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dimanche 29 décembre 2013

(Pr) Le bon vieux temps, ou le lapin de Noël

Lectures bibliques: Luc 2, 27-35, Genèse 19, 15-17 + 23-26

Une histoire des Pères du désert. Le moine Philémon a réalisé un jour à quel point il était encore loin de la perfection. Passant sur la place du village, il entend des enfants rire aux éclats. Il s’arrête et leur demande:
- À quoi vous amusez-vous ?
- Eh bien, Philémon, nous jouons à celui qui dira le plus gros mensonge.
- Oh, s’écrie le vieux moine, mais de mon temps, on ne s’amusait pas à des jeux pareils!
- Bravo, Philémon, clament les enfants, c’est toi qui as gagné!!

C’est ainsi un penchant fréquent chez l’être humain d’idéaliser le passé. De ne garder du vieux temps que les bons souvenirs. D’exagérer les exploits anciens, les bonheurs, les ambiances... (comme j’en vois beaucoup parmi vous au moins aussi âgés que moi, j’imagine que je n’ai pas besoin d’insister trop lourdement. Vous connaissez!).

Mais savons-nous vivre le présent, ses joies, ses émotions? Savons-nous être attentifs à ceux qui sont à côté de nous, ici, maintenant, plutôt que de rêver au “bon vieux temps”? Et savons-nous aussi regarder vers le futur, espérer avec confiance un avenir où Dieu crée encore?


Après Noël, bien des gens ont envie de regarder en arrière, comme la femme de Lot. Et on continue de fêter, et de bien manger, et de s’amuser.

L’évangile n’est pas opposé à ce genre de réjouissances à rallonges, bien sûr. Mais il faut juste savoir que le sens de Noël n’est pas là! Que ce n’est pas pour cela que Jésus est né sur notre terre.

Le premier dimanche après Noël n’est pas un jour tourné en arrière. Un jour où nous pourrions dire “Et maintenant, Seigneur, tu peux laisser ton serviteur dételer tranquillement, et jouir d’un bon repos, car tu m’as donné le salut”.

Ce n’est pas tout à fait cela que dit Siméon. Au contraire, il souligne que l’essentiel, il est à venir. Ce qui sera décisif pour nous, il est devant: Jésus sera une lumière pour faire connaître Dieu au monde. Les hommes s’opposeront à lui, et Marie, sa mère, aura le coeur transpercé par la douleur.

Noël n’a donc de sens que parce qu’il ouvre à la suite de l’évangile, et surtout à Vendredi saint et Pâques. La naissance de Jésus ne veut pas nous tourner vers le passé, mais vers l’avenir! Et le salut n’est pas acquis à Bethléem; la ville de David n’est que la première étape d’un processus qui culminera à Golgotha, avant de bluffer tout le monde autour d’un tombeau vide!

Un signe de ce que je viens de dire: le 15 décembre, nous vivions la fête de Noël de la paroisse à Orges. Les enfants du Culte de l’Enfance avaient réalisé de jolies peintures sur verre, à mettre devant une bougie, comme un petit vitrail de la nativité. On y voyait nombre d’étoiles, et d’animaux liés à la crèche: âne, boeuf, chameaux...

Mais Marine, 10 ans, avait choisi de peindre un... lapin. Les autres rigolaient doucement: “Mais, Marine, il n’y a pas de lapin à Noël!”. Eh bien, j’affirme que cette jeune demoiselle avait cent fois raison: son dessin annonçait Pâques, et il nous donnait ainsi le véritable but de la fête que nous venons de vivre! Je lui ai dit merci: grâce à elle, le vrai sens de Noël ne nous a pas posé un lapin!

Oui, Marine pouvait bien décorer son lapin de Noël! Car la naissance de Jésus parmi nous ne vient pas résoudre tous nos problèmes d’un coup. Non, Noël, c’est le début d’une aventure. Une aventure où notre temps, donc notre passé et notre présent, et notre futur, sont visités, habités par Celui qui s’affirme comme la Lumière du monde; celui qui nous dit des mots tout simples, comme “je t’accompagne”; ”patience”; “espoir”; “je t’aime”; “je t’attends”...

jjc
Au fond, ce que à quoi nous invitent aujourd’hui Siméon, Marine et Philémon, c’est à ouvrir les yeux sur cette présence subtile du Christ, si discret, si proche que souvent on ne le discerne pas; le Christ, qui veut nous entraîner avec lui sur les routes risquées d’une espérance engagée et responsable.

Dans cette marche, rien ne sera facile. Vous le savez bien, d’ailleurs, quand vous repensez à cette année écoulée; et à votre vie entière. La vie des chrétiens est une lutte jamais achevée contre tout ce qui nous fait violence, dans notre monde: contre la résignation ou la peur; les faux dieux, que je nommerais “dollar” ou “je-t’écrase si t’es pas d’accord”; le stress, l’absence de paix intérieure; l’esprit de vengeance ou le manque de pardon... Oui, nous aussi, souvent, la douleur nous transperce comme une épée!

Aïe, il y a des wagons de pain sur nos planches. Et l’année qui vient n’y suffira pas!

Pourtant, ne vous découragez pas! Car Celui que nous fêtons a déjà gagné l’essentiel du combat! Il a remporté la victoire, puisqu’il a ouvert la brèche décisive dans le mur, le mur qui nous sépare d’une vie en harmonie avec la volonté de Dieu.

Comme le dit la lettre aux Ephésiens (chapitre 2, versets 13-17): “Maintenant, par votre union avec le Christ Jésus, vous qui, autrefois, étiez loin, vous êtes devenus proches grâce au Christ. Car il est notre paix. Il a, en effet, abattu le mur qui nous séparait, en livrant son corps à la mort.
Il veut ainsi créer une seule et nouvelle humanité, en établissant la paix; réconcilier les uns et les autres avec Dieu et les unir en un seul corps, en supprimant, par sa mort sur la croix, ce qui faisait d'eux des ennemis.
Ainsi il est venu ouvrir la paix à vous qui étiez loin et la paix à ceux qui étaient proches. Grâce à lui, nous avons accès au Père, les uns comme les autres, par le même Esprit.”

Il a remporté la victoire, ce qui ne veut pas dire, bien sûr, que tout soit maintenant facile. Il a remporté la victoire, et nos luttes, qui sont pénibles et bien réelles, nos luttes sont nécessaires pour passer par la brèche qu’il nous a ouverte. Il a remporté la victoire, et nous reste à la concrétiser, cette victoire, dans nos vies à nous, dans notre monde et notre société. Mais l’essentiel, c’est qu’il a remporté la victoire, sachons-le bien, et que rien de décisif ne se joue plus: même si nous nous loupons dans les grandes largeurs, jamais cela ne remettra en cause le Happy End qui est déjà inscrit pour nous en lettres d’or sur l’écran du paradis!


Alors, oui, vous le voyez: Noël ne veut pas nous faire regarder dans le rétroviseur! Au contraire, la naissance de Jésus veut nous aider à tourner nos yeux, et nos vies, vers le Ressuscité, qui marche devant nous, qui toujours nous précède. Quand nous plaçons notre main dans la sienne, nous ne pouvons que nous mettre en route; avec lui. En avant; en aventure. Amen

                                                                                                                            Jean-Jacques Corbaz



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