L’homme: «Notre Père qui es aux cieux, que t…»
Dieu: Oui, je suis là!
(bref silence)
L’homme: Hein? Qui est là?
Dieu: C’est moi, Dieu. Tu me parlais, n’est-ce pas?
L’homme: C’est-à-dire… non… enfin, oui… je priais…
Dieu: Eh bien! Tu me parles, et je réponds. Ça t’étonne?
L’homme: Oui, un peu… Tu comprends, c’est la première fois…
Dieu: C’est vrai, c’est surprenant. Mais il faut s’attendre à tout, avec moi.
L’homme: Pourquoi est-ce à moi que tu parles? Je ne suis personne de spécial…
Dieu: Justement! Ceux qui sont quelqu’un de spécial, ils ont tellement de peine à m’écouter…
L’homme: Mais qu’est-ce que tu veux me dire?
Dieu: Tellement de choses… et rien à la fois. Qu’est-ce que tu sais de moi?
L’homme: Ce qu’on m’a dit au catéchisme. Ce que je lis dans la Bible. Dans des bouquins… Dans la Bible, c’est toi qui parles, n’est-ce pas?
Dieu: Tu sais, les hommes me font dire tellement de choses… J’aime mieux le silence.
L’homme: Le silence?
Dieu: Oui, là j’ai ma place. Je suis beaucoup plus moi-même dans le silence que dans les discours.
L’homme: Mais le culte, le dimanche à l’église: tu n’y es pas?
Dieu: Bien sûr, j’y suis. Mais souvent, je m’y ennuie. J’y suis un peu par obligation.
L’homme: Mais, je voulais dire: dans les prédications? Ce n’est pas la vérité?
Dieu: La vérité… C’est toujours un peu la vérité, mais jamais tout à fait la vérité. Tu vois, je suis parfois découragé…
L’homme: Même toi?!? On aura tout vu!
Dieu: Tu peux tout voir, avec moi.
L’homme: C’est vrai, j’avais déjà oublié.
Dieu: Tu te souviens de Jésus? On a beau dire que tout était prévu. Quand ils l’ont tué, ça m’a fait mal…
L’homme: Mais ne sois pas découragé! Qu’est-ce que nous pouvons être, nous, alors? La mort de Jésus, ça a quand même servi.
Dieu: À quoi?
L’homme: Euh… mais… l’Eglise. Ça a fondé l’Eglise. Et puis le salut, la communion, la confession de foi…
Dieu: Des mots, tout ça. Enfin, trop souvent des mots. Est-ce que ça a changé les coeurs humains?
L’homme: Euh… Oui… Enfin, je ne sais pas… Il y a toujours autant de guerres, de gens qui se détestent; ou qui s’ignorent. Tu sais, c’est terrible, quand on nous ignore…
Dieu: Je sais, je sais.
L’homme: C’est vrai, excuse-moi. Mais tu ne peux pas changer ça?
Dieu: Changer quoi?
L’homme: Les gens qui t’ignorent. Les guerres. Tout ça…
Dieu: Ça dépend de vous, ça. Pas de moi.
L’homme: Comment?
Dieu: Oui, je ne peux pas vous imposer l’amour, la paix. Sinon, où serait votre liberté?
L’homme: C’est juste, je n’y avais pas pensé. Tu veux notre liberté.
Dieu: Et même plus: j’en ai besoin. Mais ce n’est pas facile.
L’homme: Qu’est-ce qu’on peut faire?
Dieu: Tu ne vois pas ce que vous pouvez faire? Sans vous, moi, je ne peux rien…
L’homme: Si, je vois… un peu. Mais c’est dérisoire, par rapport à tout ce qui ne va pas.
Dieu: Si chacun y met du sien, ces dérisoires deviendront un immense pouvoir. Tu peux y mettre du tien, et aider les autres à faire de même.
L’homme: Oui, je vais essayer. Tu m’aideras?
Dieu: On sera déjà deux. C’est le commencement du million!
L’homme: Tu sais, je suis fatigué…
Dieu: Déjà? Enfin, c’est compréhensible. Je te quitte.
L’homme: Comment faut-il dire? Adieu? Ou amen?
Dieu: Plutôt: au revoir!
JJ Corbaz, 7.9.1977
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