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vendredi 23 février 2024

(Po) Etat bourreau

J’ai serré la main à des cadavres
J’ai aimé des condamnés à mort, embrassé des crucifiés
Je les ai aimés
C’était notre espoir qu’ils défendaient.

Je les ai vus dresser leur potence
Aiguiser leur guillotine
Nourrir les vers qui les rongeraient
Et ils le savaient.

J’ai vu mon ami libre et fort s’enfoncer dans la nuit
Les larmes aux yeux
La mort dans l’âme
Et dans le corps
Comme un oiseau s’envoler, et je ne peux le suivre
Se perdre dans le ciel
Sans un mot
Mais ton coeur criait!

J’entends encore ta toux rauque, dans la prison là-bas
Ta seule plainte
J’entends encore le bruit des chaînes mouvantes comme la mer
Le cliquetis des seringues
La douleur qui rugit en silence.

À Dieu, sans espoir
Sans autre espoir sinon que ton sang demande justice
Que ton esprit dispersé trouve sa paix dans l’éternel combat.

Que faire, sinon crier
Que crier, sinon faire
Faire la guerre à la haine
Haïr la guerre, mais pas ceux qui la font
Faire la guerre à la guerre
- À la guerre comme à la guerre.

Et derrière toi ils sont des tas
Qui attendent leur tour
Que leur dire, sinon ta foi
Et ton amour.

J’ai serré la main à des cadavres
J’ai aimé des condamnés à mort, embrassé des crucifiés.
Je les ai aimés
C’est pour notre espoir qu’ils sont partis.
Le dégoût de ce temps-là infecte encore ma gorge
Mais ils sont morts pour la justice.

Et je me reprends à espérer.


Jean-Jacques Corbaz, Yaoundé, le 7 février 1975    


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