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mardi 4 juillet 2017

(Pr) Derrière la croix, un trésor. Prédication du 2 juillet 17

Lecture: Marc 9, 2-10


Dans un EMS, deux femmes âgées, toutes ridées, discutent.
- Tu te souviens, dit l’une, quand on était jeunes; comme nous avons prié pour ressembler à Brigitte Bardot?
- Oh oui, fait l’autre. J’en ai pleuré. Ça ne marchait pas...
- Mais, fait la première: maintenant, on est exaucées!
 


Voilà. Avec Dieu, il faut être patient. Pour lui, mille ans sont comme un jour. Quand c’est pas le moment, c’est pas le moment! Et les vérités d’aujourd’hui ne sont pas toujours celles de demain!

C’est ce que nous dit aussi le récit de la Transfiguration. Quelle étrange histoire! Pourquoi Jésus se montre-t-il tout à coup sous cette apparence d’une blancheur éclatante, avec Moïse et Elie à côté de lui? Et pourquoi demande-t-il à ses disciples de garder le silence sur ce moment?

Pour trouver réponse à ces questions, il faut savoir que tout l’évangile de Marc, qui rapporte notre récit, est construit sur le schéma d’une intronisation royale égyptienne. Au pays du Nil,  le nouveau souverain était proclamé en trois phases:

1° Les dieux annoncent à l'heureux élu qu'il a été choisi par volonté divine.

2° Les dieux proclament à la cour l'identité du nouveau roi.

3° Le peuple accepte et reconnaît solennellement son souverain, qui du coup devient comme dieu, lui aussi.

L’évangile de Marc place la première phase au moment du baptême de Jésus (lorsque la voix du ciel annonce "Tu es mon fils bien-aimé...": Marc 1, 11).

- la deuxième phase a lieu lors de notre récit de la "Transfiguration" (la voix du ciel proclame aux disciples "Celui-ci est mon fils bien-aimé, écoutez-le": Marc 9, 7).

- et la troisième, à l'instant de la mort de Jésus (l'officier romain, pourtant païen, reconnaît "Celui-ci était vraiment le fils de Dieu": Marc 15, 39).

Ce schéma montre une chose capitale, pour Marc: on ne peut connaître vraiment le caractère divin de Jésus que face à la croix. Tous, disciples et païens, sont sur le même pied: ils ne peuvent savoir vraiment "qui est cet homme" qu'au vu de la manière dont il a accepté de mourir. Jésus n'est roi que sur la croix, ce qu'accentue encore la couronne d'épines!
  

Avant sa mort à Golgotha, tout le monde se méprend au sujet du Christ. Et Marc multiplie les récits de controverses avec les Juifs, scribes ou pharisiens, qui se fourrent le doigt dans l'oeil à son propos. Sa famille (3, 20-21) croit qu'il est devenu fou (ici pas de Marie qui reçoive une annonciation et croie d'emblée, comme chez Luc). Même ses plus proches compagnons se posent beaucoup de questions à son sujet (par ex. 4, 40-41).

Le comble, c'est quand Jésus annonce sa mort et sa résurrection   (et il le fait trois fois): juste après, les disciples manifestent par leur réaction qu'ils n'ont rien compris; que le sens profond de Vendredi saint et Pâques leur échappe:

- la première fois, Pierre fait des reproches à Jésus à propos de ce qu'il a dit (8, 31-33);

- la deuxième, les disciples se disputent pour savoir lequel d'entre eux est le plus grand (9, 30-34);

- et la troisième fois, Jacques et Jean lui demandent de pouvoir siéger avec lui dans sa gloire. Alors qu'il vient d'annoncer sa mort et ses souffrances à venir (10, 33-37)!

Ce n'est pas que les disciples soient spécialement obtus, pour Marc. Mais ils révèlent, par leur attitude, l'impossibilité pour tout être humain de comprendre véritablement qui est Jésus, fils de Dieu, tant qu'on ne l'a pas contemplé mourant sur la croix. Tant qu'on n'a pas vu de quel bois sa royauté était réellement constituée.

Et c’est exactement ça la raison du secret demandé par Jésus aux disciples. Après les miracles, comme après les annonces de ses souffrances, Jésus doit mettre le “black out” parce que c’est trop tôt. Personne ne peut comprendre encore. Ce n’est qu’après sa mort que les choses deviendront claires.

Par conséquent, nous suggère l’évangile de Marc, tout converge vers Vendredi saint et Pâques. Les événements de ces trois jours sont la clé pour connaître l'essentiel du Christ. Sans eux, on risque fort de se méprendre à son sujet; de le confondre avec un chef politique; ou un magicien tout-puissant; ou un savant qui aurait réponse à tout. Seule la croix nous montre le caractère résolument non-violent de Jésus. Son abaissement consenti. Et donc son respect absolu de notre liberté.

Disons-nous bien que nous ne sommes pas plus clairvoyants que les "douze", nous lecteurs du 1er ou du 21ème siècle. Nous risquons toujours de confondre le Christ avec une de nos "idoles", une des projections de nos désirs.

Le Dieu de l'évangile nous aime trop pour restreindre notre liberté. Il n'est pas tout-puissant, il est d'abord solidaire de nos souffrances, de nos doutes, de nos échecs. Il se tient du côté des victimes et des rejetés.

  

La Transfiguration joue donc un rôle central dans l’évangile: elle annonce Pâques. Il s’agit de préparer les disciples à affronter l’arrestation de Jésus, ses souffrances et sa mort. Dieu soulève en quelque sorte le voile pour montrer ce qu’il y a derrière les épreuves à venir: au-delà de ces jours de tempête, il y a la pleine lumière de ce qu’on appelle ailleurs le Paradis. La condition divine du Christ est une porte ouverte sur un avenir de salut, de guérison; de bonheur, de fête sans limite.

Cet avenir promis, c’est l’accomplissement de tout ce qu’annonce l’Ancien Testament. Moïse et Elie symbolisent ici, le premier la “Loi”, et le second les “prophètes”, soit les deux catégories de paroles qui sont au centre des Ecritures juives. Ils assurent au croyant que ce Jésus resplendissant de présence divine, c’est bien le Sauveur envoyé par Dieu.

Et c’est pour cela que Pierre veut dresser des tentes: il aimerait tant pouvoir rester dans cette atmosphère de bonheur parfait, cadeau du Père. Il aurait tant de plaisir à jouir longtemps des félicités célestes, plutôt que de redescendre affronter les souffrances et la peur, celles de Jésus, et plus tard les siennes...

Mais non: quand c’est pas le moment, c’est pas le moment, comme pour Brigitte Bardot! La Transfiguration n’est pas un but à atteindre, ni une récompense finale. Elle est là comme une annonce des réalités qui nous attendent, après la croix. Dieu en somme entrouvre la porte pour donner du courage à ses amis: voyez, derrière les épreuves et la mort, vous attend un trésor!

La Transfiguration est une promesse. Elle est comme un remontant, comme des vitamines qui permettront aux chrétiens de traverser les épreuves avec courage, en restant debout. Elle s’adresse aux compagnons de Jésus, mais aussi aux croyantes et croyants de tous les temps après lui: sachez-le bien, au-delà des injustices, des persécutions, des catastrophes, aujourd’hui encore, derrière la croix et la mort, vous attend un trésor.
  

Il est là, notre bonheur, à nous chrétiens. Et j’ai apprécié que, comme par hasard, le “Réformés” de juillet-août, que vous venez de recevoir, consacre plusieurs pages à ce thème du bonheur. Lisez-les! Et surtout, (ré)apprenez toujours mieux à être heureux, grâce à Dieu!
 

Deuxième coïncidence: lorsque je lui ai demandé de jouer pour notre culte sur son accordéon, Jacques-Louis Rochat m’a spontanément proposé la belle chanson de Gilles “Le bonheur”. Et que nous la chantions avec lui. J’ai accepté avec joie! Et c’est ainsi que, cette prédication, nous allons la conclure tous ensemble en chantant: “Le bonheur”. Merci!                                    
  
Gilles


Jean-Jacques Corbaz 



dimanche 18 juin 2017

(Hu) À Blonay aussi (chanson pour mes adieux)

(Pour vous dire ma reconnaissance pour ces 11 mois de bonheur, j’ai préparé une petite chanson, avec l’aide du grand Fernandel et de sa fameuse amie Félicie… aussi!
Vous y rencontrerez quelques allusions à des personnes réelles de la paroisse, mais elles représentent toutes les autres – il m’aurait fallu une chanson de 2h pour toutes les mettre!)


À Blonay aussi

– Envoyé par mon Eglise,
J’ai découvert Blonay-Saint-Légier,
Pour moi, quelle belle surprise,
J’y ai trouvé tout ce dont je rêvais!
Les Lausannois, très étonnés,
Ont essayé de m’objecter:

– Dans les paroisses de ville,
La vie paraît plus facile, – à Blonay, aussi!
On y trouve des boutiques,
D’excellents transports publics, – à Blonay, aussi!
Un’ secrétaire de paroisse
Souriante et efficace, – à Blonay, aussi!
Des médecins, des dentistes, des bars et des garagistes,
Mêm’ de tout grands organistes, – à Blonay, aussi!
  


– Moi qui viens d’un hameau tranquille,
Je rêve de calme et de paix,
La cure de Goumoens-la-ville
Et ses villageois me comblaient.
Des amis, près de Palézieux
Voulaient m’embaucher par chez eux:

– Si tu choisis la campagne,
T’auras vue sur les montagnes, – à Blonay, aussi!
Beaucoup de gens se connaissent,
Tu verras leur gentillesse, – à Blonay, aussi!
Tu trouveras au village un château du Moyen Âge,
Des gens très âgés et sages, – à Blonay, aussi!
Qui te diront leur histoire,
Tu aimeras leur mémoire, – à Blonay, aussi!



– Moi qui aime les paysages
Des montagnes de par chez nous,
Me balader dans les alpages
Et voir fleurir… les cailloux,
Je reçois l’appel d’un cousin
Qui cherche un pasteur pour Leysin:

– Si tu viens dans nos préalpes,
Tu s’ras reçu comme un pape, – à Blonay, aussi!
T’auras des églises pleines,
Enfin: pas chaque semaine, – à Blonay, aussi!
Les gens se sourient toujours,
Dans la rue, on dit «Bonjour! », – à Blonay, aussi!
Ils ont le cœur sur la main,
Les Bonjour et les Mamin, – à Blonay, aussi!

Chez nous, les filles sont belles,
Et les amitiés fidèles, – à Blonay, aussi!
Un député amical
Te jouera du cor des alp’ – à Blonay, aussi!
Une coiffeuse engagée
T’offrira des p’tits cafés, – à Blonay, aussi!
Et le sourir’ d’Antoinette te mettra le cœur en fête
Bien au-d’là de ta retraite, – à Blonay, aussi!



– Cela fait bientôt une année
Que je suis past’heureux à Blonay,
Hélas, ma pige est terminée,
Ce temps, je le regretterai,
Votre accueil était chaleureux,
J’en ai du soleil plein les yeux!

J’ai connu des joies immenses,
Une vie pleine et intense, – à Blonay, aussi!
Avec mon coeur, mes limites
J’ai chanté Dieu… sans mérite – à Blonay, aussi!
Au pays de mon enfance
En retournant je repense, – à Blonay, aussi!
Quand nous revivrons ensemble,
Au paradis, ça ressemble, – à Blonay, aussi!

J’ai connu des joies immenses,
Une vie pleine et intense, – à Blonay, aussi!
Avec mon coeur, mes limites
J’ai chanté Dieu… sans mérite – à Blonay, aussi!
Au pays de mon enfance
En retournant je repense, – à Blonay, aussi!
Quand nous revivrons ensemble, tellement beaux que j’en tremble,
Au paradis, ça ressemble, – à Blonay, aussi!!




Jean-Jacques Corbaz  


 

vendredi 28 avril 2017

(Hu) Solutions aux trois jeux des écrivains

« Confiné » 
Dans le texte, se cachent les noms de trente écrivains de langue française. Saurez-vous les retrouver ? 

Confiné, il racontait ce qu’il ferait une fois libre, d’ici un mois, dans ces eaux-là. Ce moment semble si dur à surmonter… mais les mots, lierre de la pensée, permettent de s’évader un moment, de laisser fuir des maux passants.
Près de la fontaine dont les flots bercent l’oreille distraite, des oiseaux volent, terre, et racines semblent endormis. Les oiseaux sont là, souverains, beaux, jeunes encore.
Une tribu goguenarde qui boit l’eau et la bénédiction du soleil qui couvre leur air novice.
Le rabot de l’air ne les épuise pas : ils n’en font cas, mus par la douceur du jour.
Mus, c’est le mot, mais sans le mouvement : ils se posent, l’arbre vert ne bouge presque pas.
Du mât naturel, ils regardent au loin, plus ou moins anges, peu ou prou statues.
Braves bêtes, la becquée te les rend grands mais où est le bec aujourd'hui ?
Le héros poursuit son chemin rêvé. Les ronces ardentes frôlent ses pieds.
Il avance, doucement, cherchant une aide, blonde, brune, rousse, au hasard.
Il a beau voir toute cette splendeur, il ne s’y trompe pas.
Il a beau marcher par l’esprit, il ne bouge pas en réalité pas.
C’est la force des poètes : se promener sans mouvement, sans de grands efforts.
Voir la vie en beau malgré tout, malgré les épreuves.
L’esprit est une gare : y passent mille idées qui s’enfuient et nous entraînent.
Toujours l’art a gonflé cette voile humaine, cette force : tenir bon, jusqu'au prochain voyage.  

(auteur anonyme)

j’en ai finalement vu 31 !   
Zola, Duras, Molière, Maupassant, La Fontaine, Flaubert, Voltaire, Racine, Rimbaud, Hugo, Boileau, Labé (Louise), Ernaux (Annie), Baudelaire, Camus, Musset, Verne, Dumas, Proust, Beckett, Talleyrand, Houellebecq, Ronsard, Rousseau, Beauvoir, Beaumarchais, Fort (Paul), Sand, Vian, Gary, Aragon.   
--> on pourrait même ajouter (Gustave) Roud (mais je doute que ce soit l’intention de l’auteur !!) et (G. de) Rais, voire la comtesse (de Ségur).


« Tais-toi » :
Dans le texte ci-dessous se cachent les noms de 25 écrivain-e-s romand-e-s. Saurez-vous les retrouver?

Tais-toi !
« Tais-toi, Jacquot, tais-toi », dit Constantin à son perroquet roux, perché sévèrement sur le lustre. Jacquot n’avait rien d’un rat muet, encore moins d’un rat de bibliothèque. Gros, bête, illettré, il éructait sa babille pareil à un prêcheur de carnaval au ton cathodique, éreintant.
Constantin le fit descendre, armé d’un manche à balai. Hurlant de rire, le perroquet s’envola, lourd, bancal d’asymétrie, jusqu’au long couloir d’entrée.
Là, il ne se percha pas sur la rambarde de l’escalier, comme d’habitude, mais resta en l’air. Il y paraissait plus grand, sombre, menaçant. 
Constantin repensa à sa mère, quand on la contrariait. Secrète, angoissée, elle lui faisait peur. Il arriva à grand-peine à glisser cette réminiscence sous le tapis. Son père y était pour beaucoup.
La boule rousse aux griffes grises se posa enfin, comme un pacha sa tâche terminée. Du coup, Constantin se réveilla, et, rassuré, il contempla la bête immobile. Empaillée. Il vit qu’elle tenait au bec un rameau d’olivier.

Jean-Jacques Corbaz
Jaccottet, 
(Benjamin) Constant, 
Roux
Chessex, 
Ramuz, 
(Anne-Lise) Grobéty, 
(Corinna) Bille, 
(Félix) Vallotton, 
Dicker, 
Cendrars, 
Landry, 
Haldas, 
(Catherine) Colomb, 
Chappaz, 
(Georges-Emile) Delay, 
(Othon de) Grandson - clin d’œil à la paroisse où j’ai connu Nanette Scheder et plusieurs d’entre vous !
(Jacques) Mercanton, 
(Charles) Secrétan
(Alice) Rivaz, 
(José-Flore) Tappy, 
(Anne) Perrier, 
Rousseau, 
(Jean) Pache, 
(Pierre-Alain) Tâche, 
(Juste ou Urbain) Olivier   
--> on pourrait aussi ajouter Jean-Marie Veya  (merci à Frédéric Monnier !)


Supplément:
Et un petit supplément comme dessert ! Cinq autres écrivain-e-s romand-e-s que je m’en voulais d’avoir omis-es :

«Maille après maille artisan d’espérance, l’aumônier, ayant bien vécu, naît au ciel debout, vierge de toute mort, amène.»

(Ella) Maillart, 
(Jean-Pierre) Monnier, 
(Anne) Cuneo, 
(Nicolas) Bouvier, 
(René) Morax


Merci d'avoir joué!
Jean-Jacques Corbaz



samedi 22 avril 2017

(Im) Schaffhouse en images

Quelques photos de notre excursion à Schaffhouse, les 20 et 21 avril.

Il y a des centaines d'oriels différents (nous étions emballés par ces encorballements, si j'ose dire, mpffff).

Parmi les inscriptions, en toutes sortes de langues, j'ai apprécié le fameux "Da gli amici mi guardi Dio, da gli inimici mi guardero io" pour sa musique.














Les chutes du Rhin.
Admirez les deux rochers à droite, on dirait des génies des eaux qui se demandent pourquoi tant de monde vient les déranger... (Voir surtout les 7è et 8è photos).























mardi 18 avril 2017

(Bi) « Pâques sera trop chou ». Tu crois?

Merci à Pierre Bühler pour ce texte pertinent!!!

« Pâques sera trop chou »
_______________

Ce titre, vous l’aurez reconnu, c’est le slogan publicitaire choisi par une grande chaîne d’alimentation de notre pays pour le temps de Pâques. En le lisant partout, sur les affiches, sur les sacs, sur les dépliants, etc., le théologien que je suis a été de plus en plus interpellé. Certes, on s’adresse aux enfants, on les invite à venir chercher leur « lapinou », en dix variantes ! Et pour les obtenir, il faut collectionner des timbres, et pour avoir ces timbres, il faut que les parents achètent. La fête de Pâques, donc, comme une bonne occasion de consommer ! Chaque temps de fête connaît sa commercialisation, plus ou moins efficace. D’ailleurs, à l’intérieur du dépliant où l’on colle les timbres, on voit une jeune vendeuse avec les bras pleins d’objets à acheter et la phrase « Nous réalisons nous-mêmes ce qui nous tient à cœur ». Acheter, acheter, pour réaliser ce qui nous tient à cœur…

Pour cette commercialisation, on a évidemment choisi de jouer sur le folklore habituel de Pâques, qui remplit aussi les rayons des magasins durant ces semaines : les lapins et les œufs. Dans un premier temps, j’ai tenté de contenir ma réaction de théologien : je me suis dit que cela faisait partie du jeu depuis bien des décennies. Mais ce slogan « Pâques sera trop chou » m’est resté à l’esprit : et si c’était tout ce qui resterait un jour de Pâques, des lapinous trop chous ?

 
Je me suis souvenu d’un entretien que j’avais eu il y a quelque temps avec un jeune homme qui me demandait : « En somme, c’est quoi exactement qu’on fête à Pâques, dans la tradition chrétienne ? » Et il n’en avait vraiment pas la moindre idée. Et j’avais alors tenté de lui expliquer : que les évangiles racontent que Jésus est monté à Jérusalem à l’occasion de la Pâque juive et que ces journées à Jérusalem furent ses dernières, qu’il y fut jugé et condamné à mourir sur la croix, mais que la foi chrétienne voyait dans cette mort une victoire sur la mort, qui fait qu’elle appelle Jésus-Christ le crucifié ressuscité, proclamant que la vie est plus forte que la mort. Cette première explication en amena d’autres : que le mot même de Pâques vient d’un terme hébreu qui veut dire « passage, et que donc la fête chrétienne de Pâques fait référence à la fête juive de la Pâque, qui célèbre la sortie d’Égypte du peuple d’Israël. Une fête du passage de l’esclavage à la liberté, à laquelle la fête chrétienne fait écho en annonçant la libération à l’égard du règne de la mort. Et les lapins et les œufs, alors ? J’avais répondu que c’était probablement en lien avec un vieux culte européen de la fertilité, célébrant la renaissance de la vie au printemps, après un long hiver de la mort… Ce fut un bel entretien, plein de découvertes et d’étonnements.

Du coup je me dis : qui sera là pour donner les explications nécessaires quand les enfants demanderont : « Dis, papa, pourquoi Pâques, c’est trop chou ? » Espérons qu’il y aura encore assez de mémoire chez quelques-uns pour rappeler qu’au-delà des lapinous, dans la fête de Pâques, il en va fondamentalement d’esclavage et de liberté, de vie et de mort, et que ce n’est pas une affaire de timbres et d’achats.

Alors collectionnons gaiement des lapinous ! Mais souvenons-nous aussi que ce qui pourrait faire la véritable joie de Pâques, c’est de vivre la libération d’un esclavage, de découvrir cette vie plus forte que tous les désespoirs de mort qui trop souvent nous hantent.

Joyeuses Pâques, bon passage !

Pierre Bühler


vendredi 14 avril 2017

(Pr) Ne pas saucissonner, SVP. La vraie victoire

Prédication du 14 avril 2017

Lectures bibliques: Ps 2, 1-7 ; Marc 15, 16-39 ; 1 Cor. 15, 1-7

Nous avons l’habitude de baisser la tête à Vendredi saint, et de la relever à Pâques. On nous a inculqué que la croix était une défaite, et la résurrection une victoire… Tout juste? Ou tout faux?

Bien évidemment, ni l’un ni l’autre! Mais réfléchissons un instant: où est la plus grande victoire de Jésus? Etait-ce d’accepter l’abaissement de la croix, les souffrances, les injures et la mort, tout cela sans l’avoir mérité le moins du monde? Ou de se relever vivant du tombeau?

Vous me direz que vous manquez d’expérience de la chose, dans un cas comme dans l’autre. Moi aussi! Mais je crois qu’il est impossible d’établir une hiérarchie entre les deux événements, tellement ils sont inséparables. Davantage: il s’agit plutôt d’un seul et même événement vu sous deux angles différents, comme un tunnel qu’on regarderait tantôt par la sortie «nord» et tantôt par le côté «sud». Laquelle des issues est la plus utile? À l’évidence, l’une ne va pas sans l’autre.

 

Allons plus loin encore: célébrer Vendredi saint dans sa vie sans y associer Pâques, c’est amputer sa foi d’une moitié essentielle. Et réciproquement! Il faut que ces deux fêtes se donnent la main dans notre espérance et notre cœur, comme dans notre quotidien. Sinon, ce n’est pas plus une foi chrétienne qu’un célibataire ne forme un couple à lui tout seul!

En effet, si vous n’ouvrez la porte qu’à Pâques en laissant dehors Vendredi saint, vous allez fêter quoi ? Le renouveau, les fleurs,  la vitalité créatrice; vous pourrez rouler les œufs et acheter des lapins en chocolat… Dans ce cas, un conseil: fermez vos journaux et vos TV, évitez d’écouter les cris de celles et ceux qui souffrent sur cette terre, cela pourrait gâcher votre fête! Mais vous ne célébrez pas la résurrection. C’est la croix qui met en perspective la véritable dimension de Pâques.
  
Et si, au contraire, vous ne recevez chez vous que Vendredi saint, vous serez certes sensible à toutes les détresses, à toutes les oppressions qui frappent nos semblables; mais vous vous épuiserez dans une lutte où vos forces seront dérisoires, face à l’immensité des défis; ou bien vous resterez murés dans une mauvaise conscience qui ne fera aucun bien, ni aux autres ni à vous-même - tout ce que la Bible appelle le “péché”, et dont Jésus est venu nous délivrer.

   


Garder unis Vendredi saint et Pâques, oui, mais comment? Je répondrai par deux exemples.

D’abord en évoquant quelques personnes très âgées, la plupart à l’EMS. De ces aînés qui ont traversé des épreuves douloureuses, qui sont comme Job atteints dans leur santé, leur famille, leurs sécurités matérielles (pensez au deuil que représente le renoncement à pouvoir vivre chez soi…). Ces quelques aînés qui pourtant restent paisibles et confiants, qui n’ont pas peur de la mort, et qui en plus se soucient les uns des autres, se portent mutuellement dans les passages les plus pénibles…

C’est ainsi qu’une pensionnaire, qui venait de perdre son mari, lequel vivait dans la même chambre qu’elle, à l’EMS, me disait: «Heureusement que je suis ici, je ne suis jamais seule, il y a tant d’amies qui me soutiennent». Quand la vie vous paraîtra trop dure, eh bien allez les trouver, vous en sortirez enrichi!

Vendredi saint et Pâques, la solidarité et l’espérance; la sensibilité et l’assurance de ne jamais être tout seul dans nos combats, nos combats qui depuis la première Pâques sont gagnés d’avance! Vendredi saint et Pâques ensemble, ou quand la lutte elle-même devient fête, par l’Espérance majuscule du Ressuscité, en nous!
  
 

Mon second exemple de cette union entre Vendredi saint et Pâques, ce sera Raoul Follereau, l’apôtre des lépreux; il a transformé un nombre incalculable de vies grâce à sa foi et à son engagement. J’aimerais pour conclure lui laisser la parole:

Aimer, c’est aussi partager la même espérance.

Allez donc expliquer aux enfants qui meurent de soif dans le Sahel qu’il y a un bon Dieu, un paradis et une espérance. Ils ont soif, ils ont faim et ils meurent, c’est tout.

L’espérance, c’est elle surtout qui nous manque. C’est son éclipse qui nous est si cruelle. Si nous ne portons pas aux autres l’espérance, comment oser dire que nous les aimons?

En supprimant Dieu de la destinée humaine, on a créé la civilisation de l’égoïsme, du dégoût et du désespoir.

À chaque fois que, d’un air pénétré, je dis «Tout va mal» en laissant retomber et ma voix et mes bras, alors, tout va plus mal, à cause de moi.

Vous n’irez pas soigner les lépreux de la lèpre. Vous soignerez d’autres lèpres en inondant le monde de votre amour, chacun pour votre part. Ne me dites pas: «Qu’est-ce que je peux, moi? C’est si peu.» Une goutte d’eau qui tombe fait monter l’océan. Soyez cette goutte d’eau.

Refusez de mettre votre vie au garage. Mais refusez aussi l’aventure où l’orgueil a plus de place que le service.

Tout sera sauvé, si vous savez aimer. Pas un jour en passant, mais très fort, très longtemps… tous les jours; toujours.

Ne vous découragez pas, ne renoncez pas. Riez au nez des sceptiques, des prudents, de ceux qui mettent leur vie en conserve et commencent leur retraite au biberon.

Vous cherchez un but à votre vie ? Il manque dans le monde trois millions de médecins. Devenez des médecins. Plus d’un milliard d’êtres humains ne savent ni lire ni écrire. Devenez des enseignants. Deux hommes sur trois ne mangent pas à leur faim. Devenez des semeurs, et, des terres incultes, faites surgir les récoltes dont ils ont besoin.

Je ne suis qu’un vieil homme. Regardez-moi. Nous ne nous reverrons probablement jamais. Regardez-moi bien. Vous avez devant vous le visage d’un homme qui a toujours été parfaitement heureux.

Ce n’est pas que nous n’ayons jamais eu des coups durs. Vous vous imaginez bien, cette vie-là, elle a été difficile. On a eu des accidents, des pannes, des maladies, toutes sortes d’obstacles; mais nous ne nous sommes jamais endormis sans penser que, peut-être, grâce à nous, quelques visages avaient souri, quelques larmes s’étaient séchées.
C’est ça, voyez-vous, le secret du bonheur.

Raoul Follereau
  


Garder unis Vendredi saint et Pâques, chez vous aussi? Amen

Jean-Jacques Corbaz



dimanche 9 avril 2017

(Vu, FA) Les fêtes chrétiennes


Voici un bref descriptif des principales fêtes chrétiennes:


Avent: les 4 semaines avant Noël; on y est centré sur l'attente du retour de Jésus

Noël (25 décembre): naissance de Jésus (fête instaurée très tardivement)

Epiphanie (6 janvier): adoration de Jésus par les mages ("rois")
et aussi: baptême de Jésus

Carême ou temps de la Passion (40 jours avant les Rameaux): préparation à la Semaine Sainte. Ce temps commence par le Mercredi des Cendres. Les derniers jours avant le Carême sont marqués par le Carnaval («adieu la viande») puis Mardi-gras

Semaine Sainte (des Rameaux à Pâques): la plus importante semaine de l'année

  Rameaux (une semaine avant Pâques): entrée de Jésus à Jérusalem, acclamé comme un "roi"

  Jeudi saint (3 jours avant Pâques): Jésus institue la communion (ou Cène, ou eucharistie), puis est arrêté

  Vendredi saint (2 jours avant Pâques): mort de Jésus, couronné d'épines ("roi à l'envers": "cet homme était vraiment le Fils de Dieu")

  Pâques: Jésus n'est plus dans sa tombe, il est vivant ("ressuscité").
   Son rayonnement ne mourra jamais

Ascension (40 jours après Pâques): Jésus, s'il est vivant, n'est plus visible ni palpable à côté de nous. Il nous échappe, pour être mieux proche de tout le monde.

Pentecôte (50 jours après Pâques): si Jésus n'est plus visible, pourtant, il continue d'agir    en nous. Quelque chose de son message, de sa force vit en celles et ceux qui croient en lui. C'est le "Saint-Esprit".

 
 
On peut dire que Pâques au sens large va du Mercredi des Cendres à Pentecôte !
On se rappelle également que chaque dimanche est comme une nouvelle fête de Pâques.

-> La fête de Pâques (au sens restreint) est donc le pivot du calendrier chrétien. Sa date est mobile: Pâques a lieu chaque année le dimanche qui suit la première pleine lune du printemps. Selon les lunaisons, la date de Pâques varie donc entre le 22 mars et le 25 avril.

Cette bizarrerie vient du calendrier des Juifs. Ces derniers connaissaient une fête nommée La Pâque (sans "s" à la fin), qui célébrait la sortie de l'esclavage d'Egypte par Israël sous la conduite de Moïse; et dont la date fluctuait comme notre fête de Pâques!  

JJ Corbaz