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dimanche 16 septembre 2018

(Pr, Ré, Hu) À l'heure de Dieu: Jeûne de faire?

Prédication du Jeûne Fédéral, 16 septembre ‘18: "Et si on respirait?"

Lectures: Matthieu 6, 5-6, 24-27; Matthieu 18, 12-14; Luc 12, 33-34


L’autre jour, je rencontre un ami dont le patron soigne une tumeur cancéreuse plutôt inquiétante. “Comment il va?” je demande.

“Eh bien, nettement mieux, répond mon ami. Le traitement est efficace, ça lui fait du bien. Il a retrouvé ses forces, quel plaisir! On peut presque dire qu’il est redevenu comme avant.”

Et puis mon ami se reprend et ajoute: “En fait non, il n’est plus comme avant. Maintenant, il prend le temps de vivre. Il joue avec ses petits-enfants, il leur fait découvrir les beautés de la nature. Il pense moins au travail, on dirait que sa maladie lui a fait retrouver un nouveau goût de vivre, et des autres valeurs. Il passe plus de temps avec ceux qu’il aime, et moins dans son entreprise.”
 


Ces mots m’ont fait beaucoup réfléchir. Je me demande si nous ne sommes pas tous un peu comme ce patron. Notre système de société, notre style de vie nous poussent à travailler, à produire,  à faire plutôt qu’à être. À avoir plutôt qu’à aimer. Et il est bien dommage que ce soient souvent des maladies ou des accidents qui nous obligent à revoir nos priorités.

Sur une montre qu’on m’a offerte il y a quelques années, on avait gravé ce texte: “Prends le temps de vivre amicalement avec toi-même”. C’est le début de la règle de la communauté protestante de Reuilly, en France. Et c’est surtout une belle injonction pour nous, gens stressés du 21è siècle, à l’occasion de ce Jeûne Fédéral.

“Prends le temps de vivre amicalement avec toi-même”. C’est également une conséquence logique des promesses de l’évangile, en particulier telles que les ont développées et mises en valeur les Réformateurs comme Luther et Calvin: Dieu nous aime gratuitement, comme nous sommes, sans nous demander de faire ceci ou cela pour mériter sa tendresse. Il nous sauve par grâce, par libre choix. Ce ne sont pas nos actes, nos oeuvres, qui nous permettent d’entrer au Paradis, non: c’est le pardon divin, attesté sur la croix. Depuis que Jésus est mort pour nous, notre Jugement Dernier a déjà eu lieu. Nous sommes sauvés depuis 2000 ans!
  


Vous voyez sans doute la logique: si Christ nous accorde le Bon Dieu sans condition (je veux dire: le Paradis gratis pro Deo!), alors nos vies peuvent être mieux libérées du souci de faire, de produire; de rentabiliser et d’amasser.

Elles peuvent, mais ce n’est pas automatique, hélas! Et nous le savons bien: ce n’est surtout pas facile du tout. Parce que ce siècle, qui s’est tant éloigné des valeurs chrétiennes, nous contamine dangereusement. Matérialisme; rendement; paraître; avoir... Qu’il est difficile de résister à ces virus qui se propagent partout, insidieusement!

Il faut énormément de caractère, de volonté, pour ne pas nous laisser entraîner à courir avec la foule derrière le “faire”- (le “faire” qui repasse sans cesse! - veuillez m’excuser, je n’ai pas pu résister à ce jeu de mot)!

Pour garder nos priorités, pour mieux tenir bon, il est utile de relire souvent l’Evangile. De s’arrêter. De respirer. De prier! De jeûner aussi, pas forcément au sens de se priver de nourriture, mais plutôt de faire une pause dans notre manière de vivre... et dans notre manière de courir! Important aussi de méditer souvent le verset “Ne vous inquiétez pas du lendemain...”.

Quand Jésus dit “Pour prier, ferme ta porte”, je le comprends ainsi: comme un appel à s’éloigner du monde, de ses pressions et de ses fausses priorités. Quand tu veux te rapprocher de Dieu, écarte-toi du tumulte, des désirs d’avoir, et rends-toi disponible  à Celui qui n’est que gratuité, douceur et paix.


C’est ainsi que ce Jeûne Fédéral nous invite à cultiver assidûment notre relation avec l’Evangile. L’Evangile qui est une force de résistance à cette mode insidieuse qui voudrait nous faire croire que le bonheur s’achète; que plus on possède et plus on est épanoui; que plus on fait, et meilleur on est.

Compétition sociale... Repli sur une identité, par peur des autres... Violence... Tous ces maux de notre époque, si nous voulons les éviter, nécessitent un antidote, tissé de relation sereine avec le Ciel; de contemplation; de prise de distance d’avec ce qui nous agresse. Puissions-nous y travailler en nous-même. Du coup notre Terre deviendra plus vivable!

Puissions-nous aussi créer ou favoriser davantage de lieux et d’occasions où nos contemporains puissent vivre ce travail intérieur de rapprochement avec le Christ, notre Prince de Paix.

 

Et si nous n’avons pas le temps d’ouvrir notre Bible ou de nous joindre à un groupe de méditation, si nous sommes trop pressés, je nous encourage à au moins graver quelque part bien en vue (sur notre montre, sur notre agenda, nos calendriers... sur notre coeur) je nous encourage à graver en lettres d’or ces mots tout simples:
“Prends le temps de vivre amicalement avec toi-même”.
Amen 
                                         

Jean-Jacques Corbaz 


 
 

 
 
(après l’interlude, ce texte que j’aime, et qui aborde notre thème sous un angle à peine différent:)


Un plombier britannique compte traverser l'Atlantique à la rame...


La nouvelle a pu vous échapper, cachée qu'elle était dans un cahier secondaire du journal. C'est pourtant une nouvelle importante. Une nouvelle qui nous dit que l'homme s'ennuie. Rien de moins.

Le dimanche matin, il boit son café et lave sa voiture, mais que voulez-vous qu'il fasse d'autre le dimanche après-midi sinon traverser l'Atlantique à la rame ?

Dieu a créé l'homme pour le défi, pour le record, pour le parcours du combattant, pour le dépassement. Disons-le, Dieu a créé l'homme pour l'impossible.

Or, qu'est-il arrivé ? On l'a vu, l'homme, après avoir bien répondu à la volonté de Dieu au tout début, après s'être épuisé à frotter des pierres pour faire du feu, après avoir mené vaillamment quelques guerres de cent ans et gagné quelques trophées dans la boue, l'homme a inventé la serviette de plage, la crème à bronzer... et il a inventé aussi les athlètes professionnels pour gagner des trophées dans la boue à sa place.

Mais, le voilà maintenant qui s'ennuie, parce que ce n'est pas pour ça que Dieu l'a créé. Je vous l'ai dit, nous sommes faits pour le défi.

Attendez-vous donc à rencontrer de plus en plus de plombiers sur l'Atlantique... Et si par malchance vos lavabos sont bouchés, patience : sachez qu'un plombier moyennement en forme met environ quatre mois pour traverser l'Atlantique à la rame.

Pierre Foglia, La Presse (Montréal), 2.7.1988  


 



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