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lundi 4 décembre 2023

(Pr) Un cadeau: l'espérance ravivée

Lectures bibliques: 1 Samuel 1, 1-20 + 26-28;  Matthieu 11, 28-30

Le petit Toto pleure à chaudes larmes. Une dame secourable lui demande pourquoi. «Eh ben, j’ai perdu mes lunettes, et je ne peux pas les chercher... avant de les avoir retrouvées!»


Eh bien, il en va de même pour l’espoir, et la confiance, et la foi. Difficile de les chercher quand on ne les a pas. Alors, si vous vous sentez au fond du trou; si vous désespérez; si vous trouvez la vie injuste ou insupportable, alors cette histoire est pour vous (et sinon, je vous fais confiance: vous en prendrez bien quelque chose!!).

 

Il y a bien longtemps vivait, dans un pays d’Orient, un peuple. Ce peuple avait connu des années glorieuses, mais c’est bien fini: tout à coup la guerre, la défaite; on leur prend leurs richesses, on emmène leurs élites en exil. Rien ne va plus.

Ce peuple, c’est Israël, au 6è siècle avant notre ère; plus précisément Juda, et Jérusalem, conquis par Babylone. Cette conquête est une catastrophe pour ce peuple qui se considérait comme protégé par Dieu. Plus personne n’a le moral. Il semble que Dieu les ait abandonnés.

C’est dans ces temps sombres qu’a été rédigée l’histoire de Samuel, dont nous venons d’entendre le début. Samuel, qui avait vécu quelque 500 ans plus tôt. Samuel, qui est l’une des grandes figures de l’histoire d’Israël, un moment lumineux dans le gris des temps anciens. Samuel, qui a toujours été fidèle à Dieu, contrairement aux dirigeants, aux rois plus récents.


La naissance même de Samuel est riche de beaucoup d’enseignements et de promesses. Au 6è siècle on se souvient, tout à coup, comment cet homme extraordinaire a été conçu. Car Samuel est le résultat de la rencontre de trois personnes, sur lesquelles je vous propose de nous arrêter un peu ce matin. Il s’agit d’Anne, sa mère; de son père, Elqana; et de Dieu.

Anne, c’est elle qui est au fond du trou. Elle est stérile, donc en ce temps-là considérée comme maudite, et punie par Dieu. Savez-vous qu’à l’époque, un mari avait le droit de répudier son épouse en cas de stérilité. On considérait que la seule valeur pour une femme, c’était la maternité. Ben bravo! Heureusement que ça a bien changé!

Comble de malheur pour Anne, il y a Peninna, sa coépouse (soit l’autre femme d’Elqana, qui est donc polygame). Peninna qui en rajoute joyeusement. Elle se moque d’Anne et l’humilie, ce qui est hélas très courant en ce temps-là.



Accablée par sa malchance et par cette espèce de mobbing, Anne présente les symptômes de la dépression: elle pleure à longueur de journée, elle ne mange plus, ne peut plus rien dire ni rien faire…

 

Elqana, lui, réagit comme beaucoup d’entre nous (et je me projette volontiers dans ce rôle!): il souffre de voir celle qu’il aime dans cet état, mais il est impuissant à l’aider. C’est un homme plein de bonne volonté, mais un peu maladroit. Il n’a que son affection à offrir à Anne. Il lui donne un morceau de viande deux fois plus gros, et lui demande si son amour ne vaut pas mieux que 10 enfants (entre parenthèses, rappelons qu’il est très rare, à l’époque, qu’un mari aime sa femme)…

C’est pourtant cet époux gaffeur qui permettra le salut. Mais sans qu’il le veuille! Ses tentatives de consolation font l’effet inverse, et Anne ne supporte plus. Elle se lève et s’en va, c’est la goutte qui fait déborder le vase.

Cette réaction va l’amener auprès du 3ème personnage de notre histoire, Dieu. Lui, il est là, fidèle, même si on l’oublie. Il est tout proche, mais discret. Il n’intervient pas si on ne lui demande rien.

Anne va donc déverser sa peine devant lui. En hébreu, le verbe utilisé ici a un sens très fort, celui de s’épancher, de se répandre. Son cœur déborde de chagrin et d’humiliation, comme un fleuve en crue. 

Alors, le miracle se produit. Anne va se transformer complètement. Elle pourra se relever, son visage a changé, elle peut de nouveau se nourrir.

Que s’est-il passé? Eh bien, trois fois rien: Héli, le prêtre, lui donne l’assurance que Dieu l’entend, que sa prière a touché le cœur du Seigneur; qu’il est un Dieu qui se souvient de nous; qui nous aime, qui nous connaît.

Mais, vous avez remarqué? Même Héli commence par une longue méprise. Littéralement: il méprise Anne, croyant qu’elle a trop bu. Comme pour bien marquer que Dieu seul voit clair en nous. Et que les humains, face à la dépression, sont toujours d’une maladresse ahurissante.


Mais Héli, quand il finit par comprendre Anne, se fait l’interprète de Dieu: il lui annonce que le Seigneur lui fera grâce. Dieu se souvient d’elle.

Dès lors, Anne peut guérir, et l’enfant va naître. Et cette femme qui n’avait rien, et cette femme qui n’était rien devient celle par qui sera offerte à Israël la lumière d’un espoir immense!

Ce fils qu’elle a reçu, elle le donne. Avant même qu’il ne soit conçu, avant même qu’Héli ne lui annonce que sa prière sera exaucée. Elle donne ce fils, et c’est lui qui sortira Israël de l’obscurité en choisissant comme roi David. L’étoile dans la nuit.

Vous êtes au fond du trou; vous désespérez, trouvez la vie injuste ou insupportable; vous tournez en rond dans l’obscurité de temps cruels. À vous, gens d’Israël sous l’Exil; à vous, persécutés sous Auguste et Ponce Pilate; comme à vous, gens du 21è siècle ici ou plus loin, à vous Dieu redit sa promesse: il est là, il se souvient de vous; il connaît votre peine, prêt à la porter avec vous, pour vous permettre d’aller mieux.

Vous dites «on est bien peu de chose»; comme Anne, stérile, vexée, humiliée. Oui, on est bien peu de chose, mais ce peu, ce trois fois rien, parce qu’il est vécu devant Dieu, parce qu’il est ouvert à ses promesses, ce trois fois rien peut devenir l’étincelle qui allume des feux de joie.

Parce qu’il est ouvert à un Dieu qui se souvient, mais aussi parce qu’il est accompagné de cette volonté de don. Anne ne veut pas cet enfant pour elle seulement, mais pour Israël et pour le monde.

Quand nous nous trouvons face à la détérioration des choses; dans la peur de ne plus rien avoir, notre réaction est souvent la défense, le repli. Chez Anne, c’est le contraire, c’est le don. Bien sûr, son attitude nous paraît un peu surhumaine. Les personnages de la Bible sont parfois idéalisés!

Il m’est arrivé plusieurs fois, en préparant un baptême, que les parents me disent qu’ils ont aimé ce passage biblique. Ils y ont lu un écho de leur immense reconnaissance d’avoir reçu ce petit être, après des mois ou des années d’insuccès. Ils me disent: “Avoir cet enfant, pour nous, c’est un miracle! C’est un cadeau du Ciel!”.

J’aime cette attitude positive, qui rejoint celle de notre histoire. Et je souhaite que chacun(e), présent ce matin, puisse s’en inspirer pour apprécier les bienfaits de la vie, quels qu’ils soient.

Dieu se souvient. Remarquez ceci encore: Anne aurait pu seulement pleurer. Mais elle va prier. Elle pleure devant Dieu et non pas sur elle-même. Parce qu’elle ose exprimer ses sentiments, et sans craindre le ridicule face à Héli; parce qu’elle se confie à Dieu (dans la dimension de la confiance comme dans celle de la confidence), alors elle recevra la réponse qui change tout: Dieu se souvient de toi. Et elle s’en sortira. Amen


Jean-Jacques Corbaz 


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