Pour vous y retrouver

Bonjour! Bienvenue sur ces pages, que j'ai plaisir à ouvrir pour vous!
Vous trouverez sur ce blog différentes sortes de contributions:
- annonce (An),
- billet (Bi),
- citation (Ci),
- confession de foi (CF),
- conte (Co),
- formation d'adultes (FA),
- humour (Hu),
- image (Im),
- liturgie (Li),
- poésie (Po),
- prédication (Pr),
- réflexion (Ré),
- sciences bibliques (SB),
- vulgarisation (Vu).
Bonne balade entre les mots!

Ces œuvres sont mises à disposition selon les termes de la Licence Creative Commons Attribution - Partage dans les Mêmes Conditions 3.0 non transposé.

Ce blog fait partie d'un réseau de sites réformés "réseau-protestant.ch" qui vise à coordonner et rendre visibles et lisibles les publications web de la galaxie du protestantisme de Suisse romande. Voir sur ce blog la page https://textesdejjcorbaz.blogspot.com/p/blog-page.html>.

dimanche 27 avril 2014

(Pr) «Résurrection - appendice?» (T'as la pêche?)

Prédication du 27.4.14 
 
Lectures bibliques: Jean 21, 1-14; Colossiens 2, 6-7; Esaïe 52, 7-10

Appendice. Pour bien des gens chez nous, la résurrection de Jésus est un appendice de la foi chrétienne, un aspect secondaire. On croit en Dieu, mais l’évènement de Pâques, là, c’est un peu au libre choix de chacun, peu importe qu’on y adhère ou non. Chacun sait que l’appendice, on peut l’enlever sans dommage pour l’organisme! Vu ainsi, Pâques ne serait qu’un complément, pas du tout nécessaire, juste pour celles et ceux qui «en veulent» davantage!

Dans cette perspective, on est souvent tenté de dire que ce seraient les disciples qui auraient «fabriqué» de toutes pièces la résurrection de Jésus, pour se consoler (ou pour se «venger») de l’échec de Vendredi saint. Un montage pour ne pas perdre la face, en somme.

Mais non! Au contraire! Ce n’est pas l’Eglise qui a fait Pâques, pour sauver les apparences. Mais c’est Pâques qui a fait l’Eglise! C’est Pâques qui est le coeur, l’essentiel de la foi. Sans la résurrection de Jésus, eh bien l’Eglise, communauté chrétienne, n’existerait pas aujourd’hui!



En effet, voyez ce que font les disciples, après la mort de leur maître, dans ce récit qui est peut-être le plus ancien compte-rendu d’une apparition du Ressuscité: ils traînent dans leurs villages de Galilée, le moral dans les chaussettes (...sauf qu’ils n’ont pas de chaussettes!). Jacques dit: “Qu’est-ce qu’on fait?”... Silence... Simon Pierre hésite: “Bon, ben, si personne n’a une idée, moi je vais pêcher”. Et les autres l’accompagnent, bien plus par désoeuvrement que par goût du poisson - ou du travail!

Avez-vous remarqué? Quand Jésus les avait appelés, au tout début de l’évangile; quand Jésus leur avait dit “suis-moi”, ils pêchaient déjà. Et maintenant, après la mort du Maître, ils y sont revenus. “Retour à la case départ”, comme dans les jeux de société! Sans toucher de prime!

Ça sent la déroute. Plus que le poisson, ça sent la déroute! Car de toute la nuit, ils n’ont rien pris. Ils ne sont plus que sept, qui cherchent un sens à leur vie en récession. Avec l’impression de vivre un “lendemain d’hier”. La belle aventure est finie. Peut-être même songent-ils à fonder une “amicale des anciens compagnons de Jésus”?

Mais voilà, ils devaient l’avoir oublié: le chiffre 7, c’est le symbole de Dieu! Et cette poignée d’hommes découragés, qui revient “mayaule”, bredouille de la pêche, elle va devenir la pierre angulaire de l’Eglise d’hier, d’aujourd’hui et de demain!

Quand le jour se lève, Jésus apparaît! Mais attention: il ne surgit pas, tatsaam, comme un happy-end, entouré de lumières célestes aveuglantes, coups de spots et musique éclatante! Ni trompettes ni violons!

Non, un simple gaillard, au bord du lac. Anonyme, tellement que personne ne le reconnaît. Discret, quotidien. “Vous n’avez rien pris, les amis?” (moi qui vous avais embauchés comme pêcheurs d’hommes, comme apôtres, vous saisissez?)... Et c’est petit à petit, très progressivement, que les yeux des disciples s’ouvrent, que leur coeur se met à vibrer (mais là encore, il vibre de davantage de questions que d’alléluias!). L’imprévisible débarque dans leur vie, mais il le fait à pas feutrés, pour leur laisser le temps de le digérer. 

Digérer est bien le mot, d’ailleurs, puisque c’est en mangeant ensemble que la présence de Jésus va s’affirmer pour eux... 


Les disciples de cette histoire-là ne sautent pas de joie, ne chantent pas, ne courent pas (comme ceux dont nous parlions dimanche passé)... Ils laissent leur existence grise et vide se remplir doucement de cette présence, comme un feu de braises qui réchauffe lentement... Et cette Pâque-là rejoint peut-être la nôtre!

Car Pâques 2014, c’est pour beaucoup un temps plutôt morose. Quand le seul espoir, c’est de dételer grâce à ces quelques jours de congé, ou cette invitation, qui brise un peu la solitude...

Notre Eglise, ces années, nos paroisses ressemblent parfois aux disciples du récit de ce matin: passage à vide; déprime, pas de ressort. On a bossé comme des dingues, et on n’a rien attrapé. Même pas un vice-président pour l’assemblée paroissiale. On est nus; faibles...

Pourrons-nous, comme le disciple que Jésus aimait, pourrons-nous, dans nos morosités, reconnaître la présence discrète du Ressuscité? Le laisserons-nous nous inviter à sa table, et nourrir, et remplir le vide d’espérance de nos coeurs?

Quand la dimension divine en nous s’est ratatinée, quand on retombe dans la banalité de ce qu’on a toujours connu, et c’est la pêche infructueuse, les déceptions, les efforts sans résultats: saurons-nous trouver dans la proximité et l’amour du Christ les forces de repartir pour une vie qui soit habitée sans fin par la fête?

Défi immense, lancé à notre Eglise où la résurrection est devenue si marginale. Et où, forcément, l’élan, la joie de Dieu se raréfie. Guérirons-nous de notre appendicite?
 


Le chemin que nous trace le récit de ce matin passe par un renouvellement de notre vocation personnelle. Car tout le passage est truffé d’allusions aux appels des disciples, comme “Je vous ferai pêcheurs d’hommes” et “suis-moi”. Et puis le nom de Nathanaël, qui n’apparaît qu’ici et dans la vocation des 12, chez Jean. Sans oublier la mention de Cana, où a eu lieu le tout premier miracle de Jésus, selon le quatrième évangile.

Revenir aux sources. Mais pas comme les sept, par désoeuvrement; je dirais presque par régression. Non, revenir aux sources pour y puiser de l’enthousiasme des débuts, cet élan, ce bonheur de la jeunesse qui nous fait faire des choses presque insensées! Pour que Christ ressuscite notre vocation, à nous aussi! Qu’il nous donne la “pêche” comme aux premiers temps de notre foi de jeune homme, de jeune fille!
 


Oui, si Pâques 2014 pouvait nous faire retrouver la passion avec le Christ, qui est vivant aujourd’hui, qui nous accompagne, et que nous pouvons rencontrer, sur les chemins ordinaires de la vie! Si nous pouvions l’entendre, ce printemps, nous dire, comme au temps d’Esaïe: “Ruines de Jérusalem, lancez des cris de joie!”

Comme l’exprime la lettre aux Colossiens: “Poursuivez votre route dans le Christ tel que vous l’avez reçu; soyez enracinés et fondés en lui, affermis ainsi dans la foi qu’on vous l’a enseignée, et débordants de reconnaissance...

Vous avez été ramenés de la mort à la vie avec le Christ. Alors, recherchez les choses qui sont au ciel, là où le Christ siège à la droite de Dieu. Car vous êtes morts, et votre vie est cachée avec le Christ en Dieu. Votre véritable vie, c'est le Christ, et quand il paraîtra, alors vous paraîtrez aussi avec lui en participant à sa gloire.”
Amen


Jean-Jacques Corbaz



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire