Pour vous y retrouver

Bonjour! Bienvenue sur ces pages, que j'ai plaisir à ouvrir pour vous!
Vous trouverez sur ce blog différentes sortes de contributions:
- annonce (An),
- billet (Bi),
- citation (Ci),
- confession de foi (CF),
- conte (Co),
- formation d'adultes (FA),
- humour (Hu),
- image (Im),
- liturgie (Li),
- poésie (Po),
- prédication (Pr),
- réflexion (Ré),
- sciences bibliques (SB),
- vulgarisation (Vu).
Bonne balade entre les mots!

Ces œuvres sont mises à disposition selon les termes de la Licence Creative Commons Attribution - Partage dans les Mêmes Conditions 3.0 non transposé.

Ce blog fait partie d'un réseau de sites réformés "réseau-protestant.ch" qui vise à coordonner et rendre visibles et lisibles les publications web de la galaxie du protestantisme de Suisse romande. Voir sur ce blog la page https://textesdejjcorbaz.blogspot.com/p/blog-page.html>.

dimanche 19 mai 2024

(Pr) La fête du vent ! («en ligne directe»)

Prédication du 19 mai 2024 


Lectures bibliques: Actes 2, 1-8;  Jean 14, 16-27;  Joël 3, 1-5 


C’est comme une fois y avait un gamin qui maraudait les cerises du paysan voisin. Tout-à-coup, le propriétaire de l’arbre l’aperçoit. Fâché, il lui crie: «Sale gosse! Je vais le dire à ton père!». Alors le môme lève la tête vers le haut du cerisier: «Papa, y a un monsieur qui veut te parler»!

Rien ne vaut le contact direct! Avec Dieu aussi, bien sûr! Il nous invite à lever la tête vers lui, pour entrer en dialogue confiant et heureux. Tel le message de notre fête de Pentecôte, et le rôle de l’Esprit Saint: nous relier à notre Père du Ciel, toujours mieux, et nous relier les uns aux autres.

 Au temps de Jésus déjà, la fête de Pentecôte existait depuis longtemps. Elle avait lieu le cinquantième jour après la Pâque. D’ailleurs le nom «Pentecôte», en grec, veut dire «cinquantième». Vous le savez, la Pâque dans le judaïsme était la célébration de la sortie d’Égypte. La Pentecôte juive était alors une fête des moissons; ou au sens large une fête des récoltes, comme nous avons chez nous des bénichons ou des fêtes des vendanges. C’était une occasion de grandes réjouissances, vous l’imaginez bien.

C’est dans le cadre de cette célébration que Dieu a donné le Saint-Esprit aux apôtres, selon le livre des Actes.

Pendant longtemps, lorsque j’étais catéchumène, j’ai cru que le Saint-Esprit était inconnu de l’humanité avant la Pentecôte racontée par Luc. Mais non! Déjà dans l’Ancien Testament (AT), des croyants l’ont reçu. Et dans l’évangile selon Jean, c’est le jour même de sa résurrection que Jésus le transmet à ses disciples. Donc à Pâques! Alors, qu’est-ce que le livre des Actes veut nous dire, avec ce récit de la Pentecôte?

Première précision: les Actes des Apôtres ont été rédigés à l’intention de chrétiens grecs, qui donc ne sont pas juifs d’origine. Ainsi, l’auteur ne se soucie pas tellement de la cohérence avec l’AT, que ses lecteurs ne connaissent que très peu.

Luc veut plutôt faire ressortir une chose, qui est fondamentale dans sa théologie: c’est que Dieu a donné une force supplémentaire aux chrétiennes et aux chrétiens, au cours d’une fête solennelle et joyeuse. Cette force va leur permettre de ne pas être des croyants individuels seulement, mais de devenir une Église, une communauté de gens mis en marche par Jésus ressuscité. Et cela malgré leur diversité énorme.

Le Saint-Esprit, le jour où il est versé sur les apôtres, fonde l’Église universelle, soit le cercle qui unit toutes les personnes qui se reconnaissent aimées, sauvées et libérées en Christ. Le livre des Actes nous dit que, le jour même de la Pentecôte, 3000 adhérents se sont fait baptiser et sont entrés dans la communauté des disciples de Jésus. C’est vraiment l’Église (avec majuscule) qui commence.

Deuxième précision: selon Luc, la première manifestation du Saint-Esprit, c’est    «un bruit, comme si un vent violent se mettait à souffler». Nous avons sans doute mieux retenu dans nos mémoires la seconde image donnée par le livre des Actes, c’est-à-dire les langues de feu. Mais pourquoi ce vent, ce souffle puissant?

 La réponse nous est fournie par l’étymologie, soit la science de l’origine des mots. «Esprit» vient du latin «spiritus», qui signifie «souffle» ou «vent», justement. Et il en va de même pour le grec et pour l’hébreu. Le mot «πνεῦμα» (pneuma), en grec, désigne aussi bien l’esprit que le vent ou la respiration. Et les pneumatiques sont logiquement ces pièces remplies d’air (de souffle!): les pneus!

L’Esprit - le vent. Dans l’évangile de Jean, Jésus donne le Saint-Esprit à ses disciples en soufflant sur eux, justement.

La mystérieuse force que Dieu offre à Pentecôte, c’est donc quelque chose d’invisible et de presque insaisissable, comme un courant d’air! Quelque chose qu’on ne peut ni thésauriser ni fabriquer industriellement ni monopoliser. Quelque chose de concret pourtant, et surtout, surtout, quelque chose d’indispensable à la vie. Le souffle est encore plus vital que la nourriture et l’eau: sans liquide, je peux tenir deux ou trois jours; sans air, quelques minutes, et c’est tout!

La respiration est synonyme de vie. Depuis notre premier souffle jusqu’à notre dernier soupir, l’air entre et sort sans repos de notre corps. À l’heure de notre mort, encore, nous expirons!

Le «spiritus», le «πνεῦμα» (pneuma), soit l’Esprit-souffle, c’est ainsi le mouvement que Dieu a placé en nous. Et qui nous fait vivre.

Donc vous voyez, parler de l’Esprit de Dieu, c’est désigner aussi sa force créatrice. C’est dire que Dieu est vivant, et qu’il donne la vie. Et cela de manière invisible, comme nous le disions à propos du souffle, de manière insaisissable et dont on ne peut pas disposer à souhait. Qu’on ne peut pas enfermer.

Et c’est tout logiquement ainsi que nous débouchons sur notre troisième précision: le don du Saint-Esprit c’est la suite, le prolongement de la résurrection du Christ. D’ailleurs, vous le savez, la fête de Pentecôte aujourd’hui se déplace encore dans notre calendrier en fonction de Pâques, puisqu’elle a toujours lieu 50 jours après.

Et l’évangile de Jean fait ressortir encore davantage ce lien (entre la résurrection et Pentecôte), puisque Jésus donne son souffle aux disciples le jour même de la première Pâque chrétienne. Le Christ, rendu vivant par l’Esprit du Père, nous envoie le même Esprit, qui l’a fait sortir lui du tombeau et de la mort! Le vent de la vie!

Au fond, vous le voyez, Pentecôte est la fête de notre propre résurrection! Elle est  le don de la vie éternelle, pour toutes les croyantes et croyants! La force dynamique, le mouvement de la vie avant comme après la mort!


Voilà le sens de notre fête de ce dimanche, telle que Luc et Jean nous la dessinent. Mais il nous reste une dernière précision, que le quatrième évangile tient pour essentielle: si le souffle de Dieu nous relie au Père, et nous relie les uns aux autres, dans l’Église, cela implique des relations à cultiver au moyen d’un outil bien précis.

Cet outil, c’est l’amour. Les lecteurs de Jean, qui sont une communauté souffrante et fragile, ont besoin qu’on le leur dise: c’est l’amour que nous avons pour le Christ qui nous rapproche de lui, et c’est par cet amour pour Jésus que passe le Saint-Esprit. Vous avez sans doute remarqué le nombre de fois où revient le verbe «aimer» dans le passage du quatrième évangile que nous avons entendu, où Jésus promet son Esprit Saint.

En simplifiant un peu, on pourrait résumer ces versets comme ceci: «Celui qui m’aime, dit Jésus, recevra le «πνεῦμα» (pneuma), le souffle de l’Esprit, qui met en mouvement pour la vie. Et celui qui ne m’aime pas ne l’obtiendra pas».

Permettez-moi encore une remarque, sur ces derniers mots. Bien sûr, le Saint-Esprit ne nous est pas donné ou refusé comme une récompense ou une punition selon notre amour pour le Christ. Je dirais plutôt que ce sont les sentiments que nous avons pour lui qui nous permettent, ou ne nous permettent pas, de recevoir son cadeau. Assez exactement comme ton affection: celui ou celle qui ne t’aime pas ne pourra pas bénéficier de ta tendresse, même si tu la lui donnes sans réserve. Elle ne lui parlera pas, elle ne lui fera rien. Peut-être même qu’elle lui sera pénible! Tandis qu’une personne qui t’aime sera tout heureuse de recevoir exactement les mêmes attentions!

 

 

Aujourd’hui, croyant.e.s de Bavois et Chavornay, nous pouvons nous reconnaître autant dans l’Église de Luc que dans celle de Jean. Tantôt nous sommes la communauté dynamique de Luc, missionnaire, tournée vers les autres, et qui a besoin du Saint-Esprit pour s’unir malgré les différences. Et parfois nous sommes l’Église de Jean, fragile, menacée, secouée, qui a besoin de remonter aux sources de l’amour du Christ pour trouver solidité et paix.

Mais toujours nous sommes ces êtres qui respirent pour vivre, et sur qui Jésus veut faire souffler le vent large de sa résurrection!

Puisse donc cette fête de Pentecôte renouveler en nous, chrétiennes et chrétiens, en nous Église, la force, la confiance, l’espoir de Dieu. Qu’elle nous aide à mieux humer, à mieux aspirer le souffle puissant de la vie éternelle. Et cela, en ligne directe, et sans intermédiaire!
Amen



Jean-Jacques Corbaz 

 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire