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dimanche 20 décembre 2015

(Pr) De Charlot à Jésus et aux Dupondt, l'espérance qui réveille!

Lectures bibliques: Luc 1, 5-25; Zacharie 8, 12-13

Dans les années 30, le personnage de Charlot avait un énorme succès. On aimait se déguiser à la manière du célèbre vagabond à la canne, et on organisait des “concours du meilleur Charlot”.  Or il paraît qu’un jour, le véritable Charlie Chaplin a participé à l’une de ces compétitions. Incognito, et avec un petit sourire. Tenez-vous bien, sur sept concurrents, il a obtenu: la troisième place...


Permettez-moi maintenant une petite question légèrement impertinente: à supposer qu’on organise, aujourd’hui, un “concours du meilleur Jésus Christ”. 

À supposer encore que Jésus, le vrai, participe à cette compétition... Vous me voyez venir: est-ce que même il remporterait le troisième prix?! ...

Je n’en suis pas sûr. Tellement il a été déformé à travers les siècles. Tant de gens le façonnent à leur idée. Voire à leur profit! On voit son message, son évangile, mis à toutes les sauces. Nos contemporains oublient des choses essentielles sur lui.


Nous faisons trop souvent avec la religion comme les Dupond-Dupont perdus au milieu du désert (l’histoire se trouve dans “Tintin au pays de l’or noir”): on part dans la bonne direction; on avance; on croit aller bien droit... Et soudain, on aperçoit des traces devant soi. Tout heureux, on les suit. Longtemps après, on rejoint de nouvelles traces; et, des heures plus tard, d’autres encore... Jusqu’à ce qu’on réalise que toutes ces empreintes, ce sont les nôtres, et qu’on a tourné en rond! On croyait avancer bien droit, mais on a tellement dévié, imperceptiblement, qu’on s’est mis à tourner en rond.

La religion qui dévie, qui perd le cap; qui s’égare, qui s’érode... Ce phénomène ne date pas d’aujourd’hui. Il est vieux comme Hérode! Il y a 2000 ans en effet, le prêtre Zacharie en a fait la douloureuse expérience.

C’était pourtant, dit l’évangile, un homme remarquablement pieux et qui respectait tous les commandements de Dieu. Du point-de-vue juif, c’était un vrai, un tout bon; un pur. Il était prêtre, donc tout en haut de la hiérarchie religieuse. Il avait épousé Elisabeth, descendante d’Aaron, famille prestigieuse; Elisabeth, dont le nom signifie “Dieu est ma promesse”.

Seulement, le hic, c’est cette stérilité, totalement imméritée; injuste, comme les malheurs de Job ou de tant d’autres. Elisabeth ne peut pas avoir d’enfant.

“Dieu est ma promesse”. Ils l’avaient pourtant pris au mot, ce nom. D’ailleurs, en hébreu, vous savez, si le nom ne nous correspond pas, eh bien on le change! (Ainsi vous connaissez Simon qui devient Pierre). Ils l’avaient pris au sérieux, ce Dieu. Ils avaient prié, avec ferveur, avec foi, avec espérance.

Mais voilà, les années ont passé, sans exaucement. Petit à petit, la ferveur a baissé, la foi est devenue habitude, et l’espérance s’est transformée en résignation.
 

 

Devenus vieux, trop vieux pour procréer, Zacharie et Elisabeth n’y croient plus. Bien entendu, a-t-on envie de dire! C’est normal. C’est compréhensible. Cette usure de la foi, de la prière, c’est celle de tant d’entre nous qui n’y croient plus assez, petit à petit, pour faire autre chose que se résigner.

Mais, voilà que la nouveauté de Dieu, son imagination, j’allais même dire son culot, dépassent tout ce qu’on attend. Un jour où Zacharie a été désigné par le sort pour entrer seul dans le coeur du temple de Jérusalem, le “lieu saint”, afin d’y brûler l’encens, voilà qu’un envoyé de Dieu se manifeste. On dit “un ange”, c’est la traduction exacte, en grec, de “missionnaire”, ou de “messager”.

À notre couple fatigué, cet envoyé promet un fils. Il annonce celui que nous connaissons sous le nom de Jean Baptiste, celui qui ouvre les chemins devant Jésus. Il s’appellera Jean, c’est-à-dire “Le Seigneur fait grâce”.

Or, chez les juifs, à l’époque, le premier fils porte par tradition le nom de son père. C’est la coutume. Lui donner un autre nom, c’est donc toujours annoncer qu’il échappera à sa destinée personnelle et familiale, à sa vie toute tracée. Il sera appelé à une autre trajectoire. Sa vie sera consacrée à Dieu, comme l’indique aussi le fait qu’il ne boira pas d’alcool.

De cette apparition, Zacharie va revenir muet. Aucun son ne sort plus de sa bouche.

Mais attention, contrairement à ce qu’une lecture rapide pourrait nous laisser croire, son mutisme n’est pas une punition parce qu’il aurait posé la question “Comment saurais-je que c’est vrai? Ma femme et moi nous sommes si vieux...”. Non, le silence de Zacharie est un signe de Dieu. La phrase de l’ange “Tu n’as pas cru”, elle ne concerne pas la question du vieux prêtre; car beaucoup de personnages bibliques font la même demande, et ils ne sont pas réprimandés. Pas du tout, “Tu n’as pas cru” concerne l’usure de la prière de Zacharie et Elisabeth, leur foi qui s’est mise à dévier; leur espérance qui a tourné en rond; tourné en résignation. Probablement qu’ils ne demandaient plus un enfant; peut-être même qu’en bons juifs, ils remerciaient Dieu d’être stériles, et ainsi plus disponibles aux autres, vous voyez...

Au contraire d’Abraham et Sarah, qui avaient tout fait pour forcer le destin en leur faveur, eux, Zacharie et Elisabeth ont perdu espoir. Et pourtant, ils devaient la connaître par coeur, cette histoire du Père des croyants, exaucé alors qu’avec sa femme Sarah ils étaient encore plus âgés qu’eux!

Alors, Dieu prend Zacharie au mot (si j’ose dire, puisqu’il devient muet!). Dieu prend Zacharie au mot: son mutisme nouveau, il est dans la logique de leur prière qui n’osait plus dire ce qu’ils voulaient, ce dont ils avaient tant rêvé. Ce mutisme va même devenir un signe de l’action de Dieu! De son culot! De sa puissance créatrice! Dieu va agir dans le silence. Dans le silence de Zacharie et dans le silence du ventre d’Elisabeth.

 


Vous vous en doutez, il y a bien des Zacharie et des Elisabeth aujourd’hui. Oh oui, vingt siècles plus tard, bien des prières sont fatiguées, bien des espérances sont usées. Les nôtres peut-être, individuelles, familiales; nos espérances de paroisses; d’Eglise. Et les prières du monde, pour la paix; la justice; la réconciliation; la sécurité pour tous. Est-ce que nous osons encore demander tout cela dans la prière? Et si oui, est-ce que nous osons encore y croire? Croire que c’est réalisable; que Dieu peut le faire; que Dieu veut le faire? La paix en Syrie, en Palestine, en Afrique?

Alors que Noël est proche, avons-nous encore le culot, l’audace, la folie d’espérer de toutes nos forces la paix et le salut du monde? Et de nous y engager avec la dernière énergie, parce que le dicton est vrai, qui dit “aide-toi et le Ciel t’aidera”? Dieu ne peut rien sans notre contribution! “Paix sur la terre aux hommes de bonne volonté” vont chanter les anges à Noël. Paroles cruelles: car justement, n’est-ce pas la bonne volonté qui manque surtout, ici-bas?

Zacharie, Elisabeth et Jean Baptiste nous sont donnés comme des signes. Comme des appels à y croire, à nous engager. Et toujours sur la même voie: “Son oeuvre sera de réconcilier et de ramener à la justice” dit l’ange au sujet de Jean Baptiste. De ramener à cette harmonie espérée par la Bible: le shalom, la paix; non seulement absence de guerres, mais aussi communion de foi, réconciliation avec Dieu et aussi avec les humains; vie heureuse; sécurité matérielle et spirituelle. En un mot: retrouver le cap, le chemin droit!

Et là, vous voyez, ce n’est pas seulement pour les chefs d’Etat, et les conférences pour la paix ou le climat! Chacun(e), nous sommes concernés!

Dans cet Avent encore, Zacharie, Elisabeth et Jean Baptiste pourraient-ils nous y engager? Amen.

Jean-Jacques Corbaz  








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