Croyez en Dieu, n’y croyez pas, je ne mourrai pas pour ça. À la limite, je dirais que là n’est pas l’important. Car Dieu n’est pas un être, encore moins un objet: c’est un facteur, comme la résurrection. Il ne se prouve pas dans le passé, dans la nature, mais dans le futur, dans le mouvement dynamique qu’il crée et recrée sans cesse, dans les actes de justice et d’amour qu’il suscite en nous.
On peut le reconnaître dans la nature et dans l’histoire, mais ce ne sont que des points figés une fois pour toutes, un peu comme des photographies: ils sont loin de nous montrer toute la profondeur et le dynamisme de Dieu.
Le vrai Dieu, le Dieu vivant, est toujours celui qui vient et celui qui viendra, provocation et surprise, remise en question et attente, révolution et espérance. Ce sont les actes que nous posons, et plus encore ceux que nous poserons (et moins: ceux que nous avons posés) qui vérifient Dieu, qui font qu’il devient réel, qu’il prend forme petit à petit.
Ainsi, Dieu ne sera «terminé», comme la création, qu’au Royaume de la fin des temps. En d’autres termes, Dieu c’est le Royaume, il est devant nous. Il nous tire en avant, provoque notre propre dynamisme sans cesse en marche. Dieu est l’avenir de l’homme!
C’est en ce sens que les incroyants peuvent être plus «chrétiens» que certains fidèles de nos Eglises, plus près de la vérité concernant Dieu: ceux qui, même sans le savoir (mais souvent en s’en doutant un peu!) suivent le chemin d’amour et de justice que trace l’évangile.
Jean-Jacques Corbaz, Yaoundé, le 19 février 1975
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire