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mardi 14 février 2023

(Po, Li) Souffle de Pâques, souffle de vie


Il souffle un air de folie,
Un air ventre à terre ébouriffe tes cheveux d’ange heureux,
Je te découvre, poète malicieux,
Chapeau bas, joues en feu.

Il respire un air d’embellie,
Le temps reprend son souffle pour mieux danser,
Pour mieux nous surprendre, enchantés,
Et nous illusionner...

Il souffle un air de magie,
Qui reprend, non, s’arrête, qui repart à l’envers,
Inspire, soupire, pour laisser nos fenêtres
Et nos coeurs grands ouverts.

Il souffle un air d’utopie,
Un vent, tripotant nos envies, nos frontières.
Nous inviterait-il encore à naître ?
À nous laisser éclore à d’obscures lumières ?

* * *

Il souffle un air de folie,
Un vent qui me parle de toi, grand poète surpris...
Il souffle un air de vie:
Mon Dieu, serait-ce ton Esprit ?

Jean-Jacques Corbaz

lundi 13 février 2023

(Po) Liberté (à la manière de…)

Sur mon cahier d’écolier
    j’écris ton nom: liberté.
Sur les murs de la ville, sur les toits, les clochers,
    j’écris ton nom: liberté.
Rêve, vieux compagnon, qui toujours se défile,
Toi qui, comme le nez de Cyrano,
    dans tout lieu d’un quart-d’heure me précède,
Que je n’atteins jamais
Et qui me fait… courir!
Rêve, trop beau
    peut-être, pour se réaliser?


             *                   *

Sur mon cahier de travail
    s’écrit ton nom: liberté.
Sur les murs de ma vie - mes amours, mes regrets,
    s’écrit ton nom: liberté.
Sur les cloches qui le dimanche m’appellent,
Sur la Bible et les chants, sur mes mots malhabiles,
Gravée sur une croix, multipliée par mille,
Avec des traits fragiles, obstinée et rebelle,
    Déjà Dieu te chantait: liberté.

             *                   *

Sur mon cahier d’éternité,
Lorsqu’un jour, trop usé, je m’éteindrai,
C’est toujours ton nom que j’écrirai.


Jean-Jacques Corbaz, 18 février 1989  
 



(Pr, SB, Vu) Trouver Dieu au bout du labyrinthe

Prédication du 13 février 2023: "Dieu est amour? Pas si simple"

Introduction aux lectures:

Un jour où les personnages bibliques étaient tous réunis, l’apôtre Jean répétait, comme d’habitude, le même refrain. Il disait: “Dieu est amour! Dieu est amour!”.
Tous les autres approuvaient visiblement.
Tous? Non, car une voix discordante s’éleva, du milieu de l’assemblée des personnages bibliques. Cette voix disait: “Non, pas d’accord, ce n’est pas si simple!”
Qui était ce personnage contestataire?
Vous l’avez peut-être deviné, il s’agit de Job.

Dans les grandes lignes, vous connaissez son histoire:
Homme riche, intègre, ami de Dieu, Job subit tout à coup une série de coups du sort. Ses troupeaux et ses domestiques lui sont enlevés les uns après les autres. Tous ses enfants trouvent une mort tragique. Puis c’est sa santé même qui est atteinte.
Job a tout perdu, mais il reste fidèle à Dieu.
Arrivent alors des amis qui cherchent les causes de ces malheurs. Ils le font dans le cadre de la pensée juive d’alors: si tu es victime de coups du sort, disent-ils, c’est que tu as péché d’une façon ou d’une autre...

Je vous propose ce matin (mais vous n’avez pas trop le choix!) de nous arrêter sur le chapitre 10 de ce livre, qui nous permettra de méditer sur ce thème, universel, de la souffrance et de l’injustice.

Je vous préviens, cette prédication sera un peu plus longue et difficile que d’habitude. Merci de vous accrocher! Mais je crois que c’est important pour découvrir un peu mieux ce que cet étonnant livre de Job veut nous dire.

Nous écouterons d’abord ce chapitre 10; puis un passage de l’évangile de Jean, qui lui est comme un écho; et enfin deux versets de la lettre aux Romains.


Lectures: Job 10; Jean 9, 1-5; Romains 8, 1-2
  


C’est l’histoire d’un homme qui nous ressemble. Job connaît la réussite, le bonheur. Puis brusquement, l’extrême opposé. De terribles malheurs lui tombent dessus. Des bandes de brigands; puis la tempête, la foudre, la maladie. Il ne lui reste rien.

C’est l’histoire d’un homme qui nous ressemble. Job, comme nous, cherche à comprendre: “Mais qu’est-ce que j’ai fait au Bon Dieu? Pourquoi?”

C’est l’histoire de trois hommes qui nous ressemblent. Ce sont les amis de Job. Ils viennent chercher avec lui. Et ils proposent sans cesse la même explication: “Tes malheurs viennent de quelque chose que tu as fait. C’est la seule raison: tu as péché et Dieu te punit.”

C’est l’histoire d’un homme qui ne nous ressemble pas! Car Job refuse d’entrer dans ce système. Il répète sans cesse: “Mais non, je n’ai rien fait. Je ne suis pas coupable!”

Nous, il nous arrive si souvent de chercher des torts en nous-même. Ou d’imiter les amis de Job, qui disent: “Il n’y a pas de fumée sans feu”. “Tu n’as qu’à te secouer!” “Quand on voit toutes les souffrances à travers le monde...”

Mais culpabiliser les autres, mais se culpabiliser soi, ça n’aide pas, bien sûr. Au contraire, ça enfonce encore plus.

Or, le système du “Dieu te punit”, ce n’est pas un système chrétien! C’est même exactement l’opposé. La loi “péché = punition”, ce n’est pas de la religion, c’est de l’épicerie! Il suffit de fixer le tarif, au départ; et après, l’homme peut décider tout seul de la sanction. Dans ce système, on peut se passer de Dieu!

Au fond, c’est assez exactement la tentation d’Adam et Eve, au début de la Bible. Vous vous souvenez? Ils goûtent à l’arbre de la connaissance du Bien et du Mal. Pouvoir savoir, pouvoir décider ce qui est bien, ce qui est mal, c’est en somme se mettre à la place de Dieu!

Que ce soit pour s’auto-justifier (dire: “je connais le bien, je sais que je suis juste”); ou pour s’auto-accuser (“je connais le mal, je sais que je suis mauvais”); ou pour accuser les autres (“je connais le mal, je sais que vous êtes mauvais”), le système des amis ne mène à rien, sinon à rejeter Dieu, à lui enlever sa liberté. C’est hélas une tentation universelle, et nous la voyons tragiquement à l’oeuvre dans tous les fondamentalismes, du Proche-Orient aux USA.
  

 
Job, de toutes ses forces, essaie de sortir de ce cercle vicieux. Mais il lui faudra pas moins de 40 chapitres pour y parvenir! Il lui faudra explorer bien des pistes, pour découvrir qu’elles sont sans issue.

Le livre entier de Job est comme un labyrinthe, où le héros essaie quantité de chemins, avant de trouver le seul qui ne soit pas une impasse.

Le chapitre 10, que nous avons lu, nous permet d’en comprendre deux ou trois, de ces voies sans issue. Et cela peut nous servir, à notre tour.
   
Première fausse piste: “Je ne suis pas coupable, c’est la faute de Dieu”. Job essaie de se justifier en accusant son Créateur: “Je savais que tu me voulais du mal” dit-il. “Seigneur, ça te fait plaisir de me voir souffrir?”. Tu guettais ma faute, tu as joué avec moi comme un chat avec une souris”...

Quand on se sent trop coupable, il arrive que la seule manière de le supporter soit d’accuser quelqu’un d’autre. De projeter sa culpabilité sur autrui. De manière un peu désespérée, Job va ainsi renvoyer sur Dieu l’accusation qui lui pèse.

Ce qui est étonnant, ici, c’est que Dieu n’en veut pas à Job de cette réaction. Dieu ne retourne pas la culpabilité sur Job. Jamais! Il sait que nous avons souvent besoin d’explorer ce chemin-là. Dieu comprend que nous devons parfois passer par un tel stade. Nous avons le droit d’accuser Dieu, de nous révolter, lors d’une épreuve. Nous avons le droit de crier à l’injustice.

Deuxième
fausse piste: Job va aussi explorer, mais de manière moins marquée, le chemin de l’auto-accusation: “C’est ma faute” dit-il alors. Comme un dépressif, Job prend sur lui ses malheurs, il ploie sous leur poids.

D’ailleurs, la frontière est parfois difficile à tracer entre “se sentir accusé” et “être vraiment accusé” par un autre. Voyez ces petites questions dans un couple qui peuvent mettre le feu aux poudres. Par exemple: “Tu fais quoi, ce soir?” “Quoi, tu m’accuses de ne jamais rester à la maison?”

Ainsi, dans tout notre chapitre, il y a en hébreu un double sens:  la plupart des verbes qui parlent de pourchasser, d’accuser, de faire du mal à Job, on ne sait jamais exactement si le sujet du verbe c’est Dieu, ou si c’est Job lui-même (un peu comme, en français, quand je dis “J’ai vu manger un oiseau”, ça peut vouloir dire que c’est l’oiseau qui mange ou vouloir dire que c’est l’oiseau qui est mangé!

Dans notre chapitre, l’ambiguïté est voulue. C’est à la fois Job qui frappe et qui est frappé. Il n’y a pas de pire bourreau que celui qui se persécute lui-même. Des fois, on se battrait, pour ne plus se sentir coupable! On se tuerait, tellement on a honte!

Et c’est dans cette forme de dépression donc que Job met le doigt sur une troisième piste, qui le rapprochera de la clé du labyrinthe: sortir de l’alternative “Ou bien je suis juste, et c’est l’autre (l’Autre!?) qui est coupable; ou bien je suis coupable, et c’est l’autre qui est juste”. Tout à coup, Job ne sait plus s’il est bon ou mauvais. Il sent d’ailleurs que là n’est pas vraiment l’important. Le mal ne s’explique pas.

Job sortira de la dépression au moment où il pourra regarder ses malheurs en face, ne plus fermer les yeux sur son sort si cruel. Job quittera la dépression quand il sortira du jeu de l’accusateur et de l’accusé. Quand sa misère devient extérieure à lui-même.

Dieu est-il méchant? Ou amour? La réponse pour Job est donnée à travers plusieurs autres doubles sens dans ce chapitre. Je n’en mentionnerai qu’un seul: quand il dit, au verset 8, “Tu m’as créé et formé”, Job emploie un verbe hébreu qui veut dire ou bien “façonner”, ou bien “blesser”. Encore une fois, Bien et Mal mélangés!

D’ailleurs, créer n’implique-t-il pas une violence? Mettre au monde peut-il se faire sans traumatisme? Il faudrait le demander à un nouveau-né!! Donner la vie à quelqu’un, n’est-ce pas le placer dans un monde d’injustice et de violence?

Un Anglais m’a dit un jour: “Que Dieu vous blesse”! Il voulait dire, bien sûr, “Dieu vous bénisse” (“God bless you”)...

La vie n’est-elle pas à la fois bien et mal; bonheur et malheur; joie et souffrance; guérison et blessure... Et Dieu n’est-il pas la source de toute vie?
   
Vous le voyez, les questions sont vastes, et nos intelligences humaines ne suffisent pas pour y répondre. C’est ce que Dieu va faire découvrir à Job, après un long itinéraire.

Neuf chapitres plus loin, notre héros exprimera quelque chose d’important, à travers ce verset bien connu: “Je sais que mon rédempteur est vivant, et en dernier il se lève sur la poussière”. “Il n’est plus un étranger”.

Le rédempteur, c’est celui qui prend mon parti, qui me soutient, me comprend. On ne sort de la dépression que si un rédempteur (ou une rédemptrice!) nous accompagne un bout de chemin, regarde et porte avec nous notre souffrance.

Mais voici encore un double sens, un de plus: en hébreu, le rédempteur, ça désigne aussi parfois celui qui abîme, celui qui souille, qui profane! Car rien n’est jamais tout blanc ou tout noir, comme l’esprit cartésien nous a hélas trop appris. L’hébreu sait mieux que nous la pensée intuitive, où le bien est inséparable du mal; où l’amour ne va pas sans blessure. Comme dans la réalité. Le mot «passion» n’est-il pas d’ailleurs lui aussi à double sens, puisqu’il signifie «amour», mais également «souffrance»?

Pour nous accompagner et nous aider à voir clair dans nos souffrances, le rédempteur doit aussi nous faire mal, nous plonger dans ce que nous voudrions fuir. Un psychothérapeute, un superviseur doit mettre à la lumière ce qui dans nos émotions est douloureux, pour nous apprendre à le maîtriser.

Mais, c’est seulement au moment où nous avons fait le tour de nos illusions, de nos croyances, de nos culpabilités et de nos innocences, ce n’est que lorsque tout cela est tombé en poussière, comme c’est le cas pour Job, que le rédempteur devient une aide. “Je sais mon rédempteur vivant, et en dernier sur la poussière il se lève”. Alors, sur cette poussière, Dieu se révèle comme le Rédempteur majuscule, qui nous comprend et nous sauve. Il n’est plus un étranger.
   

La véritable consolation, Job la trouvera enfin au 42ème et dernier chapitre, lorsqu’il parle à Dieu comme à un ami, sans chercher de coupable. Le chemin dans le labyrinthe lui a donné, non pas la réponse à toutes ses questions, mais je dirai la force de vivre avec des questions sans réponse. Car il sait que Dieu vit avec lui et pour lui.
  
Dieu est amour? Pas si simple. Dans les souffrances, les injustices, ça ne veut rien dire. Rien. Avant de prêcher le Dieu d’amour, il ne faut pas oublier tout l’itinéraire dans le labyrinthe, dans l’obscurité, jusqu’à ce que nos échafaudages, nos auto-justifications et nos auto-accusations soient réduits en poussière. Dieu n’est pas un étranger, mais il y a tout ce chemin à parcourir pour le trouver. Un chemin où il nous confronte à nos blessures, pour nous aider à déboucher sur la guérison.
  

Chaque année, le temps du Carême nous est ainsi offert pour avancer sur ce chemin-là, en méditant sur la passion, donc les souffrances du Christ. Blessure et bénédiction! Le seul antidote contre les théories qui excluent Dieu, c’est le fait que Jésus a passé lui-même par ce chemin du labyrinthe. Il l’a parcouru pour, au matin de Pâques, nous permettre d’accéder à un sens pour notre vie; une authentique relation d’amour avec lui. Où nous pouvons nous-mêmes devenir de petits rédempteurs ou rédemptrices pour les autres! Amen                                          


Jean-Jacques Corbaz



vendredi 10 février 2023

(Po) Hors

 
Hors du temps,
Hors de l’os, qui structure et qui mobilise,
Hors de l’or, appât jaune à dents grises,
                                        - et qui grise!
Hors du port, sans cuirasse, sans carapace,
Je sors.

Me reste,
Plus profond que le squelette,
Plus tenace qu’une arête,
Au creux de mon coeur en fête,
Ne reste,
Poussière légère,
Frêle, presque irréelle,
Que souvenirs de sa tendresse,
Promesse,
Qui germera, qui germe
En moi.

Dehors,
Hors du fort,
Je suis porté par ce sourire,
Par lui je me bats, je respire,
Il m’engage et me survivra…
Ma sécurité, elle est là:
Cet appel, cette voix
D’un Juif errant cloué sur une croix.

Jean-Jacques Corbaz, mars 1989

  


lundi 23 janvier 2023

(Po) Le temps notre transcendance

Le temps, qui coule, goutte à goutte,
Qui avance en clopinant vers notre dernier souffle,
Le temps, qui pourtant fait de nous des vivants,

Le temps, qui berce nos transhumances,
Qui les ponctue de brefs silences,
(ou d’ouvertures!),

Le temps, qui déroule nos routes,
Qui atténue nos drames comme nos doutes,
Et ferme nos blessures,

Le temps, qui parfois voile nos souvenirs, ou les estompe,
Le temps, qui nous guérit (ou qui nous trompe!),
Le temps, qui nous fait redevenir des enfants,

Le temps d’hiver, le temps d’été,
Le temps des joies et des souffrances…
Le temps: c’est notre transcendance!

On croit te mesurer, voire… te posséder!
Mais en vain: tu nous files toujours entre les doigts,
Et c’est nous qui courons après toi!

Tu avances, infiniment, tu t’avances,
Tu sautes de la vieillesse à l’enfance,
On ne peut que te voir passer
(Et, parfois, te regretter!).

 
             *               *
Le temps, portant nos transhumances,
Enregistrant nos existences,
Inexorable et bienveillant,
Le temps, pourtant toujours devant,
Le temps, mais c’est la transcendance!


Le temps qui meurt fait de nous des vivants.

Jean-Jacques Corbaz 



(Li, Po) Cantique : Enfants de la lumière, unis-nous (musique : Alléluia 36-16)

 
Enfants d’un même père,
Dans un monde fermé,
Nous cherchons la lumière,
Des raisons d’espérer.
Unis et solidaires,
Nous voulons de nos mains
Semer sur notre terre
Le bonheur de demain.

La haine et la souffrance
Nous éloignent de toi.
L’espoir et la confiance
Font grandir notre foi.
Au milieu du silence,
Ce que tu nous promets
Dessine une naissance,
Un chemin vers la paix.

Jean-Jacques Corbaz   

(Hu) Duguet... compagnon de la Marjolaine

Le cavalier Romain Duguet, ancien membre de l'équipe suisse de saut d'obstacles, avait un jour gagné le concours hippique de Sittard.

Le soir, sur le quai de la gare, tout joyeux, il a demandé en mariage sa compagne, Marjolaine.

Il n'est dit nulle part s'il l'a fait de manière cavalière ou chevaleresque... Mais ses copains de l'équipe lui ont composé une chanson qui est devenue célébrissime:

"Qui est-ce qui passe ici si tard, compagnon de la Marjolaine, qui est-ce qui passe ici si tard, gai, gai, dessus le quai? C'est le chevalier Duguet..." vous connaissez la suite!


Jean-Jacques Corbaz


(Po) Humus

 




 

 

 

 Humus

Les gens et les choses
Se décomposent
Avec le temps…
Puis, mystérieusement,
Se recomposent.
Ne sois donc pas morose,
Nous restons tous vivants !

Jean-Jacques Corbaz

 

 

dimanche 22 janvier 2023

(Po, Li) Rencontre

Le soleil rencontre la terre.
Quelques larmes de rosée scintillent, comme de petits diamants,
Mille étoiles font de la nuit un matin clair.
Le soleil rencontre la terre
Chaque jour.

Le feu de Dieu rencontre nos corps de terre.
Voici nos visages, incertains reflets du Christ qui nous cherche,
Voici nos visages, illuminés de mille bougies pour prier l’espérance,
Le feu de Dieu rencontre nos corps de pierre
Chaque dimanche
Et chaque jour.

Alors, nous nous rencontrons, gens du mystère,
Fragile naissance vacillant au moindre souffle,
Nous nous rencontrons, chrétiens, pour célébrer l’amour,
Pour aimer le soleil
Et chanter le Seigneur.
En nous ouvrant aux autres, nous accueillons le Ciel.
Dans nos regards croisés, il commence à faire jour
Chaque semaine,
Chaque dimanche,
Voire chaque jour.

Parce que Christ vivant est notre premier amour.

Jean-Jacques Corbaz
 
 

(Po, Li) Les paroles des poètes



Gloria

Les paroles des poètes,
Le chant des croyants inconnus,
Le rythme de la fête
Nous disent: tu es venu.

Toi, la source de nos musiques,
Comme un oiseau sur la fenêtre,
Toi, l’espoir fantastique
Des demain, des peut-être,

Toi dont l’amour nous rachète,
Royaume offert et nu,
Fragile beauté, pourtant parfaite,
Gloire à toi, Jésus, notre salut.

Jean-Jacques Corbaz

 

 

lundi 16 janvier 2023

(Bi, Hu) Promotion des carottes


Le Comité pour la Promotion des Carottes (CPC) fait un excellent travail. Ses membres s’activent sans relâche pour faire mieux connaître les qualités de ce légume. Il est délicieux, sain, bon marché, et (cerise sur la tourte aux carottes), il a des vertus amincissantes!

Enfin, je devrais plutôt parler de cela au passé. Car depuis quelque temps, les membres du CPC sont en profond désaccord.

Il y a d’un côté ceux qui préfèrent peler une carotte en la tournant vers l’extérieur, et de l’autre ceux qui affirment qu’il est bien plus efficace de la peler en la tournant vers l’intérieur. Chaque parti développe ses arguments, veut absolument prouver qu’ils sont meilleurs que ceux d’en face… Et surtout, chacun cherche à démolir l’autre camp, le rabaisser, le ridiculiser. Chaque prise de parole est interprétée avec malveillance. Bref, c’est la guerre!

Tant et si bien que le CPC n’a plus aucune énergie, aucune disponibilité pour promouvoir les carottes. Un comble !
   

Dites, mes amis: ces mésaventures ridicules n’auraient aucune chance d’arriver dans notre Communauté pour la Promotion du Christianisme (CPC), non? Rassurez-moi. 

Du 18 au 25 janvier, semaine de prière pour l’unité des chrétiens! 


Jean-Jacques Corbaz  
 




(Pr) Tout est à vous... Mais à qui es-tu?

Prédication du 16 janvier 2023

Lectures: 1 Corinthiens 3, 4-15;1 Corinthiens 3, 21-23; Luc 19, 1-9


Dans une revue missionnaire, j’ai lu cette jolie histoire:

“Sur une route, en Inde, des hommes armés m’ont arrêté et fait sortir de mon véhicule. Ils m’ont pris toutes mes valeurs et se sont enfuis avec ma voiture. Quand j’ai vu un des bandits prendre ma bible, je lui ai crié: “Lisez-la souvent!”

Quatre ans plus tard, j’ai reçu une lettre qui disait: “Je suis un de ceux qui vous ont attaqué sur la route. Je me rappelle encore votre visage calme et amical alors que je vous menaçais avec mon arme, et que vous m’avez dit de lire la Bible. Je veux vous remercier, car vous m’avez sauvé la vie. J’ai lu votre bible, et j’ai décidé de quitter ce gang. Et, récemment, mes anciens compagnons se sont fait tuer en attaquant un bus sur la route. Aujourd’hui, si je n’avais pas suivi votre conseil, je serais mort moi aussi. C’est la bible que je vous ai prise qui m’a sauvé la vie.”

 

 
Indirectement, ce n’est pas la première fois, ni la dernière, que le fait de croire en Dieu sauve la vie de quelqu’un. La foi peut sauver de la mort violente, comme dans notre récit. Elle peut aussi sauver de la mort lente, celle du désespoir. Je veux dire ici: du manque d’espérance. Vous le croyez?

À force de vivre en symbiose avec l’Evangile, l’Europe s’y est habituée. Dramatiquement. Petit à petit, le tranchant de la Parole du Christ s’est émoussé pour nous, comme un médicament qui fait de moins en moins d’effet, parce que le corps s’y est accoutumé.

Nous en sommes venus à ne plus réaliser la différence qu’il y a entre la vie que nous menons et celle que l’Evangile appelle! On croit, et sincèrement, que vivre en bons chrétiens, c’est: ne pas tuer, ne pas voler; donner (un peu!); pardonner (parfois...). Bon, je suis un des premiers à déraper dans ce travers!

On entend même certains dire qu’il faut chasser les musulmans de chez nous, parce qu’ils ne respectent pas les fondements du christianisme, qui sont de ne pas voler, de ne pas tuer. Hem! Que ceux qui prétendent cela aillent commettre un vol dans un pays musulman... Ils s‘en mordront les doigts, si j’ose dire: vous connaissez la règle de couper les mains des voleurs!


Dieu merci, nous avons aujourd’hui des contacts avec d’autres continents, qui nous aident à reconnaître tout ce qu’il y a de neuf et de révolutionnaire dans le Nouveau Testament (NT), tout ce qui va beaucoup plus loin qu’une morale humaniste: car ne pas tuer, ne pas voler, donner ou pardonner, c’est un peu comme la peinture sur la carrosserie d’une voiture: ça parachève l’oeuvre, mais ce n’est pas l’essentiel. C’est une conséquence de la foi chrétienne, et non le coeur. C’est ce que l’apôtre Paul qualifie dans notre passage de construction: une construction d’or ou d’argent, de bois ou de paille, une oeuvre qui résistera plus ou moins bien au feu, c’est-à-dire à l’épreuve.

Une construction... Un peu comme la maison des trois petits cochons face au grand méchant loup! Et la lettre aux Corinthiens précise: “Celui dont l’oeuvre sera consumée, même celui-là sera sauvé, comme on est sauvé à travers le feu.” Evidemment, cette personne aura eu chaud, c’est le cas de dire! Mais, rendez-vous compte, l’essentiel, le coeur, ne sera pas touché.

Alors, l’essentiel, le coeur du NT, qu’est-ce que c’est? Bien sûr, si on avait trouvé la définition parfaite en deux lignes, ça se saurait! Nous sommes condamnés à tâtonner.

Aujourd’hui, je trouve dans ce chapitre aux Corinthiens un angle d’approche que j’avais un peu tendance à oublier. Il y a une dispute de clans, entre les chrétiens disciples de Paul et ceux qui se sont ralliés à un nouvel évangéliste, nommé Apollos.

Partant de ce conflit, l’apôtre écrit ces versets, que j’aime à méditer à la veille de la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens: “Paul plante, et Apollos arrose; mais c’est Dieu qui fait pousser. Celui qui plante et celui qui arrose ne sont rien.”
  

Et il poursuit: “Que personne ne fonde sa fierté sur des hommes. Car tout vous appartient: Paul, Apollos ou Pierre; le monde, la vie, la mort; le présent ou l'avenir, tout est à vous; mais vous, vous êtes au Christ et le Christ est à Dieu.”

Voilà. Nous n’appartenons pas à des hommes. Vous, protestants ou catholiques, ou musulmans, voire agnostiques, vous n’appartenez pas à votre pasteur ou votre prêtre, ni à votre Eglise ou communauté...  «Vous êtes au Christ et, par lui, à Dieu.»

Finalement, ne serait-ce pas dans cette question de l’appartenance que se joue l’essentiel de notre foi? “À qui es-tu?” disait-on autrefois; “au Jules de la Combe ou au Max du Very?”. Au Moyen Âge, les paysans étaient au seigneur du lieu, sire de Grandson ou comte de Gruyère: “À qui sont ces gens?” disait-on.

Être au Christ; et, par lui, à Dieu... Pas facile, mes aïeux!! Cela suppose de savoir accueillir dans nos vies, dans notre quotidien, les valeurs nouvelles de l’Evangile. Le sens donné à l’existence, et qui nous manque tant aujourd’hui.

“À qui es-tu?”, ça veut dire: pour quoi (en deux mots), pour quoi est-ce que tu vis? Quel est ton but, ton essentiel? L’argent? alors tu es à ton porte-monnaie. L’admiration des autres, la gloire? alors tu es à toi-même. Le pouvoir? La réussite? Être en haut de l’échelle, surpasser les autres? alors tu es à ton orgueil...

Nous sommes si peu à Christ, et à Dieu! 

 

Mais attention: la vie chrétienne, bien sûr, ce n’est pas d’être pleinement détachés de toutes contingences matérielles, et de n’avoir les yeux fixés que sur Dieu seul! Cela, c’est une espèce d’idéal monastique qu’il est quasi impossible de mener dans notre société, surtout si l’on travaille ou qu’on a des enfants; ou que notre santé nous fait souffrir...

Le NT ne nous appelle donc pas à nous couper du monde, mais à travailler sur nous-même pour, dans ce monde, essayer d’appartenir le plus possible à Celui qui nous a rachetés (!). Pour nous convertir, toujours mieux, à sa personne. Pour refaire sans cesse le chemin de Zachée; lui qui, touché par l’amour et le pardon de Jésus, a su lâcher son idole (pour lui, c’était l’argent), lâcher son idole et se donner au Christ. Refaire ainsi le chemin de ce bandit, voleur d’auto et de bible, qui a pu changer de vie à temps.

Se donner... Vous voyez, le malentendu, c’est qu’on en a fait une morale: il faut vous donner au Christ. Surtout non! Arrière de moi, Satan! il ne faut pas vous donner au Christ, pas plus qu’il ne faut être bon, donner ou pardonner, s’abstenir de tuer ou voler. Ce n’est pas une morale, ni une obligation.

Non, avec Paul, avec les missionnaires d’hier et ceux d’aujourd’hui, qui viennent souvent d’Outre-Mer, j’ai envie de vous dire: dans la Parole de Jésus, je découvre le ferment d’une vie bouleversante et bouleversée, qui me fait voir le monde avec des yeux neufs, et qui m’aide à devenir meilleur. En essayant, avec tous mes défauts d’être un peu mieux à Christ, je me libère de bien des égoïsmes, je deviens plus heureux.

L’Eglise, notre Eglise, c’est la communauté de celles et ceux qui marchent sur ce chemin-là. Nous sommes ensemble pour nous y encourager.

Chers ami.e.s tout à l’heure, je vous dirai «au revoir» comme chaque fois. Mais aujourd’hui, j’ai presque envie de vous dire «Adieu». Pas parce que je vais vous quitter pour toujours, bien sûr que non! Mais parce que dans ce mot il y a  «à Dieu» en deux mots. Comme pour dire avec force: soyez à Dieu, le plus possible! Marchez toujours en compagnie de Celui à qui vous appartenez déjà. N’oubliez pas: «Tout est à vous; mais vous, vous êtes au Christ et le Christ à Dieu.» Amen 


Jean-Jacques Corbaz