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dimanche 31 décembre 2017

(Pr) La relation entre Dieu et nos années

Prédication du 31 décembre 17, «Le temps de Dieu...»

Lectures: Apocalypse 1, 4-8; Luc 13, 6-9; Genèse 1, 14-19 

Je vais sans doute vous étonner: l’année qui vient, 2018, vous allez voir Dieu! Oui, en 2018, vous allez voir Dieu!

Rassurez-vous, je ne me suis pas converti à l’une de ces sectes braquées sur la fin du monde. Je n’ai pas non plus reçu une révélation prophétique extraordinaire! Vous allez voir Dieu  parce que ça fait partie de sa nature, ça fait partie de sa façon d’être. Je vais m’expliquer.
 

 
Beaucoup de chrétiens pensent que, pour Dieu, le temps n’a aucune importance. N’est-il pas l’Eternel, l’Infini, celui qui traverse les siècles sans jamais vieillir? Pour bien des gens, la vocation humaine serait justement d’essayer d’échapper aux limites d’ici-bas pour rejoindre le monde éternel de l’au-delà. Le but de la religion serait de nous faire accéder au royaume divin, là où tout est lumière et paix, au-dessus de cette terre de souffrances.

Cette perspective, cette idée est très importante dans les religions orientales, surtout pour le bouddhisme: quitter ce temps, cette terre pour s’élever et rejoindre Dieu.

Et aujourd’hui, dans une société où les incertitudes se font durement ressentir, et les bouleversements, et le manque d’espoirs concrets, on comprend que beaucoup de gens sont fascinés par cette recherche d’un monde immuable et sûr, au-delà des pénibles réalités.

Pourtant, la Bible nous dit des choses différentes, et à mon goût plus stimulantes! Pour elle, Dieu est au-dessus du temps, c’est sûr: “devant lui, mille ans sont comme un jour”. Mais il n’est pas un Être Suprême figé dans son éternité et sa divinité: il bouge, il se déplace!

L’Apocalypse insiste beaucoup sur ce mouvement: elle décrit Dieu comme “celui qui est, qui était et qui vient”. Formule géniale! “Celui qui est, qui était et qui vient”, c’est-à-dire celui qui dépasse les catégories du temps, celui qui ne se laisse enfermer dans aucune époque; et celui qui bouge vers nous!

Dieu n’est pas hors du temps, comme dans les religions orientales. Au contraire, le temps, notre temps, n’est pas étranger à Dieu, pas plus que l’espace! Dès la première page de la Bible,  le Créateur s’inscrit dans nos mesures humaines de temps: “Que la lumière soit - et la lumière fut... Il y eut un soir, il y eut un matin, ce fut le premier jour”.


Cette évocation des débuts du monde est une manière imagée de proclamer ceci: le temps n’est pas une fatalité mauvaise, dont il faudrait sortir. Mais c’est un cadre dans lequel Dieu inscrit volontairement sa création.

Vous savez peut-être que la Genèse s’inspire beaucoup des récits des origines venus des autres religions du Proche-Orient. Or, aucune de ces autres religions ne décrit les débuts de l’univers dans un tel cadre de journées. C’est bien une originalité de l’Ancien Testament que de valoriser le temps de cette manière!

Pour la Genèse, chaque jour qui passe, aujourd’hui encore, est  un jour où Dieu crée, un jour que Dieu habite, puisque la vie continue de jaillir, autour de nous, et à travers nous. La création n’est pas finie, elle se prolonge dans notre temps, ici-même!

On remarquera encore que la Genèse situe au quatrième “jour” la création des astres: soleil, lune et étoiles. Ils ont deux rôles: celui d’éclairer la terre jour et nuit; mais d’abord celui de servir de “signes pour les fêtes, pour les jours et pour les années” dit la Bible. Alors que les religions voisines, par exemple à Babylone, les adoraient comme des divinités, les astres pour l’Ancien Testament sont les marques du temps, créés par Dieu. Des repères pour nos calendriers.

Le temps est donc un cadeau du Créateur. Mais un cadeau où il s’est emballé lui-même, si j’ose dire! Emballé dans les deux sens du terme! Emballé au sens où il s’y est placé, volontairement; il s’y est inscrit. Et emballé au sens où il le fait avec enthousiasme! Dieu s’emballe pour nous, dans sa passion pour l’humanité,  cette humanité pourtant si mal foutue!
Autrement dit, Dieu s’engage dans notre temps, afin de faire alliance avec nous. Depuis le fameux récit de l’arc-en-ciel, au sortir du Déluge, jusqu’à Jésus-Christ, en passant par Abraham, Moïse, Jérémie et tous les autres, Dieu travaille dans notre temps. Il le fait pour y semer des graines de bonheur et de paix.

L’histoire où nous vivons n’est donc ni vouée à la perdition, ni livrée au hasard. Elle a un but. Dans notre histoire, Dieu intervient régulièrement, il agit lui-même à travers tous les évènements où les auteurs bibliques ont reconnu la main de leur Seigneur.

Et bien sûr, vous l’avez déjà pensé, ces interventions de Dieu culminent dans l’évènement que nous avons célébré il y a une semaine, la venue de Jésus, en qui les apôtres ont discerné la venue de Dieu lui-même! Epiphanie! Révélation!

Depuis Noël -comment pouvons-nous en douter?-, le salut du monde ne se joue pas en-dehors du temps, mais à l’intérieur de notre histoire, à l’intérieur de notre monde: dans le temps. Et l’évangile va insister là-dessus: Jésus est né “alors que Quirinius était gouverneur de Syrie”; puis “il a souffert sous Ponce Pilate”. C’est dans un temps bien précis, concret, que tout a basculé en faveur de notre salut. Comme l’a chanté Jo Akepsimas: “Jésus était bien de son temps, et c’est pour ça qu’il est du nôtre”.

Ce n’est pas un hasard si, aujourd’hui encore, le Christ nous sert de repère pour compter les années. Quand on dit “2018”, est-ce que nous réalisons que nous prenons comme axe de notre temps le point culminant de l’action de Dieu dans notre histoire? Est-ce que nous réalisons encore qu’ainsi, nous décrivons la succession des années non pas comme un éternel recommencement, à l’image des religions hindoues par exemple, mais comme un mouvement qui part d’un début et qui va vers une fin? “Au commencement, Dieu créa...”. Le temps ne tourne pas en rond, Dieu y travaille! Et il voudrait nous y faire travailler avec lui!
   

Mais attention! N’allez pas en déduire que l’humanité avance sans cesse, en progressant constamment. On est bien revenu de cette théorie moderniste. Il suffit d’ailleurs de regarder comment va notre terre!

Non, l’histoire du monde, selon la Bible, elle est plutôt décrite comme une succession de crises où se manifestent à la fois l’orgueil humain et la ténacité de la fidélité de Dieu! Chaque jour, chaque année sont des invitations à renverser le premier, l’orgueil, pour faire mieux place au second, le projet de Dieu.

Le temps est donc précieux, il nous est donné comme une matière première à transformer, ou un terrain à cultiver. Rien n’est moins biblique que de chercher à “tuer le temps” ou à le fuir. Au contraire, mettez-le à profit, inscrivez votre temps dans celui de Dieu! Le temps du travail; celui des loisirs; celui du repos; celui dédié à la famille ou aux amis: le temps qui nous est donné est une chance: faites-y fleurir l’espérance, la solidarité, la paix qui viennent de Dieu!

Et même si vous n’y parvenez pas, ne craignez rien. Dieu connaît nos limites. Souvenez-vous de la parabole du figuier, lui qui n’avait donné aucun fruit en trois ans. Le vigneron, c’est-à-dire le Christ, insiste pour lui offrir encore une chance. Il sait que nous avons besoin de beaucoup de temps. Et il nous le donne. Il nous le donne.
  

Je disais tout-à-l’heure que vous allez voir Dieu, l’année prochaine. Vous avez peut-être compris en cours de route que Dieu est dans notre temps; et que nous l’y verrons, si nous savons le regarder! Que Dieu travaille dans notre temps, et que nous l’y verrons, si nous retroussons nos manches à ses côtés!   En disant “2018”, déjà nous disons que Dieu y est venu, dans notre histoire, en Jésus. Espérons que le “politiquement correct” n’en arrive pas à bannir cette référence au Christ!
  

À la veille de cette année, j’ai envie de terminer par un voeu. Celui-ci: que notre temps, celui de l’action et celui de la prière, celui de la fête et celui de la souffrance, celui de l’amour... que  les temps et les moments qui se succéderont pour nous cette année deviennent mieux un antidote efficace contre le découragement; contre l’égoïsme et la peur! Un ferment d’espérance! Un champ où puissent éclore les fleurs colorées de l’amour de Dieu. Amen.


Jean-Jacques Corbaz    



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