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dimanche 2 juin 2019

(Pr) Les quatre siamois de Pâques

Prédication du 2 juin 2019  -  Religion - poésie

Lectures bibliques: Actes 1, 1-11, Genèse 1, 27-28


Nous vivons, ces jours, le temps des fêtes.

- Comment? m’a-t-on dit. Les fêtes? Mais non! Le temps des fêtes, c’est vers Noël et Nouvel-An. Ou alors Pâques, à la rigueur.
 


Je vous le concède: si c’est la fréquentation des cultes qui fait la fête, euh... alors, je suis à côté de la plaque! Les Rameaux; Noël... sans parler des mariages et des services funèbres, tout ça dépasse   de loin les affluences de ces quelques jours de mai et juin; ces quelques jours dont l’utilité première est, pour beaucoup de nos contemporains, d’offrir quelques congés supplémentaires. Congés qui remplissent les routes et vident les églises...

Pourtant, la Bible insiste: pour elle, l’événement central de l’évangile, c’est Pâques. Voire la double Pâque de Vendredi saint et de la Résurrection. Et même, chez Luc, la quadruple Pâque de Vendredi saint, de la Résurrection, de l’Ascension et de Pentecôte:  (1) la mort de Jésus; (2) le fait que, malgré sa mort, mystérieusement, il est pourtant toujours vivant; (3) il vit ailleurs que dans notre monde, dans une autre dimension; et (4) même s’il n’est plus là, concrètement, eh bien il reste infiniment proche, et il continue de nous insuffler sa force et son espoir. Vendredi saint, Pâques, l’Ascension et Pentecôte: quatre fêtes qui relatent le même évènement, vu sous quatre angles différents; qui nous proposent le même message, sous quatre formes distinctes.

Ce message, je le résume ainsi: Jésus de Nazareth, c’est le Christ, le Seigneur. Il ne vit plus à côté de nous, sur notre terre; mais il est toujours présent, tout proche de nous. Il continue de nous aimer et de nous soutenir; mais différemment.

Les événements de cette quadruple Pâque changent notre relation avec lui, du tout au tout. Ainsi que notre rapport avec Dieu. Ils nous posent par conséquent la question fondamentale de notre relation avec notre Père du Ciel. C’est-à-dire notre religion, la manière dont nous sommes reliés aux réalités divines.
  

Dans les temps les plus reculés, c’est surtout par la peur que nos ancêtres étaient en relation avec le divin. Tout ce qui les impressionnait, tout ce qu’ils ne comprenaient pas, c’était ça qui les rattachait aux dieux. Le feu; la foudre; la beauté; la naissance; la mort... Tout ce devant quoi ils se sentaient infiniment petits.

Pour essayer d’apprivoiser ces forces supérieures, les premiers humains ont développé des rites. Des gestes, des paroles qui voulaient se concilier, voire amadouer les dieux. Prières; sacrifices; chants; danses; offrandes; dessins...

C’est ainsi qu’est née ce qu’on appelle la liturgie. C’est-à-dire l’ensemble de ce qui est exprimé dans les cérémonies religieuses, par la voix ou par tout autre moyen de communication.

Or, pour bien fonctionner, une liturgie a besoin de deux choses contradictoires: il faut d’une part qu’elle soit la même de cérémonie en cérémonie, d’année en année, pour que les fidèles s’y retrouvent, pour qu’ils puissent s’inscrire dans le rite, et y adhérer. Mais il faut aussi, d’autre part, que cette liturgie soit créative, et créatrice. Elle a sans cesse besoin de poètes, c’est-à-dire de créateurs, pour l’actualiser. Pour qu’elle parle à son époque. Pour chanter le sacré tel qu’il est ressenti et vécu au jour du culte. Il faut, autrement dit, que ce qui est exprimé ne soit pas de vaines redites, un “patois de Canaan”. Mais que cela résonne profondément aux oreilles des acteurs de la cérémonie.

C’est ce mouvement que nos quatre siamois (Vendredi saint, Pâques, l’Ascension et Pentecôte) veulent stimuler. Aujourd’hui comme il y a 2000 ans!
  

Savons-nous, en notre temps, prier, chanter de manière créative, et qui rejoigne nos contemporains? De même bâtir des cathédrales; témoigner de notre liberté spirituelle; dire merci; exprimer nos craintes et nos sérénités... tout cela dans un souffle qui parle pour aujourd’hui? Est-ce que notre Eglise le sait? Vaste programme, comme disait le général!

Et puis, est-ce que nous savons faire cela, non pas comme les hommes des cavernes, à coups de “trucs” pour exorciser leurs peurs, mais: comme des poètes de Pentecôte, ouverts au vent nouveau de Celui qui veut nous rejoindre, en tout lieu et en tout temps, pour éclairer notre chemin, pour que nous sachions bien que jamais il ne nous laissera tomber?

Et enfin, est-ce que nous saurons vivre tout cela, pourtant, (O gageure!) de manière à ce que nos contemporains s’y retrouvent, qu’ils puissent s’inscrire dans le rite, à l’aise, et y adhérer? Cela même s’ils ne viennent au culte qu’une seule fois par année?

Notre grand Ramuz écrivait: “Rien n’est sacré naturellement. Mais tout le devient, ou peut le devenir, grâce au poète. Le poète fait retentir la poésie là où on pensait qu’elle ne serait jamais”.

La Genèse le disait déjà: Dieu nous a créés à son image, c’est-à-dire homme et femme; donc créateurs, ou poètes, c’est la même chose. Appelés à créer par amour. À devenir ceux qui prolongent son cadeau de vie et de tendresse: littéralement des pro-créateurs!
  

On a dit du poète que d’un pied il touche à la terre, et que de l’autre il regarde le ciel! C’est formulé de manière comique, mais c’est hyper-important: relier! Mettre en communication le monde d’En Haut avec celui d’ici-bas.

Que nos paroles, nos musiques; que nos fêtes; nos architectures; nos binettes même (!) aident à faire passer le souffle du ciel sur la terre. Et fassent monter le courant de notre planète jusqu’à Dieu! Qu’elles aident à relier la sphère de l’absence du Christ avec la sphère de sa présence. Non pas les yeux fixés vers le ciel, mais plutôt tournés les uns vers les autres, en y reconnaissant une part de Jésus, qui se promène dans toi, incognito!

Je rêve que nous, croyants raisonnables, devenions donc plus enthousiastes de l’évangile. Savez-vous que ce mot, «enthousiaste», veut dire étymologiquement «rempli de Dieu»? J’aime cette jolie phrase de Voltaire, qui écrivait il y a 250 ans: «N’est-il pas honteux que les fanatiques aient du zèle, et que les sages n’en aient pas?». Cela me semble tout spécialement vrai pour la foi chrétienne!
  

Oui, nous vivons, ces jours, le temps des fêtes. Parce que c’est la fête chaque fois qu’un être humain est soulevé; allégé; libéré; rendu poète; porté plus loin par le Souffle majuscule du Prince de la vie. Du Premier des vivants vraiment-vivants.

S’il est le premier, c’est qu’il y en aura d’autres, derrière lui! Ce sera toi, ce sera nous, ces créateurs de vie, de passion, de souffle. Dieu nous invite à devenir les maillons indispensables d’une chaîne de création, qui commence en lui et qui s’achèvera en lui!

Comme signe de cet appel, j’ai le plaisir de vous donner, pour conclure, une page blanche. Vous l’avez compris: elle vous offre de devenir poètes. Créateurs! Amen
 


Jean-Jacques Corbaz 

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