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dimanche 7 avril 2024

(Co, Po) C’est la vie

Quand au hasard d’une fin de soirée embrumée son vieux corps se souvenait, un long sanglot malmenait sa tripaille.

Il avait connu le désert. Il avait vécu la faim. Il avait crevé l’envie. Comme une baudruche.

Il avait perdu le sud à force de le chercher dans la mer du Nord, et il avait troué ses bottes aux fesses des ennemis qu’il se fabriquait sans bien savoir pourquoi.

Il était rentré tous les soirs ni saoul ni sobre, avec ce creux dans l’estomac qui annonce une vie ratée. Il était arrivé partout, mais on finit par rester sur place à force d’arriver.

Il se sentait censeur au milieu des fous, et sot parmi les sages. Il recherchait toujours son âme, qui s’éloignait de plus en plus.


En fait, c’était ça: il avait cherché sans trouver. Toutes ces soirées embrumées comme un trop long tricot. Informe.

Quand dans les boîtes il recherchait son aimée en-allée, ange de pureté introuvable là; quand parmi les illustres et raffinés monstres de l’esprit il quêtait son rut à l’alignement des point-virgules sur un gazon prévisible; quand il savait que l’alcool ravivait sa mémoire mais qu’il buvait pour l’oublier; quand il savait que de penser le ferait boire et qu’il buvait sans penser; quand il marchait sans fin sachant obstinément qu’il se perdait, quelle aventure bien apprise espérait-il encore ouvrir?

Quand il s’attachait aux femmes des autres, projetant sur elles son amour défunt, il ne pouvait pas ne pas savoir dans quel cul-de-sac il se cognait. Son espoir ridicule vivait toujours - preuve que le ridicule ne tue pas.

Quand il rêvait de tant et tant de femmes, quand il les aimait toutes à la fois et pleurait pour une seule; quand il regrettait celles qui se donnaient et souhaitait s’enfuir très vite; quand il priait la terre de cesser d’être ronde pour espérer sortir des cercles vicieux; quand il donnait tout pour mieux regretter; quand il acceptait tout pour se rattraper; quand il s’arrêtait pour courir et qu’il courait pour s’arrêter…

Alors il était heureux, parce qu’il le croyait. C’est la vie.


Jean-Jacques Corbaz, Ndoungué, le 6 juin 1975  

  (inspiré par la chanson «L’aventure» de Jehan Jonas).

  

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