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dimanche 22 avril 2018

(Pr) "Dans les bras de qui?"

Prédication du 22.4.18, Villars, 10h

«Vous croyez en la résurrection... mais ya qqch qui cloche!»

Lectures: 1 Corinthiens 15, 1-5; 12-14; 19-20; 31-32; Esaïe 25, 6-9


Dans une réunion d’évangélisation, une jeune femme donne son témoignage. “Hier, dit-elle, j’étais dans les bras de Satan. Aujourd’hui, je suis dans les bras de Jésus Christ”. Alors, du fond de la salle, une voix d’homme: “Et demain, vous êtes libre?”

Et ce qui n’était, au départ, qu’une joyeuse mise en boîte est devenu soudain une jolie parabole de la foi chrétienne. En effet, c’est vrai qu’il nous arrive de passer d’une paire de bras dans une autre, dans le domaine de notre vie spirituelle. Ce n’est d’ailleurs pas tellement les bras de Satan ou ceux du Christ. La vie n’est jamais aussi simple qu’on le dit dans certaines réunions d’évangélisation!
 


Non, notre foi oscille plutôt entre le respect au Dieu créateur; entre la confiance dans un Dieu qui nous sauve sur la croix; entre la peur d’être puni, avant ou après la mort; entre l’obéissance morale aux commandements; entre les questions, les doutes; et entre l’espérance agissante dynamisée par la foi au Ressuscité...

Chers paroissiens: dans quels bras êtes-vous, aujourd’hui?

Il y a encore ceux du Dieu colérique, tout-puissant et tout-punissant de l’Ancien Testament; ceux du Bon-Dieu style Père-Noël; ceux d’une vague divinité bienveillante mais très très loin de nous; ceux d’une force vitale qu’on pourrait se rendre favorable ou non selon nos gestes, nos prières ou nos rites... Et j’en oublie des kyrielles, sinon on serait encore là à midi!

Dans quels bras êtes-vous, aujourd’hui?

Les Corinthiens, eux, étaient dans les bras du Ressuscité. Du moins le croyaient-ils. Ils avaient reçu de Paul la Bonne Nouvelle de l’évangile, et ils se réunissaient le dimanche, tout joyeux, pour rappeler que ce jour-là Jésus avait été remis debout et qu’il était sorti de sa tombe, libre et vainqueur.

Dans leur culte, ils aimaient réciter ces phrases, qui sont l’un des plus anciens résumés de la foi: “Christ est mort pour nos péchés, comme l’annonçaient les Ecritures (c’est-à-dire l’Ancien Testament). Il a été enterré. Il est ressuscité le troisième jour, comme l’annonçaient les Ecritures; il est apparu à Pierre, puis aux douze”.
 

Pourtant, l’apôtre Paul se rend compte qu’il y a quelque chose qui cloche. Ces affirmations de foi éclatantes ne débouchent sur rien. Il semble que la religion des Corinthiens se restreigne à la connaissance, au culte, à la mémoire. Rien ne se passe dans leur vie de tous les jours, dans le concret de leur quotidien. Et surtout, rien ne se passe dans leur attitude face à la mort! La résurrection du Christ n’a aucun impact sur la façon dont les chrétiens de Corinthe pensent à leur mort.

L’apôtre Paul, par conséquent, les sermonne, dans la plus grande partie de ce chapitre 15. Il leur tire les oreilles en ces termes:  Vous savez bien que le coeur de la foi, c’est la résurrection du Christ. Alors, pourquoi est-ce que vous ne vous sentez pas concernés, vous aussi personnellement, par cette dynamique? Pourquoi plusieurs d’entre vous pensent-ils que les humains, vous et moi, nous ne ressusciterons pas? Si vous laissez de côté cette espérance-là, vous restez en-dehors de l’essentiel de la foi chrétienne!

“Je vous rappelle, dit-il, -littéralement je vous présente- la Bonne Nouvelle que je vous ai annoncée; que vous avez reçue; et à laquelle vous êtes fermement attachés...”.

Pourquoi est-ce que Paul présente cette Bonne Nouvelle si ses lecteurs la connaissent, et s’ils y croient?

Il y a sans doute ici un peu d’humour. Un peu comme si,dans une soirée arrosée, un copain faisait du plat à ta femme et que tu la prennes par l’épaule en te tournant vers le gaillard, lui disant de manière appuyée: “Je te présente mon épouse”! - alors qu’il la connaît, bien sûr!

Et ce que Paul veut dire, avec ce clin d’oeil, c’est que les Corinthiens y croient sans y croire vraiment, à cette Bonne Nouvelle. Qu’ils ne sont pas allés assez loin. Qu’ils en sont restés à la porte d’entrée!

“Je vous présente l’essentiel, la Bonne Nouvelle: “Christ est mort pour nos péchés, comme l’annonçaient les Ecritures. Il a été enterré. Il est ressuscité le troisième jour, comme l’annonçaient les Ecritures; il est apparu à Pierre, puis aux douze”... Ce que vous récitez chaque dimanche, amis de Corinthe, pourquoi ne l’appliquez-vous pas à votre quotidien? Si le Christ nous ouvre la route de la vie nouvelle, et de la résurrection, comment pouvez-vous penser que ce n’est pas pour vous et vos semblables?

Si les morts ne ressuscitent pas, notre foi ne vaut pas un clou! Notre vie spirituelle repose principalement sur cet axe. S’il manque, ce n’est plus du christianisme!
  

22 avril 2018. Nous ne sommes pas là pour faire le procès des gens de Corinthe, évidemment! Mais pour nous demander si cette lettre ne nous concerne pas aussi un peu...

Il me semble que la résurrection des personnes après leur mort nous cause moins de problèmes qu’aux Corinthiens. Dans les cultes de funérailles, comme dans le secret de nos coeurs, et peut-être même dans les discussions de bistrot, nous chrétiens admettons volontiers qu’il y ait une vie après la mort. Donc Villars contre Corinthe: 1 - 0!

Mais. Aujourd’hui, est-ce que ce n’est pas la résurrection du Christ qui est difficile à croire, chez nous? Si nous sommes prêts à accepter que le Créateur nous fasse revivre, d’une façon ou d’une autre, pourtant notre culture rationnelle et matérialiste bute contre ce tombeau ouvert, immense point d’interrogation du matin de Pâques. Christ a-t-il vraiment été ramené de la mort à la vie? Comment est-ce possible?

Pour beaucoup de nos contemporains, la résurrection de Jésus est une sorte de supplément à la foi chrétienne, un élément pas du tout central. Un complément pour des gens particulièrement convaincus, qui ont envie d’aller plus loin.

Du coup, Corinthe égalise: 1 - 1!!

Bien sûr, la lettre de Paul ne répond pas à nos questions de gens modernes et cartésiens. L’apôtre s’adresse à des chrétiens vivant une tout autre culture. Et puis, il baigne, lui aussi, dans cette tout autre culture!

Ce qui va m’aider, c’est justement qu’il n’entre pas dans les détails. Il n’essaie pas de décrire; ni de prouver ou d’expliquer. J’ai l’impression qu’il me laisse libre de me représenter la résurrection comme je veux. Libre d’y voir un fait historique; ou au contraire d’y voir une prédication, un appel, un message général de victoire de la vie sur la mort. Libre d’inscrire l’évènement de Pâques dans nos catégories physiques (soit voir le ressuscité comme je vous vois); ou bien plutôt sous forme d’apparitions dans d’autres dimensions. Paul me laisse libre (davantage que les évangiles, écrits plus tard), et c’est justement cette liberté qui me parle de résurrection!
 
Mais le match n’est pas terminé. À Corinthe comme chez nous,  le plus ardu, la principale difficulté, c’est que notre foi puisse nous transformer; qu’elle ne reste pas au niveau des connaissances seulement, de la mémoire, du culte et des formules. Nous aimons chanter À toi la gloire, nous apprécions les textes liturgiques qui disent la fête, le tombeau ouvert, la vie deux fois donnée... mais comment est-ce que cette espérance se traduit dans nos existences quotidiennes?

La résurrection intervient-elle quand nous sommes fâchés avec quelqu’un? Ou quand nous sommes confrontés à notre fragilité, voire à notre propre mesquinerie? Croyons-nous que toute situation bloquée peut être dynamitée par le ressuscité? Pâques peut-elle changer quelque chose à mes rouilles, à mes trouilles et mes brouilles?

“Christ est mort pour nos péchés, comme l’annonçait l’Ancien Testament. Il a été enterré. Il est ressuscité le troisième jour, comme l’annonçait l’Ancien Testament; il est apparu à Pierre, puis aux douze”: une foi comme celle-là peut-elle dynamiser ma vie, et m’entraîner dans une espérance qui agit concrètement?

De la réponse à cette question dépend le résultat final du match. Corinthe: 1; Villars: 1, ou 2? Amen                                          

Jean-Jacques Corbaz 



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