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dimanche 1 novembre 2015

(Pr, Vu) exorcismes, poltergeist et Cie - Prédication du 1er novembre

Marc 5, 1-20

“Je combats le démon qui agit dans ce monde”. C’est ce qu’affirme dans mon journal un exorciste officiel de l’Eglise catholique. Est-ce que vous vous retrouvez dans cette manière de parler?

Il y a en gros deux façons différentes de comprendre les phénomènes de possessions démoniaques ou d’exorcismes.

Certains imaginent des esprits dotés d’une volonté semblable à la nôtre; des esprits qui nous tomberaient dessus un peu comme des virus ou des microbes. C’est au fond la vision qui découle d’une lecture au premier degré des évangiles. Une interprétation fréquente par exemple en Afrique.

L’autre manière de comprendre, plus européenne, c’est de dire: ces passages bibliques décrivent en fait des maladies mentales, ou des crises d’épilepsie. Il n’y a là rien de bien mystérieux, et la médecine moderne peut guérir tout ça.  ...

J’espère ce matin vous aider à nuancer ces réactions, et à aller un peu plus loin. Car je crois fermement que ces histoires de “possessions démoniaques” font partie des tentatives humaines d’expliquer nos comportements, quand ils sont irrationnels. Nous touchons là à une dimension qui nous échappe en partie: celle des perturbations de nos vies intérieures. Des perturbations qui se répercutent sur nos relations et sur nos comportements.

Bien avant Freud et Jung, les évangiles avaient compris que raconter nos désordres intérieurs (les mettre en histoires) pouvait nous aider à les comprendre un peu mieux, et à nous en libérer.  ...

Attention donc à ne pas trop simplifier: une lecture attentive du Nouveau Testament nous fait voir que les symptômes décrits ont des points communs avec ceux de maladies connues, bien sûr, mais qu’ils s’en écartent aussi sur bien d’autres aspects, de ces maladies connues. Les “possessions démoniaques” des évangiles ne parlent pas seulement de maladies, physiques ou psychiques; elles décrivent les troubles de personnes qui sont privées de cohérence interne; écartelées entre, d’une part des modèles (ou des pouvoirs extérieurs) et elles-mêmes d’autre part. On pourrait presque dire: privées de vie spirituelle (unificatrice). C’est au fond une maladie de l’âme dont il s’agit!


Mais assez parlé abstraitement. Suivons plutôt un de ces possédés, dans l’évangile de Marc. Une histoire, un drame en quatre actes.

Première scène.
“Jésus descend du bateau. Un homme possédé d’un esprit impur vient aussitôt à sa rencontre, sortant des tombeaux, où il habite. Souvent on a essayé de l’attacher, mais il a rompu les chaînes, et personne n’a la force de le maîtriser. Nuit et jour, il est dans les tombeaux et les montagnes, poussant des cris et se déchirant avec des pierres.
“Voyant Jésus, il court se prosterner devant lui. Il crie: «De quoi te mêles-tu, Jésus, fils du Très-Haut? Je t’adjure par Dieu, ne me tourmente pas!» - car Jésus lui disait: «Sors de cet homme, esprit impur! Quel est ton nom?». Et il répond: «Je m’appelle Légion, car nous sommes nombreux». Et il le supplie avec insistance de ne pas les envoyer hors du pays.”


Ainsi, l’arrivée de Jésus clarifie un peu les choses pour le démoniaque. Il vivait une sorte de combat désespéré, contre lui-même et contre les autres; voilà qu’il change d’attitude - et cela sans que Jésus n’ait rien fait! Il court vers lui, et ses paroles comme ses gestes montrent un mélange complet d’attirance et de rejet. C’est le reflet de ses contradictions intérieures.

Il le dit lui-même: il n’est personne, il n’a même pas de nom à lui. Il est incapable de dire “je”, il est “Légion”. Légion, c’est-à-dire quantité d’hommes, mais aussi hommes en guerre! Car la Palestine, en ce temps-là, est occupée (oui, “possédée”!) par les légions romaines!

Et puis, le démoniaque exprime surtout sa peur d’être libéré! Peur de devoir se séparer de ces identités occupantes! Il supplie Jésus de ne pas envoyer ces “démons” trop loin: laisse-les dans le pays, que je les aie à portée de main!

N’est-ce pas là l’aspect le plus pernicieux de nos servitudes, morales ou spirituelles? Même affranchis, nous sommes attirés parfois par un retour à l’esclavage?!
  
Deuxième scène.
“Or il y a là un grand troupeau de cochons. Les esprits impurs supplient Jésus: «Envoie-nous dans les cochons». Il le leur permet. Alors ils sortent, entrent dans les cochons, et le troupeau, 2000 porcs, se précipite de la falaise dans la mer; et ils se noient.”

C’est étonnant: les démons se comportent comme des gens civilisés! Ils demandent à Jésus l’autorisation de rejoindre les cochons (qui sont un peu de la même famille, d’ailleurs! Le porc est impur pour les Juifs). Et tous se jettent dans la mer. La mer qui est par excellence le domaine des mauvais esprits; pensez à la tempête apaisée, qui vient juste avant notre récit.

Tout rentre donc dans l’ordre. Vraiment? Euh... en apparence! Car cette forme de folie, ou de désordre intérieur, se déplace souvent. On voit des gens, guéris, dont les symptômes sont repris par d’autres personnes. Si souvent en effet, quelqu’un de perturbé n’exprime pas d’abord son désordre à lui, mais celui d’un groupe; ou d’une société; d’un clan... Pensez au phénomène du bouc émissaire. D’ailleurs, quand on raccommode un habit usé, fréquemment ça se déchire juste à côté!


Troisième scène.
“Ceux qui gardent les cochons prennent la fuite et racontent la chose dans la ville et les hameaux. Et les gens viennent voir ce qui est arrivé. Ils voient le gaillard auprès de Jésus, assis, vêtu et il est normal, lui qui avait eu le démon Légion. Ces gens sont saisis de crainte, ils veulent chasser Jésus de leur territoire.”

La santé retrouvée révèle parfois de nouvelles formes de folie. Après les porcs, c’est la réaction des villageois que Jésus doit affronter. Ils trouvent cher payée la guérison de notre homme! Au fond, c’était pour eux plus acceptable d’enchaîner le malade pour avoir la paix. Ou de le condamner à la pourriture dans les tombeaux. - Combien de fois préférons-nous le sacrifice d’un seul pour que notre vie à nous soit plus confortable?

Or pour Jésus, rien n’est trop cher pour qu’un homme renaisse  à la liberté, qu’il renaisse en première personne, pour qu’il soit libre de dire “je”! Toutes les perturbations de la relation que nous entretenons avec nous-même, il veut les guérir pour nous rendre mieux auteurs de notre propre vie!

La quatrième scène se déroule, comme la première, au port (p.o.r.t.!). Jésus s’y retrouve face à l’homme guéri.
“Comme il monte dans la barque, l’ancien possédé le supplie de pouvoir le suivre. Jésus ne le permet pas, mais l’envoie auprès des siens, dans son pays, parler de tout ce que Dieu a accompli pour lui. Et l’homme s’en va, et proclame ce que Jésus lui a demandé. Tous sont dans l’étonnement.”
L’ancien possédé voudrait suivre Jésus. Quoi de plus normal? (“normal”, c’est le cas de dire!!). Mais Jésus refuse que cet homme développe une nouvelle relation de dépendance. La foi n’est pas une drogue, elle est confiance reçue d’une autre confiance, celle de Dieu pour nous. Elle est libération vers l’avant. L’homme guéri a été rendu à lui-même, il doit retourner vers les siens pour s’y épanouir dans cette vie nouvelle. Ce sera là sa mission. Rayonner de cette harmonie reçue.

L’apôtre Paul résumera toute cette histoire en une seule phrase.  Il renverse les notions de folie et de sagesse. En Christ, cette épopée du démoniaque guéri prend la valeur d’une promesse universelle: Dieu a choisi la folie de la croix pour sauver de la folie tous ceux qui mettent leur confiance en lui. Vendredi saint devient promesse unificatrice, apaisante, guérissante: Jésus nous redonne une identité, notre véritable identité. Il nous offre un sens. Sa cohérence nous permet de reconstruire notre cohérence, à son contact.


Telle est la vie spirituelle qu’il nous propose! Et telle est notre mission, à nous aussi: répandre autour de nous cette atmosphère qui unifie; qui apaise; qui guérit. Christ a besoin de nous là où nous vivons. C’est ici qu’il nous appelle à devenir des artisans de liberté.
Amen  





(après l’interlude):

Alors, les possessions démoniaques?!? Mauvais esprits ou maladies? Vous avez compris que c’est plus compliqué que cela.  Il entre en jeu ici beaucoup de choses, qui dépassent nos connaissances et nos intelligences. Mais une des dimensions, que l’évangile nous éclaire aujourd’hui, c’est que ce sont souvent des troubles d’un groupe humain qui se concentrent dans les perturbations d’une seule personne. Un déséquilibre relationnel, mais aussi affectif, et spirituel.

On peut les guérir, mais ce n’est pas d’abord avec une aspersion d’eau bénite ou une formule magique. Il s’agit de restaurer un équilibre, chez la personne atteinte, mais aussi fréquemment dans l’ensemble du groupe humain dont elle fait partie, et qui est à la base de ses perturbations. Un équilibre relationnel, affectif, spirituel...

J’ai pu moi-même vivre quelques expériences à ce sujet. Nous pourrons en dire davantage tout-à-l’heure, autour d’un café!
(Cela se passera à Grandson, après le culte, soit vers 11h environ. Vous êtes cordialement invités à nous rejoindre pour ce moment!).


Jean-Jacques Corbaz



 


Reflets

Nous étions 8 pour le temps de discussion. Voici quelques thèmes abordés:

- les cultes avec imposition des mains: certains sont gênés, mais d’autres apprécient que la dimension du corps et de nos émotions soit mieux prise en compte dans la prière. C’est une bonne façon de vivre concrètement la proximité et la “caresse” de Dieu!

- l’importance du toucher dans nos relations humaines, et aussi dans la foi. Du contact, de la chaleur humaine, nécessaires à la vie, et que Dieu nous invite à utiliser les uns avec les autres.

- les aspects négatifs de la solitude, et aussi de l’isolement (on peut être isolé même en groupe, chacun “dans” son gadget électronique...).

- le cas d’une famille qui se disait “possédée”, et qui a pu “guérir” à force de contacts apaisants par le pasteur, pour lutter contre la peur. Sans eau bénite, mais avec beaucoup de présence et de tendresse...

- les gens qui ont peur d’aborder quelqu’un qui a passé par un gros deuil, parce qu’ils sont gênés, qu’ils ne savent pas quoi dire. C’est souvent l’endeuillé qui doit faire le premier pas.

- les guérisseurs, le “secret”: il y a des quantités de choses que la science n’explique pas, ou partiellement seulement...

- ...

1 commentaire:

  1. Bonsoir Jean-Jacques,

    Merci d'avoir abordé le problème des "possédés", et d'avoir parlé des noms et traitements actuels qui sont utilisés.
    Depuis une trentaine d'années, j'ai eu recours à plusieurs guérisseurs-masseurs qui avaient des méthodes surprenantes et efficaces. J'ai même suivi, avec des gens de ma famille, une formation de donneur de reiki, et j'ai pu aider, surtout à distance, des enfants et des adultes, et des chats (ils aiment) et mon vieux chien. Par le reiki, on ne soigne pas les symptômes, mais l'état général et la circulation de l'énergie du cosmos à travers le corps.
    A plusieurs reprises, j'ai eu recours, par téléphone, à des gens de secret, souvent efficaces, mais hélas pour un temps toujours plus limité, ce qui m'a troublé et incité à me faire soigner au CHUV.

    Hélas, le stress ambiant au travail provoque de plus en plus de troubles psychiques, c'est un gros problème parfois. Je connais un cas de changement complet de profession trop stressante, mais avec une vie de niveau précaire, mais détendue.

    Avec mes cordiales amitiés,
    André Hoffer

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