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lundi 6 novembre 2023

(Pr, SB, Vu) La Bible est-elle misogyne? - Prédication des 29 octobre et 6 novembre 2023

Lectures: Genèse 2, 18-24; Galates 3, 27-28  (sur ce passage, un autre angle que le mois dernier!), Luc 10, 38-42



La Bible est-elle misogyne? J’imagine que vous avez votre avis sur la question! Bien des gens répondent de manière tranchée, comme si notre livre saint s’exprimait d’une voix unique sur le sujet. Or, comme sur tant d’autres thèmes, il y a dans la Bible une grande variété de positions, avec une infinité de nuances. Depuis la Genèse jusqu’aux lettres du Nouveau Testament (NT), il y a toute une histoire, donc toute une évolution. Une foule de situations différentes où l’on voit des relations entre homme et femme qui varient énormément.

Je vous propose ce matin d’en visiter quelques-unes. Il faudrait bien sûr beaucoup plus qu’une prédication de 15 minutes pour aborder notre sujet de manière satisfaisante. Mais allons-y déjà avec ces incontournables:

1. Première étape: la “femme-entrecôte”! Je veux dire: Eve, tirée de la côte d’Adam. Ce récit imagé nous semble très “macho”. Or il est en réalité plutôt progressiste à l’époque où il apparaît, bien des siècles avant J-C. Jusque là, en effet, le judaïsme ancien pensait que la femme n’avait pas la même origine que l’homme. On croyait qu’elle venait du monde du Mal, qu’elle était impure par nature!

La Genèse, avec cette histoire symbolique, insiste au contraire: la femme est de la même pâte que l’homme. C’est la même chair, il n’y a pas de différence de statut, devant Dieu. Comme l’exprimera plus tard l’apôtre Paul dans la lettre aux Galates, “il n’y a plus de différence entre homme et femme. Tous, vous êtes un en Jésus Christ”.

2. La deuxième étape, toujours dans la Genèse, nous renvoie à la célèbre histoire du fruit défendu (entre parenthèses, Jean Cocteau parlait avec humour du “fruit d’Eve fendu” - c’est superbe!). Selon l’interprétation courante de l’Ancien Testament (AT), c’est donc la femme qui aurait amené l’homme à désobéir.

Pourtant, dans ce récit, l’accent n’est pas mis sur la culpabilité d’Eve en particulier, comme beaucoup le croient. Adam est présenté comme coupable tout autant que sa compagne. Ce qui est souligné, c’est surtout la tendance humaine à accuser quelqu’un d’autre de ses propres manquements. Adam charge Eve, laquelle renvoie la balle au serpent... Nos fautes, souvent, nous entraînent dans un cercle vicieux. On cache une désobéissance par une lâcheté ou un mensonge. N’est-ce pas  souvent notre (peu reluisante) réalité?

Jean Effel: génial!

3. Sautons allègrement à l’autre bout de la Bible pour aborder notre troisième étape: le NT. Quand on lit avec attention les évangiles, puis les épîtres, on se rend compte d’une évolution bien dessinée, c’est très intéressant:

a) D’abord, au temps de Jésus, la femme a peu de place dans la société juive. Les contemporains du Christ interprètent les passages de l’AT dont nous avons parlé sans les replacer dans leur contexte historique. Du coup, on croit que Dieu valorise davantage le sexe masculin.

b) Ce que Jésus dit et fait vient alors en très grand contraste avec son époque. Il affirme que la femme a autant de dignité que l’homme. Voyez le récit de Marthe et Marie. Marie, affirme le Christ, “a choisi la bonne part”, quand elle écoute Jésus; donc quand elle prend place aux côtés des disciples masculins, au contraire de sa soeur! 

D’ailleurs, beaucoup de femmes croyantes vont jouer un rôle actif dans la diffusion de l’évangile, au temps de la première Eglise. Il y aura bien des disciples de sexe féminin, il y aura même des apôtres. Et Marie-Madeleine, on le sait maintenant, aura une place prépondérante parmi les fondateurs du christianisme. Hélas, cette révolution va progressivement s’estomper, nous verrons pourquoi.

c) Parlons maintenant de l’apôtre Paul. C’est lui qui a écrit, dans la lettre aux Galates “il n’y a plus de différence entre juif et païen, entre esclave et homme libre, entre homme et femme.”. Mais c’est lui aussi qui demande que les dames se taisent lors des assemblées et des cultes, dans une lettre aux Corinthiens. Paul n’est donc pas misogyne. Mais la société de son temps a de la peine à accepter l’enseignement de Jésus et l’égalité entre les sexes qu’il prêchait. Paul va donc raboter une partie des innovations du Christ.

Il le fait avant tout pour le bon fonctionnement des assemblées chrétiennes. En effet, les femmes de Corinthe vivent dans une communauté très indisciplinée, un peu anarchique, où les célébrations partent dans tous les sens. Des gens par exemple vont jusqu’à se saouler pendant la communion! Il faut savoir aussi qu’il y a une particularité à Corinthe: les femmes sont tenues à l’écart de l’instruction religieuse, car on dit que c’est aux maris de s’en charger. 

Dans ce contexte, les femmes pendant le culte posent plein de questions, suscitent des débats, et tout ça accentue encore le désordre. C’est pour cela que Paul leur demande de rester plus discrètes, et de garder leurs questions pour la maison. C’est donc une injonction qui ne vaut que pour ce contexte particulier, elle n’est pas du tout pertinente pour aujourd’hui!

Un dernier mot sur Paul: il a institué des femmes comme chef d’Eglise. Oui, des femmes sont même évêques, au premier siècle! Vous voyez que l’apôtre des païens n’est pas le “macho” qu’on croit souvent.

Mais le monde, à l’époque, ne fonctionne pas du tout selon le message de Jésus.  Les sociétés humaines ne sont de loin pas prêtes à vivre l’égalité qu’il prône. Et l’Eglise de la fin du 1er siècle pas davantage que les autres, hélas. Ce qui fait que, plus on s’éloigne du temps du Christ, et plus les femmes sont à nouveau considérées comme inférieures; plus elles redeviennent soumises à l’homme, et cantonnées à la maison.


d) Avançons encore dans le temps. Tout le monde connaît le fameux “Femmes soyez soumises à vos maris” de la lettre aux Ephésiens. Cette épître n’a pas été écrite par Paul, mais par un de ses disciples, plus tardif. La lettre aux Ephésiens édulcore encore davantage le message de Jésus à ce sujet, puisqu’elle différencie les rôles de l’homme et de la femme. Pourtant, lisez ce passage attentivement! Il dit: “Chrétiens, soumettez-vous les uns aux autres, à cause du respect que vous avez pour le Christ. Femmes, soyez soumises à vos maris comme vous l’êtes au Seigneur. (...) Mais maris, aimez vos femmes, de la même façon que Jésus a aimé l’Eglise et a donné sa vie pour elle” (Eph. 5, 21-25). 

Il est donc demandé au mari d’aimer son épouse, ce qui n’était pas du tout fréquent en ce temps-là! Et puis, d’être prêt à donner sa vie pour elle!! Aïe! On est encore loin quand même de la femme inférieure, esclave de son mari. Et il serait bon sans doute de se demander pourquoi on a si bien mémorisé ce que l’épître demande aux femmes, et pourquoi on a si mal retenu ce qu’elle enjoint aux maris!

e) Malheureusement, certaines lettres de la fin du 1er siècle reviennent encore plus en arrière, les femmes sont replacées tout en bas de la hiérarchie, sans nuances. Hélas!

😐 😢 😢

On voit donc que la Bible dit des choses très variées sur notre sujet. Il me semble que la position de Jésus est une oasis bienfaisante au milieu d’un désert - je veux dire: au milieu de la société de l’époque, dont le machisme reprendra le dessus en moins de cent ans. La Bible est loin d’être misogyne, mais la société où elle a été rédigée l’est bien davantage!

Et voilà que notre thème nous pose ainsi de bonnes questions pour aujourd’hui: lorsque les valeurs de Dieu contredisent celles de notre temps, eh bien est-ce que nous osons dessiner des oasis? ou bien tentons-nous de nous fondre dans le désert? Face au matérialisme; face au mépris du spirituel; à la langue de bois préférée à la sincérité; face à l’individualisme qui éclipse la solidarité... est-ce que nous osons vivre selon l’évangile quand il conteste notre époque? Je vous laisse y réfléchir. Amen

Jean-Jacques Corbaz



- Entièrement couverte sauf les yeux... Mais quelle culture machiste, cruelle et dominatrice!
- Toute nue sauf les yeux... Mais quelle culture machiste, cruelle et dominatrice!




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