- Vous êtes libre!
Alfred regardait, sans comprendre. On enlevait des chaînes de ses pieds. On le regardait comme un homme (comment déjà?). On ouvrait une porte lourde, faite pour ne jamais s’ouvrir.
- Libre?
Il se serait mordu la langue d’avoir laissé la question sortir. Bien sûr, libre. Mais pour quoi? Pour faire quoi?
- Eh bien! Allez-y! Vous êtes libre, donc!
Alfred comprenait sans comprendre. Libre? Mais alors… comment… tout est possible! Tout est possible?
Cette liberté fraîche éclose l’immobilisait. L’oiseau élevé en cage qu’on pousse dehors. L’erreur qui devient vérité.
- Alors… Est-ce que je suis libre de rester prisonnier?
L’interlocuteur invisible fit la grimace. Quoi? Un rétif? Mais il devrait… Tout le monde le fait…
- Mais vous êtes libre, vous entendez? Libre!
À cet agacement ne répondit que le silence. Alfred regardait partout, comme traqué.
- Mais, Monsieur le pasteur, je ne sais pas! Je n’ai jamais appris! Je ne peux pas! Dites-moi au moins comment faire! C’était si simple, avant. Votre liberté m’encombre, reprenez-la, je vous en prie!
«Autrefois esclaves du mal, vous avez été libérés pour la justice.» Romains 6
Jean-Jacques Corbaz, juin 1978
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