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dimanche 6 janvier 2013

(Pr, Vu, FA) Epiphanie: qui est le roi?

6.1.2013 Epiphanie
 Matthieu 2, 1-12;  Matthieu 3, 13-17;  Jean 19, 38-42







Un 6 janvier 2000 et quelques, une famille parle avec son pasteur des fameux “rois mages”.

Les enfants sont très étonnés en entendant les précisions de M. le ministre: dans la Bible, ce ne sont pas des rois; mais plutôt des savants, astronomes, ou mieux encore astrologues. Des diseurs de bonne aventure, en somme. Voyants extralucides... charlatans. Rien à voir avec des rois! Comme si aujourd’hui on confondait une Bohémienne avec le président de la Confédération!

M. le pasteur ouvre sa Bible et lit le seul passage où ces curieux mages sont cités. C’est celui que nous avons entendu tout-à-l’heure, au chapitre 2 de l’évangile selon Matthieu: Alors, des savants d’Orient arrivent à Jérusalem, et demandent: “Où est le roi des Juifs, qui vient de naître?”

M. le ministre raconte ensuite que beaucoup de légendes sont nées à partir de ce récit. Vous avez remarqué? la Bible ne donne pas les noms des mages, ni leur origine ethnique! On a souvent dit qu’ils étaient trois, venant l’un d’Europe, l’autre d’Afrique et le 3è d’Asie: les trois seuls continents connus à l’époque. Mais que dit l’évangile? Qu’ils viennent d’Orient. De l’Est! Ce sont donc tous des asiatiques, comme les Israëlites.

Leur nombre, fixé par la légende à trois, dépend bien sûr des cadeaux que cite la Bible. Et M. le ministre explique le sens de l’or, de l’encens et de la myrrhe.

L’or est le symbole de la royauté. Le seul roi, vraiment, dans cette histoire, c’est ce bébé, Jésus, qui reçoit ce cadeau. L’or montre sa puissance, son rayonnement, l’admiration et la gloire qu’il suscite.

L’encens est un parfum âcre utilisé en Orient dans les cultes. Il représente Dieu; il souligne la divinité de Jésus. Les mages, en s’agenouillant, ne font pas une révolution politique; non, ils célébrent un culte. L’encens précise et nuance le message de l’or: il annonce que la royauté de Jésus n’est pas celle d’Hérode, c’est un règne religieux, spirituel, et pas seulement terrestre!

La myrrhe, enfin, c’est un parfum qu’on emploie pour embaumer les morts, afin de lutter contre les odeurs des cadavres: on imprégnait de myrrhe les bandelettes avec lesquelles on emballait les corps, dans les tombeaux. La myrrhe des mages annonce donc déjà celle que recevra Jésus au soir de Vendredi saint, selon l’évangile de Jean, comme nous l’avons entendu tout-à-l’heure. La myrrhe: drôle de cadeau, fait le papa. Comme si, à la naissance de votre bébé, vous receviez un bon pour une crémation!

La plus grande des filles, 17 ans, remarque alors: “Voilà bien une idée d’homme, ces cadeaux! Une femme n’aurait jamais apporté des parfums, elle aurait plutôt offert une brassière!”

Bien sûr, toute la famille rigole. Et puis, M. le ministre, reprenant son sérieux, précise que beaucoup de passages bibliques, comme celui-ci, ont une signification symbolique. Ils ne prétendent pas décrire ce qui s’est exactement passé. Au contraire, ils veulent donner un sens, suggérer une dimension plus haute que le mot-à-mot, que le terre-à-terre. Ils parlent par images.

                                 *                                    *
Bien avant la légende des mages transformés en rois (au Moyen Âge)... Bien avant Melchior, Gaspard et Balthasar, les premières histoires sur Jésus rapportent donc ces récits d’astrologues, de cadeaux effarants. Elles le font pour souligner que cet enfant est roi; mais qu’il est un roi religieux, et non un homme de pouvoir (qu’il agit par la puissance de son amour, et pas par celle des armes); et que cette royauté culminera dans sa mort! Couronné, mais d’épines!

                                 *                                    *
Un garçon un peu futé entre alors dans la discussion. Il demande: “Mais, l’étoile? Comment c’est possible qu’une étoile bouge dans le ciel?

Là, M. le ministre n’en sait pas beaucoup plus que le bout d’homme. Il se souvient juste d’avoir lu, dans une Vie Protestante il y a bien des années, qu’on a parfois observé des phénomènes semblables à notre époque moderne: des conjonctions d’étoiles ou des astres nouvellement apparus peuvent donner une impression ressemblant à celle décrite dans le premier évangile.

Car Matthieu ne dit pas, comme on l’imagine souvent, que les mages ont suivi l’étoile: depuis chez eux jusqu’à Bethléem. Non, ils l’ont vue chez eux; puis ils ne la retrouvent, nous l’avons entendu, ils ne la retrouvent qu’à Jérusalem, en sortant du palais royal. Entre parenthèses, encore un faux roi, cet Hérode! Encore un faux, par opposition au vrai roi qu’est le Christ!!





                                   *                                    *
La maman, qui connaît des termes compliqués, ose alors demander ce que ça veut dire, “Epiphanie”. Est-ce que ça signifie “fête des rois”?

- Non, répond M. le pasteur. Ce mot veut dire “manifestation” ou “apparition” (de quelqu’un d’important). L’Epiphanie désigne en fait deux choses différentes:

(1) Aujourd’hui, elle rappelle l’adoration de Jésus par les mages, symbole de la manifestation du Christ à la terre entière, y compris aux païens. Matthieu veut dire ainsi que Dieu apparaît là, non plus comme le Sauveur d’Israël seulement, mais comme celui du monde entier!

(2) Mais le premier sens de cette fête de l’Epiphanie est ailleurs, rappelle M. le ministre: le 6 janvier, c’est la fête de la naissance de Jésus pour les Eglises d’Orient (les orthodoxes); mais les Eglises d’Occident célèbrent ce 6 janvier un autre événement: le baptême de Jésus par Jean Baptiste.

M. le pasteur rouvre une dernière fois sa vieille Bible, et il relit les versets que nous a partagés tout-à-l’heure la lectrice; ils nous permettent de comprendre en quoi ce baptême de Jésus est une épiphanie, une révélation: “Dès que Jésus est baptisé, il sort de l’eau. Au même moment, le ciel s’ouvre. Jésus voit l’Esprit de Dieu qui descend sur lui comme une colombe. Une voix vient du ciel qui dit: “Celui-ci est mon fils, très aimé. C’est lui que j’ai choisi avec joie”.

- Vous voyez, conclut le pasteur, la révélation n’est pas du tout là où on croyait: à cause de ce baptême de Jésus, on peut presque dire que l’épiphanie, c’est notre manifestation glorieuse à nous, les humains, puisque le Christ nous offre, gratuitement, ce à quoi lui seul avait droit!

                                    *                                    *
Depuis un bon moment déjà, le cadet n’écoute plus que d’une demi-oreille (paroles d’adultes!) - mais ces derniers mots le ramènent tout-à-coup dans la discussion:

- Mais alors, demande-t-il, le cadeau de Jésus, qu’il nous donne, c’est le gâteau des rois et la couronne?

- Eh bien, sourit M. le ministre, presque! En tout cas, c’est lui qui te permet, aujourd’hui, d’être le roi, dans son coeur! ... Mais tu auras besoin de beaucoup d’années encore pour comprendre la valeur de ce cadeau. Un jour, peut-être, tu seras comme les mages. Tu donneras, mais c’est toi qui diras “Merci!”
Amen

                                                   Jean-Jacques Corbaz 

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