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vendredi 23 février 2024

(Bi, Co, Po) Atonie

Tout était fatigué, mort, à en crever. Le soleil avait envie de pleuvoir et le tonnerre de murmurer une chanson d’amour. La neige rêvait du Sahara, eldorado que lui contaient les oiseaux de son enfance. Les nuages s’agenouillaient, comme pour étreindre la terre. Le temps était fatigué de marcher toujours du même pas, il voulait courir, courir et puis s’arrêter. Le sol, las, aspirait à s’incurver dans l’autre sens et à mourir en paix.

Il regardait, pas même étonné. Le ciel rêvait de se faire tout petit pour ne pas déranger. Le nord était déboussolé. Fatigué de tuer, le canon voulait rendre l’âme.

Il regardait, sans parler.

Le rêve aurait tant voulu qu’un ver de terre domine le monde. Le monde s’offrait à qui voudrait le fouler aux pieds. Mais les pieds étaient las de fouler.

Il regardait sans oser s’étonner. Il n’osait plus oser.

L’audace avait envie d’émigrer là où personne ne la connaîtrait. Les cailloux pensait défi, et les hommes pensaient caillou.

Les hiboux, les joujoux et les poux en avaient ras le truc de la grammaire, qui elle-même rêvait d’école buissonnière. Les buissons auraient voulu aller à l’école, mais les colles n’adhéraient plus.

Il regardait, tant qu’il pouvait. Il regardait jusqu’à en être fatigué.

La musique gonflait ses soupirs, et les mollusques traînaient les pieds. Il se demandait si Dieu lui-même était si las.

Le Pape aurait voulu faillir, mais Hans Küng s’y opposait. Les miracles refusaient de faire la cour.

Il ne regardait même plus, mais il entendait l’univers entier soupirer, et murmurer: dormir… dormir…

Et là-haut, tout là-haut, tellement là-haut, presque nulle part, le Grand Rien triomphait: Dieu était mort. Mort! Entendez-vous? Mort! Mais personne ne l’entendait, ni ne le voyait: le monde entier dormait.

Le Grand Rien, soudain, se sentit très fatigué…


Jean-Jacques Corbaz, Ndoungué, 20 avril 1975   


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