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dimanche 18 janvier 2015

(Pr) Les protoliques et les cathestants. Ouin-Ouin, la vérité et le puits, prédic SPU 17 1 15

Lecture:  Jean 4, 1-15

Dans un petit pays au bord d’un lac vivaient deux confessions différentes: les protoliques et les cathestants. Ces deux groupes s’étaient abondamment fait la guerre, mais avec le temps et l’âge, la sagesse les avait quelque peu calmés. Oh, pas d’enthousiasme fraternel, non, mais une sorte de tolérance polie, un petit air qui semblait dire qu’on se supportait, c’était déjà ça!

Chez les protoliques, on s’inquiétait de voir moins de monde à l’église qu’autrefois. Et chez les cathestants, on souffrait du même mal. Mais on continuait bravement à rassembler les rares fidèles, sans imaginer mettre un peu les forces en commun...

C’est ainsi qu’un jour, deux dames cathestantes évoquaient la désaffection de leurs cultes, avec tristesse. “Mais, ajouta l’une d’elles, mais Dieu soit loué: chez les protoliques, c’est encore pire!”




Laissons là notre pays imaginaire, mes amis. Mais demandons-nous pourquoi, chez nous, ici, dans nos Eglises, nous lui ressemblons encore trop souvent... Pourquoi nous éprouvons une peine du diable (et je pèse mes mots!), une peine du diable à rechercher ensemble la Vérité au lieu d’imaginer l’avoir déjà trouvée toute pure?

La réponse à cette question pourrait nous mobiliser de longues heures. Dans le cadre de cette célébration, relevons déjà quatre pistes, qui pourraient former un chemin, qui sait?

Premier élément: Ouin-Ouin se dispute avec sa femme. Le ton monte, la colère chauffe. Comment va-t-on s’en sortir? Finalement, Ouin-Ouin fait la concession. “Ecoute, d’accord, je me suis trompé. Tu avais raison”. “Trop tard, coupe Mme Ouin-Ouin, moi aussi, j’ai changé d’avis maintenant”!

Parfois, il est plus facile de s’opposer que d’entrer en dialogue vrai, parce qu’alors ça implique d’écouter l’autre, et d’être également attentif à mes propres erreurs possibles.

Deuxième élément: la vérité est multiple, changeante, mobile. La vérité varie selon le lieu ou l’époque. Et nous, nous sommes trop limités pour en percevoir toutes les nuances. “Il en va de la vérité comme d’un grand miroir brisé en mille miettes. Chaque fois que quelqu’un en découvre un fragment, il proclame: “J’ai trouvé la vérité”!

La vérité n’est pas un savoir qu’on puisse posséder; non, c’est une personne, le Christ, qui nous accompagne.




Troisième piste: «Donne-moi à boire». C’est une demande que font tous les êtres humains. Or Dieu est capable lui aussi de nous dire en Jésus: «Donne-moi à boire». Alors que, vous le savez, les juifs et les Samaritains se détestaient à l’époque davantage encore que les protoliques et les cathestants! Et ce Dieu qui vient à notre rencontre, bien sûr il est en même temps celui qui propose l’eau vive: «L’eau que je donnerai deviendra en vous une source jaillissant en vie éternelle».

Vous voyez, la rencontre entre Jésus et la Samaritaine nous invite à goûter l’eau d’un puits différent, et également à en proposer du nôtre. La diversité nous enrichit les uns les autres. La Semaine de prière pour l’unité chrétienne, c’est un moment privilégié pour nous rencontrer, et dialoguer. C’est une occasion de reconnaître la richesse et la valeur du puits de l’autre, celui qui est différent.

Il y a au Brésil un proverbe qu’on cite chaque fois qu’on reçoit un visiteur: «Celui qui boit de cette eau y revient sans cesse». Offrir un verre d’eau, ou un café, ou une boisson typiquement brésilienne, comme le chimarrão ou le téreré, eh bien c’est une tradition qui manifeste la volonté d’accueillir et de dialoguer avec l’autre. Dans toutes les régions du Brésil, on continue de répéter le geste biblique qui consiste à offrir à boire à celui qui arrive, en signe de bienvenue et de partage.

 


Quatrième piste: L’évangile de ce soir le souligne, il est important que chacun connaisse et comprenne suffisamment sa propre identité afin de dialoguer sans percevoir l’autre comme une menace. Si nous nous sentons à l’aise, alors nous pourrons expérimenter l’autre comme étant complémentaire et lui dire simplement «donne-moi à boire de ton eau».

Dans notre passage, Jésus est un étranger qui arrive fatigué et assoiffé. Il a besoin d’aide. La femme, elle, est sur son territoire; le puits est celui de son peuple et de sa tradition. C’est à elle qu’appartient le seau et c’est donc elle qui peut accéder à l’eau. Mais elle a soif, elle aussi, d’autre chose. Ils se rencontrent, et chacun bénéficie de la richesse de l’autre. Jésus ne cesse pas d’être juif pour avoir bu l’eau de la Samaritaine. Et celle-ci ne renie pas ses traditions en écoutant le Christ.

Notre fameux «donne-moi à boire» nous dit ainsi que Jésus et la Samaritaine se demandent l’un à l’autre ce dont ils ont besoin. En prononçant ces quatre petits mots, nous reconnaissons que les personnes et les communautés dans leur diversité ont besoin les unes des autres; et les cultures, et les religions et les populations, si diverses.

Oui, Samaritains et juifs, réformés et catholiques, nous avons besoin les uns des autres pour vivre notre mission d’Église. Nous avons besoin de dialogue vrai, et de lucidité sur les autres et sur nous-mêmes; et de beaucoup, beaucoup d’amour dans le regard.

Puisse l’Esprit de Dieu nous pousser en avant, nous protoliques et cathestants, euh réformés et catholiques d’ici; qu’il nous donne soif de boire au puits de l’autre!




Vous savez, le vrai scandale, aujourd’hui, ce n’est pas la division des chrétiens; mais c’est l’intolérance et le fanatisme; le vrai scandale, c’est de cultiver les préjugés et refuser le dialogue.

J’ai trouvé sous la plume d’un certain Jacques Baudet (eh oui*, ce n’est pas un gag, cette fois!), ces lignes que je vous laisse méditer: La division des chrétiens, comme d’ailleurs tout ce qui divise les humains, est un grand malheur. Le malheur ne tient pas au fait que nous ne parvenions pas à penser et croire les mêmes choses; mais que, différents de foi et de pensée, nous ne soyons pas capables de vivre fraternellement. Voilà le scandale.
On ne pourra pas dire, Là-Haut: “On ne s’aimait pas, mon Dieu, pour des motifs religieux”. Il vaudrait mieux pouvoir affirmer: “On ne pensait pas la même chose, Seigneur, mais à cause de toi, on s’aimait”.


Amen                                                       


Jean-Jacques Corbaz

* Je co-célébrais ce culte avec le curé, nommé Philippe Baudet!


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