Pour la plupart d’entre nous, ce confinement est un mal nécessaire. Nous tentons de le traverser dans une sorte d’apnée, avant de reprendre souffle et vie dès que ce sera possible.
Pourtant n’oublions pas que, même confinée, une vie reste une vie ! Et qu’il nous appartient de savoir quel sens lui donner. Pour nous inspirer, je vous propose l’histoire du prophète Jonas, dont la Bible relate qu’il a vécu deux confinements pour le moins contrastés.
Jonas, confinement 1
Le premier a lieu dans la cale d’un navire. Il y est descendu pour échapper à Dieu, qui l’avait chargé d’une mission trop dangereuse. Prophète rebelle, Jonas se réfugie à fond de cale pour dormir, malgré la tempête qui se lève et menace de tout détruire. Comme un adolescent qui s’enferme dans sa chambre, Jonas fuit dans le sommeil malgré les secousses du bateau balloté par l‘ouragan.
Quand le capitaine enfin le sort de ce quasi-coma volontaire, Jonas reconnaît que la tempête est due à sa désobéissance, et que la seule issue est de le jeter par-dessus bord. C’est ainsi que se termine son premier confinement. Les marins se débarrassent de lui pour se sauver. Jonas passe de la cale du navire à la mer qui l’engloutit.
Jonas avalé par le grand poisson.
Chapiteau du XIIe siècle de la nef de l'abbatiale de Mozac
Il semble que l’apparition du virus soit due au comportement des humains. En s’approchant trop des animaux sauvages, tels les pangolins et les chauves-souris, en empiétant sur leur habitat, l’humanité a été contaminée par un virus qu’elle aurait pu éviter. Tout comme Jonas reconnaît sa responsabilité dans le malheur qui s’abat sur le navire, notre comportement a contribué au malheur de la maladie et des souffrances qu’elle occasionne, au malheur de la mise à l’arrêt des activités humaines, de la solitude et de la précarité.
Jonas, confinement 2
Comme pour Jonas, un second confinement succède à celui que nous avons vécu au printemps. Un grand poisson avale notre prophète. L’imagerie traditionnelle présente cet être marin comme une baleine, mais le texte biblique est beaucoup plus vague. On peut y voir un animal femelle, une sorte de matrice de laquelle Jonas naît mystérieusement.
Au cœur de son second confinement, il se décide enfin à crier à Dieu. Comme un pari qu’il y a quelque part une oreille, une bonté première pour recueillir les larmes et briser l’enfermement.
La (re)naissance de Jonas
Après ce temps de gestation dans le sein du poisson, Jonas en est expulsé sur la terre ferme, comme un bébé du ventre maternel au terme de la grossesse. Alors que le premier confinement du prophète s’était conclu par sa « mort » largué par-dessus bord dans la tempête, le second s’achève par cette naissance étonnante. Puis recraché.
Même chapiteau (autre face).
Il y a là de quoi nous inspirer sur notre manière de vivre ce nouveau confinement : et s’il était un appel à exorciser nos peurs, nos culpabilités et nos souffrances pour retisser les fils de notre confiance et de notre espérance ?
Cet appel n’empêche certes ni le ras-le-bol, ni la fatigue, la peur, ni la propagation du virus, ni aucun des désagréments de ce temps de crise ; mais il ouvre une brèche dans notre isolement, il nous propose un vis-à-vis - silencieux mais attentif - qui nous permet de renaître à notre tour.
d'après Christian Vez
Jean-Jacques Corbaz
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