levure. Pendant quelques jours, on rajoute de la farine pour “nourrir” le ferment. Et puis, on peut partager la pâte en trois parties: l’une sera mise au four et donnera un cake délicieux; une 2ème sera offerte à un(e) ami(e), un proche; et une 3ème part permettra de recommencer le processus!

Le ferment, bien que partagé en trois, se trouve entièrement dans chaque part. Chaque tiers comprend exactement ce qu’avait la part reçue au début. En donner ne m’a en rien appauvri!

Eh bien, le Saint-Esprit est pareil à ce gâteau de l’amitié. Il est comme un ferment qui fait lever notre pâte humaine, qui l’allège, la travaille pour qu’elle devienne meilleure! Plus agréable, plus digeste!
 

Et quand je le transmets (et c’est souvent sans m’en rendre compte), quand je le transmets, je ne m’appauvris pas en Esprit de Dieu, bien au contraire! La part du Saint-Esprit qui passe plus loin contient tout l’amour de Dieu; et celle que je garde pour moi également!

Ainsi, de part offerte en amitié donnée, la présence proche du Père habite en chacun(e), pleinement, entièrement!

Vivre un culte, ou se réunir en Eglise, c’est alors se rapprocher pour mieux nous transmettre les uns aux autres ce ferment de l’Esprit de Dieu, et pour travailler notre pâte humaine comme on travaille la terre; afin de permettre à la bonne semence de pousser, et de fructifier! Amen                                          


Jean-Jacques Corbaz  



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