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mercredi 28 novembre 2012

(FA Vu) Isaline et les croix - La mort et l'enfant

Il est difficile de savoir comment aborder ce sujet pénible avec des enfants.
Nos petits sont très sensibles, et nous avons, à juste titre, peur de les traumatiser.

Pourtant, ne pas aborder la question peut s’avérer pire que de leur provoquer de la peine. En effet, les enfants sont sensibles aux atmosphères plus encore qu’aux mots et aux phrases. S’ils sentent que nous sommes tristes, nous leur rendons service en leur expliquant pourquoi - avec des termes à leur portée, bien entendu.

Les enfants sont une caisse de résonance pour les sentiments de leurs parents. Si nous sommes aigris, révoltés, mal à l’aise... si la mort nous plonge dans des abîmes de questions sans réponses et que nous le vivons mal, nos petits seront profondément troublés, et c’est ça qui risque de les traumatiser.

Mais si, à l’inverse, nous sommes relativement sécurisés sur ce sujet, eh bien nous allons donner de la sécurité à nos enfants, sans même le vouloir. Si notre chagrin est vécu dans la confiance, nous leur permettons de le vivre ainsi, eux également.



            Photo Diane Gerber

A) Premier point donc sur ce thème: comme parents, nous fortifier nous-mêmes pour du coup fortifier nos enfants. Nous façonner des repères qui nous aident à traverser les drames de la vie sans nous sentir démolis, sans ressources, sans appui. Si possible nous mettre au clair nous-mêmes, par exemple en nous forgeant une manière simple de comprendre ce mystère. La foi chrétienne peut y aider, mais à ce niveau le contenu importe peu, pour autant qu'il soit libérateur, apaisant, et pas culpabilisant, bien sûr! Toute spiritualité nous donnera une assise bénéfique, pour nos enfants comme pour nous individus.

Ensuite, n'ayons pas peur de solliciter une ou plusieurs personnes qui puissent nous communiquer un peu de cette sécurité: pasteur, diacre ou curé, bien sûr, sont volontiers à disposition; mais bien d'autres peuvent le faire; souvent, ici, les grands-parents peuvent être une ressource positive, car ils ont déjà beaucoup réfléchi à la question, et je crois que plus on avance en âge, moins la mort fait peur.

B) Dans la relation avec nos enfants maintenant, il est important:
1° De leur permettre d'exprimer leurs sentiments, de poser leurs questions, de faire part de leur tristesse, de leur incompréhension, mais aussi de leur affection et de leur attachement à la personne décédée. Ne pas répondre trop vite aux questions, surtout si nous ne sommes pas sûrs de nos réponses. Proposer plutôt d'utiliser les aides mentionnées au § précédent. Et puis, bien sûr, leur offrir une des choses dont ils ont le plus besoin: du temps, de l'attention bienveillante, de l'affection. La tendresse des vivants est essentielle quand on est confronté avec la mort.

2° Tout logiquement, de nous exprimer à notre tour sur notre manière de vivre l'événement. Ne pas craindre de dire aussi ce que nous ne comprenons pas, voire notre révolte, nous rendons service aux enfants en le faisant.

Effet de lumière: la brisure du vitrail (à dr.), projetée sur le mur, donne un coeur. Photo E. Mayor

3° Essayons de garder à l'esprit et de faire comprendre à nos petits que
a) la mort est naturelle, elle fait partie de la vie. Tout être vivant doit mourir un jour. L'important, ce n'est pas de vivre longtemps (même si la séparation est douloureuse), l'important, c'est la qualité de la vie.

b) la personne décédée après une maladie grave ou à un âge avancé a souvent souhaité mourir. La fin de la vie est fréquemment une délivrance pour le mourant. Alors que ce sont les proches, la famille, les amis qui, eux, auraient souhaité retarder la séparation.

c) dans beaucoup de religions, comme dans le christianisme, on parle d'une vie après la mort. Cela veut dire que la personne décédée n'a pas disparu dans le néant; qu'elle continue d'exister, mais autrement, d'une manière qui nous échappe. Par conséquent, elle ne cesse pas d'aimer ceux avec qui elle est liée d'affection. Et, bien sûr, les vivants n'arrêtent pas de l'aimer. Encourager les enfants à continuer d'aimer leurs défunts, et à le leur exprimer (à le dire, à leur faire des dessins, des bricolages, les mentionner dans la prière, ou tout autre moyen de rester en contact), c'est leur permettre de recevoir une consolation importante.

d) dans la foi chrétienne en particulier, la vie après la mort est décrite en termes d'amour; de lumière; de guérison; de réconciliation. Selon le Nouveau Testament, Dieu nous re-crée nouveaux, mais parfaits, mais débarrassés de nos défauts et de nos maladies. Si donc on a souffert en subissant une personne désagréable et/ou diminuée par l'âge ou ses souffrances, l'espérance chrétienne nous dit que ces écueils sont éliminés par Dieu, et qu'il ne reste plus que de la tendresse, de la bienveillance et de la paix.


Photo: God understands our prayers even when we can't find the words to say them. 
Press Like if you agree! =)


NB: la Bible comprend deux parties:
- l'Ancien Testament, écrit avant la vie de Jésus,  et qui est la référence des Juifs; il a encore parfois une vision négative de Dieu; le Créateur punirait ceux qui lui résistent, disent certains versets.

- et le Nouveau Testament, écrit après la vie de Jésus, qui affirme que Dieu n'est plus que grâce, pardon et bienveillance. Jamais il ne nous fera du mal.

C'est cette dernière partie de la Bible que je vous propose comme référence, sur ce thème de la mort.

C) Concernant la cérémonie funèbre, la question se pose toujours: est-il préférable que les enfants y assistent ou non?

La réponse dépend moins de l'âge des intéressés que de la position de leurs parents, soit des personnes les plus proches d'eux. Je veux dire que, si des pères ou des mères souhaitent prendre leurs enfants à ces adieux et qu'ils en ont parlé sereinement avec eux, quel que soit leur âge, alors, tout se passera bien, et cette présence au service funèbre leur sera certainement bénéfique. Par contre, si cette perspective nous déstabilise, alors, nos petits risquent bien de vivre ce moment de manière négative eux aussi.

Les enfants ont évidemment besoin de concret, pour appréhender ce qui se passe. Je recommande, s'il y a un lien fort avec la personne décédée, de les associer à un geste visible, pendant ou en vue de la cérémonie. Par exemple, proposer aux enfants de réaliser chacun un dessin qui parle de quelque chose d'important pour le défunt et pour eux. Et ensuite, placer ces dessins à l'intérieur du cercueil pour la cérémonie; ou mieux encore, les afficher sur les côtés du cercueil, à l'extérieur, bien en vue  (dans les deux cas, l'officiant mentionnera ce fait, c'est très important).

On peut aussi, par exemple, déposer avec les enfants des bougies autour du cercueil, ou des fleurs, ou de petites branches. Signes de lien et de vie.

Si l'on souhaite ne pas prendre les enfants au service funèbre, on peut pour les aider dans leur deuil les faire participer uniquement à la mise en terre de la bière ou des cendres. Ils pourront alors se rappeler que leur aïeul repose ici, et savoir pourquoi leurs parents reviennent parfois y déposer des fleurs ou se recueillir.

Photo anonyme,      auteur inconnu

À la question de savoir s'il faut que les enfants voient le corps du défunt, la réponse me semble la même que pour la cérémonie funèbre: comme le sentent les parents. Avec bien entendu des nuances qui tiennent aux circonstances du décès et à l'état du corps. Si l'apparence de la personne décédée est déformée par un choc, peu reconnaissable, enlaidie, alors il vaut mieux ne pas la faire voir à des petits, c'est évident. Pensez aussi aux odeurs, bien sûr.

Dans la mesure du possible, parlez à l'avance aux enfants de ce qu'ils vont vivre, cela les aidera. Simplement, de manière la plus naturelle possible, une nouvelle fois. Le but n'est pas de les impressionner, mais de leur transmettre une sécurité, un apaisement. Accompagnés de tendresse et d'affection solides.                  
                                                                                                                                                 
D) En conclusion, une jolie histoire, qu'on peut raconter à nos enfants:

“Isaline court au fond du jardin. Grand-Papa, lui, marche lentement à cause de ses jambes fatiguées et de ses rhumatismes. Tous les ans, au moment de l’anniversaire d’Isaline, le cerisier est couvert de magnifiques fleurs blanches. C’est son arbre préféré.

Mais voilà qu’aujourd'hui, le cerisier a disparu!


- Il est tombé, répond Grand-Papa. Tu sais, il était très vieux... Il est mort.


Isaline serre la main de Grand-Papa. Ils se regardent.


- Mais, fait Isaline, toi aussi, tu es très vieux. Tu vas mourir?


Elle se souvient comme elle a pleuré quand son petit chat est mort. Elle aime tant son Grand-Papa...


- S’il te plaît, Grand-Papa, ne meurs pas!


-Tout ce qui est vivant doit mourir un jour, répond le vieil homme. Même si cela rend triste. Mais la mort est un nouveau commencement.


Déjà, Grand-Papa s’est mis à creuser le sol avec sa bêche.


- Oh, fait Isaline, regarde: un dirait un noyau de cerise!


C’est bien un noyau de cerise, fendu par le milieu. Un germe sort de cette fente.


- C’est une jeune pousse en train de s’enraciner dans le sol, explique Grand-Papa. Elle va grandir, et devenir un nouveau cerisier. Dans quelques années, l’arbre fleurira et donnera de belles cerises noires.


Isaline sourit, consolée:


- On va le replanter, Grand-Papa?



                                                               Jean-Jacques Corbaz


  photo Ira Jaillet

Voir aussi sur ce blog Oser parler de la mort aux enfants


--> Signalons aussi le livre d’Alix Noble-Burnand “Au Secours! Mon enfant pose des questions sur la mort et je ne sais pas comment répondre”. 
On trouvera des quantités de choses intéressantes sur son site http://www.parlerdelamort.ch 

 


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