Pour vous y retrouver

Bonjour! Bienvenue sur ces pages, que j'ai plaisir à ouvrir pour vous!
Vous trouverez sur ce blog différentes sortes de contributions:
- annonce (An),
- billet (Bi),
- citation (Ci),
- confession de foi (CF),
- conte (Co),
- formation d'adultes (FA),
- humour (Hu),
- image (Im),
- liturgie (Li),
- poésie (Po),
- prédication (Pr),
- réflexion (Ré),
- sciences bibliques (SB),
- vulgarisation (Vu).
Bonne balade entre les mots!

Ces œuvres sont mises à disposition selon les termes de la Licence Creative Commons Attribution - Partage dans les Mêmes Conditions 3.0 non transposé.

Ce blog fait partie d'un réseau de sites réformés "réseau-protestant.ch" qui vise à coordonner et rendre visibles et lisibles les publications web de la galaxie du protestantisme de Suisse romande. Voir sur ce blog la page https://textesdejjcorbaz.blogspot.com/p/blog-page.html>.

dimanche 11 novembre 2018

(Pr, Hu) De Maxime Gorki à Raymond Devos

Culte du 11 nov. 2018 
«Dieu de grand-père, Dieu de grand-mère» 
- Ouverture des catéchismes
 
Lectures:  Esaïe 65, 1-2; Jean 14, 27; Jean 15, 9+15

 


Monsieur le pasteur est très fier de sa treille, qui donne de magnifiques raisins. Mais, alors qu’il va bientôt pouvoir les cueillir, un matin, il voit qu’on lui en a volé la moitié!  Furieux, il place un gros panneau à côté de sa vigne, où il écrit: “Dieu voit tout”. Mais le lendemain, toutes les grappes restantes ont disparu. Et une main anonyme a ajouté, en-dessous de “Dieu voit tout”: “Mais il ne dénonce pas!” ...

Deux images de Dieu, bien différentes: celui qui épie les fautes; et celui qui passe l’éponge. Lequel est ton Dieu, à toi?

Cette question va nous accompagner ce matin. Mais aussi tout au long de cet hiver de catéchisme. Quel est ton Dieu? Car nous n’allons pas vous imposer notre manière de voir; mais plutôt discuter, et partager nos idées sur Dieu. Comme l’a déjà fait d’ailleurs la Bible, bien avant nous, elle qui est en somme une palette de multiples réponses à cette question!

Il y a 150 ans naissait le célèbre écrivain russe Maxime Gorki, qui a beaucoup médité sur cette question. Dans son livre “Ma vie d’enfant”, il raconte l’histoire de sa relation avec Dieu. Maxime Gorki était un ami de Lénine, mais il est toujours resté adepte d’une foi chrétienne paisible et joyeuse. Ecoutez ce qu’il écrit:

“J’ai compris très vite que le Dieu de grand-papa n’était pas le même que celui de grand-maman. Impossible de s’y tromper, la différence était flagrante.

Le matin, quand grand-maman se réveillait, elle priait sans se préparer spécialement; et presque chaque jour elle trouvait de nouveaux mots pour dire sa louange. Son enthousiasme me donnait envie de l’écouter.

Le Dieu de grand-maman était toute la journée avec elle: même aux animaux, elle parlait de lui. Je sentais que les gens, les chiens, les oiseaux, les abeilles, les plantes, tout obéissait sans effort à ce seigneur qui était bon de la même manière pour chacune de ses créatures.

Grand-papa, lui, m’enseignait que Dieu est un être tout-puissant, partout présent, toujours prêt à venir en aide aux hommes, oui; mais grand-papa ne priait pas comme sa femme.

Le matin, avant de réciter ses oraisons, il se lavait soigneusement; s’habillait comme s’il allait passer un examen; se peignait méticuleusement...

Il priait debout, la tête en arrière, les sourcils dressés, la barbe à l’horizontale. Il récitait ses prières comme s’il répondait à un professeur. Par coeur. Sa voix était nette et impérieuse.

Un jour, grand-maman, en plaisantant, lui dit:

- Ta prière doit ennuyer Dieu, tu lui répètes toujours la même chose...

Le visage de grand-papa est devenu rouge de colère. Il s’est mis à trembler, puis il a lancé une assiette à la tête de sa femme:

- Va-t’en, vieille sorcière!

Quand il me parlait de la force invincible de Dieu, il en soulignait la cruauté avant toute autre chose. J’avais de la peine à croire que Dieu soit cruel...
 


À l’église, je pouvais distinguer à quel Dieu j’avais affaire: tout ce que le prêtre et le diacre récitaient s’adressait au Dieu de grand-papa, tandis que la musique et les chants célébraient celui de grand-maman.

Le seigneur de grand-papa m’inspirait de la peur et même de la haine. Il n’aimait personne. J’avais le sentiment très net qu’il ne croyait pas en l’homme.

À cette époque, la pensée de Dieu composait la principale nourriture de mon âme. C’était ce que j’avais de plus beau dans ma vie. Dieu était ce qu’il y avait de plus lumineux, de meilleur, l’ami de la création.”


Voilà. J’aime bien ces lignes de Maxime Gorki. Et je partage ses sentiments. Beaucoup de mes contemporains imaginent un Dieu qui n’a pas grand-chose de commun avec celui que j’aime, et que j’ai envie de vous faire découvrir, vous catéchumènes de 7 mois à 177 ans!

Un été, pendant mes vacances, je suis entré dans une vieille église. Dehors, grand soleil. Mais à l’intérieur, c’était très sombre. Je distinguais à peine les bancs. Pourtant, peu à peu, mon oeil s’est habitué à l’obscurité. Je distingue de mieux en mieux les formes; les sculptures, les piliers, les voûtes... De très belles choses m’apparaissent, alors que deux minutes avant j’étais incapable de les voir.

Une seule chose pourtant a changé depuis que je suis entré. Et ce n’est pas l’église, c’est seulement mon regard.
  


De même, souvent la vie m’apparaît comme toute sombre et je n’y distingue rien de beau. Et si c’était mon regard qui ne me permet pas de discerner la beauté et le bonheur?

Je me dis parfois que le monde est plein de gens heureux qui ne voient pas qu’ils sont heureux. Or Dieu non plus, nous ne savons pas le voir. Nous pensons que c’est tout noir, là aussi!

La vérité ne crève pas les yeux. C’est plutôt nos yeux qui ont besoin de peu à peu crever les choses qui nous cachent la beauté, et la vérité.

Voilà le catéchisme qu’il nous reste à vivre. Toutes et tous, non? Amen                                          


Jean-Jacques Corbaz



Après la prédication:
Merci à Maxime Gorki, mais aussi au pasteur Philippe Zeissig, à qui j’ai emprunté des fragments de ma prédication. Et encore, merci à l’immense humoriste Raymond Devos, à qui j’emprunte un sketch que j’aime beaucoup. Je le lui emprunte, mais promis: je le rendrai!


J’ai lu quelque part : « Dieu existe, je l’ai rencontré ! »

Ça alors ! Ça m’étonne !

Que Dieu existe, la question ne se pose pas !

Mais que quelqu’un l’ai rencontré 
avant moi, voilà qui me surprend !

Parce que j’ai eu le privilège
 de rencontrer Dieu juste à un moment
 où je doutais de Lui !
Dans un petit village de Lozère 
abandonné des hommes, il n’y avait plus personne.

En passant devant la vieille église,
 poussé par je ne sais quel instinct, 
je suis entré...
Et là, j’ai été ébloui, par une lumière 
intense... insoutenable !


C’était Dieu... 
Dieu en personne, 
Dieu qui priait !

Je me suis dit : Mais qui prie-t-il ?
 

Il ne se prie pas lui-même ?
 Pas lui ? Pas Dieu !?

Et non ! Il priait l’homme !
Il me priait, moi !

Il doutait de moi

Comme j’avais douté de lui !

Il disait : -O homme !


si tu existes, donne-moi un signe de toi !

J’ai fait : Mon Dieu je suis là !
Il a dit : Oh, miracle !


Une apparition humaine !

Je lui ai dit : Mais, mon Dieu...

Mais comment peux-tu douter 
de l’existence de l’homme,

puisque c’est toi qui l’a créé ?
Il m’a fait : Oui... Mais il y a si longtemps
 que je n’en ai pas vu dans cette église...


je me demandais si ce n’était pas une vue de l’esprit !
Je lui ai dit : Te voilà rassuré, mon Dieu !


Il m’a fait : Oui !

Oui, je vais pouvoir aller leur dire là-haut :

« L’homme existe, je l’ai rencontré ! »

Raymond Devos  
 




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire